Actuellement, le gouvernement fait une "ristourne" de 15 centimes d'euros hors taxe (18 c€ TTC) sur le prix à la pompe. Malgré cela, les prix redépassent les 2 € le litre. Pour pérenniser une aide, hors de question de faire une ristourne toute l'année, à tout le monde. Cette mesure prise dans l'urgence coûterait 8 à 9 milliards d'euros par an. Et, elle prête le flanc à plusieurs critiques. La première étant que cette aide touche indistinctement les riches comme les pauvres, ceux qui ont besoin de rouler pour aller travailler comme ceux qui roulent "loisirs".
Ainsi, Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, a annoncé sur France Inter que le Gouvernement regarde à mettre en place une indemnisation plus généreuse mais aussi plus ciblée. La première idée avancée avait été de donner un coup de pouce "aux gros rouleurs" faisant plus de 12 000 km par an. Une barre jugée très haute.
Le Ministre et le Gouvernement l'ont visiblement entendu "il y a plein de gens qui ne font pas 12.000 km par an, qui prennent leur voiture pour aller travailler et qui n’arrivent plus à boucler les fins de mois". 12 000 km par an, c'est plus de 50 km par jour. Mais, de nombreuses personnes font entre 20 et 40 km quotidiennement et n'ont pas d'autre moyen d'aller au travail. Cette aide pourrait être conditionnée aux revenus pour mieux cibler les travailleurs dits "pauvres". Cela permettrait de limiter le budget de cette aide et de potentiellement la renforcer en montant.
En attendant, la remise de 18 centimes par litre de carburant devrait être prolongée jusqu'à la fin de l'année 2022.
Notre avis, par leblogauto.com
Position difficile que celle du Gouvernement sur cette question des carburants. L'essence comme le gazole sont une "manne" financière importante du budget de l'Etat grâce à la TICPE (taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques) mais aussi la TVA (taxe sur la valeur ajoutée). Avec près de 40 milliards d'euros par an, la TICPE (qui s'applique à d'autres produits énergétiques que les carburants NDLA) participe aussi au financement des collectivités territoriales pour plus de 12 milliards d'euros (en 2019).
Aides versus rentrées d'argent. Equation délicate. Sans aide, certains travailleurs auront plus à gagner à ne plus se déplacer pour aller au travail. Dans un même temps, aider les carburants fossiles n'est pas un bon signal envoyé pour l'environnement et le dérèglement climatique. Pour autant, difficile d'ignorer les millions de Français qui n'ont pas d'autre choix que de prendre un véhicule pour aller travailler. Symptomatique de cette "fracture" du transport, les clients de Système U (les magasins U) font en moyenne 24 km pour les courses hors des villes.
Selon l'INSEE, en 2017, plus de 16 millions d'actifs (sur 24,6 millions au total) étaient concernés par des déplacements de plus de 5 km dont 80% se faisaient en voiture. En fonction de son lieu d'habitation, les travailleurs vont avoir à disposition plusieurs modes de déplacement (transport en commun, vélo, etc.) ou quasi-uniquement le véhicule individuel. D'autres actifs n'ont d'autres choix que de prendre la voiture de par leur métier qui demande des déplacements fréquents (infirmière ou infirmier, aide à domicile, médecin de campagne, etc.). Et quid des commerçants ambulants qui sont souvent le dernier lien de "civilisation" pour de nombreuses campagnes ?
Bref, il sera impossible de contenter tout le monde sauf à réaliser des économies de dizaines de milliards d'euros ailleurs, ou trouver de nouvelles entrées d'argent.