Métaux pour VE : l’UE réunie pour réduire sa dépendance
par Elisabeth Studer

Métaux pour VE : l’UE réunie pour réduire sa dépendance

Les ministres de l'Industrie des différents pays membres de l’Union européenne sont réunis cette semaine à Lens (Pas-de-Calais). Parmi leurs sujets de discussions figurent notamment la question on ne peut plus stratégique des modes d'approvisionnement futurs de l'Europe en métaux "critiques" nécessaires pour assurer la transition énergétique. Objectifs : réduire leur immense dépendance et leur retard vis-à-vis de la Chine, laquelle investit dans ces secteurs depuis une vingtaine d'années.

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Un rapport pour sécuriser l'approvisionnement de l'industrie

Réunis dans un ancien bassin minier, les ministres de l'Industrie des 27 ont planché mardi sur l'approvisionnement futur de l'Europe en lithium, cobalt, nickel, terres rares, aimants permanents ou autres métaux critiques essentiels à la transition énergétique, et tout particulièrement pour la production de véhicules électriques et de leur batterie.

Un rapport "sécuriser l'approvisionnement de l'industrie en matières premières minérales" leur a présenté en vue d’examiner secteur par secteur, leur utilisation, et les tentatives de substitution en cours pour essayer de diminuer leur consommation.

Moteurs électriques et aimants permanents

Les moteurs électriques ont besoin d'aimants permanents pour convertir l'électricité en force motrice, et donc des alliages de terres rares (dysprosium, neodynium, praséodyme) ajoutés à des alliages de fer et à du bore.

L'Europe ne fournit que 1% des métaux bruts nécessaires pour répondre à ce type de besoin, alors que la Chine en procure 65% et 55% des métaux raffinés.

Batteries électriques : besoin majeur en métaux

Les batteries Li-ion destinées au secteur automobile européen sont produites à 66% en Chine (13% aux Etats-Unis, 13% dans les autres pays d'Asie et 8% dans le reste du monde). Elles reposent sur des anodes à base de graphite, des cathodes à base d'alliage de nickel, cobalt et manganèse ou aluminium, ainsi que de lithium.

Pour améliorer les performances (les échanges d'électrons), d'autres métaux sont intégrés en infime quantité comme le titane, le silicium ou le niobium.

L'énergie qu'une batterie est capable de stocker est directement conditionnée par la quantité de lithium que le matériau contenu dans l'électrode positive (cathode) est capable de contenir et d'échanger.

Les batteries devraient garder leur composition actuelle en nickel, cobalt, manganèse et lithium au moins jusqu'en 2030-35, compte-tenu notamment des gigantesques investissements nécessaires pour construire des usines. Les prochaines générations devraient toutefois voir réduire leur teneur en cobalt au profit du nickel.

L'Union européenne qui commence tout juste à lancer ses premières giga-usines de batteries produit seulement 1% des métaux bruts dont elle a besoin, 8% des matériaux raffinés et 9% de ses électrodes.

L’Europe doit quasiment tout importer

Ces métaux s’avèrent donc critiques pour permettre à l'industrie automobile de supprimer d'ici à 2035 les moteurs à combustion, et donc les émissions polluantes.

Or, l'Union européenne n'en produit quasiment pas et doit presque tout importer. "Seuls 2% des métaux dont nous avons besoin pour la transition énergétique sont disponibles sur le continent européen", a dit la ministre française déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, hôte de la réunion.

Comme "nous avons une vraie dépendance aux matières fossiles pour les voitures actuellement (...) on ne voudrait pas passer d'une dépendance à une autre", souligne-t-on dans son entourage.

L'Europe vise 25% de la production mondiale de batteries d’ici 2030 mais avec quels matériaux ?

D'ici à 2030, l'Europe vise 25% de la production mondiale de batteries (contre 3% en 2020). L'explosion des besoins sera particulièrement sensible pour le cobalt et le graphite.

Leur consommation devrait plus que doubler en Europe, à respectivement 83.000 et 610.000 tonnes par an, et celle du lithium devrait décupler à 61.000 tonnes.

La Chine domine totalement le marché

Dans ces trois filières - cobalt, graphite et lithium - la Chine domine totalement le marché. L’Empire du Milieu est le premier producteur et souvent premier consommateur de ces matériaux. Pour satisfaire ses propres besoins - et couper l’herbe sous le pied de ses concurrents ? – la Chine a anticipé le tournant vers l’électrique depuis 20 ans en mettant la main sur de nombreux sites d'extraction minière et en multipliant les usines de raffinage, et désormais de batteries.

Différentes solutions envisagées

Parmi les solutions, figurent notamment la constitution de "plateformes" d'importation auxquelles seraient liées des usines de raffinage européennes.

En parallèle, l'Europe mise fortement sur le recyclage des batteries usagées et l'économie circulaire pour se créer ses propres gisements de métaux et terres rares nécessaires au développement de la filière.

Même si le recyclage ne pourra réellement débuter qu'à la fin de la première génération de batteries, certains industriels estiment que cela doit être anticipé dès maintenant.

L'extraction minière : une solution non négligeable

L'extraction minière occupe également une bonne place dans les discussions.

En ce qui concerne le lithium, quatre projets de mines existent sur le continent européen : Cinovec en République tchèque, porté par European Metals, Keliber en Finlande par Keliber Oy, Wolfsberg en Autriche par European Lithium, et enfin un projet en Allemagne, Zinnval, porté par Deutsche Lithium, indique la Commission. Ces quatre projets pourraient couvrir à terme 80% des besoins européens pour les batteries.

"Quand bien même nous lancerions des travaux" pour encourager l'extraction minière en Europe, "ça ne suffirait pas et de très loin à couvrir nos besoins, les enjeux se situent en premier lieu sur les approvisionnements en dehors de l'UE et sur nos capacités de recyclage et de réutilisation des métaux qui entrent sur le territoire européen", a toutefois souligné Mme Pannier-Runacher mardi matin.

"Notre objectif est de faire un diagnostic commun de manière chiffrée pour les métaux critiques destinés aux batteries électriques et les aimants permanents pour les éoliennes marines. Et sur cette base-là, de construire une feuille de route pour le conseil compétitivité formel à Bruxelles", a-t-elle ajouté.

Notre avis, par leblogauto.com

Il y a urgence, si l’Union européenne ne donne pas un grand coup de collier, on pourrait n’aboutir au final qu’à un « transfert de dépendance ». Mais si les ressources pétrolières se trouvent aux quatre coins de la planète ou presque, favorisant l’émergence d’une géopolitique énergétique et d’une certaine concurrence entre les pays producteurs, la Chine pourrait quant à elle se trouver en situation de quasi-monopole.

Sources : AFP

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Pour résumer

Les ministres de l'Industrie des différents pays membres de l’Union européenne sont réunis cette semaine à Lens (Pas-de-Calais). Parmi leurs sujets de discussions figurent notamment la question on ne peut plus stratégique des modes d'approvisionnement futurs de l'Europe en métaux "critiques" nécessaires pour assurer la transition énergétique. Objectifs : réduire leur immense dépendance et leur retard vis-à-vis de la Chine, laquelle investit dans ces secteurs depuis une vingtaine d'années.

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