Malgré un accueil plutôt mitigé à sa sortie, L'or se barre reste un film intéressant. En l'occurrence, dans celui-ci, il est question d'un vol retentissant en Italie. De la recette des usines FIAT pour être plus précis. Le souci c'est que Roger Beckermann, l'anglais à la manœuvre, est tué par la Mafia italienne à bord de sa Lamborghini Miura alors que le plan est ficelé et prêt à être mis en œuvre. Heureusement celui qu’il a formé, Charlie Crocker (incarné par Michael Caïne, en lieu et place de Robert Redford comme demandé initialement par la production) va prendre la suite. Celui-ci, à peine sorti de prison, va mettre sur pied une équipe et créer le plus grand embouteillage jamais vu à Turin pour parvenir à ses fins. Un embouteillage rendu possible grâce à la mise hors service de l'ordinateur dernier cri régulant les feux tricolores de la ville.
Fiat offre des 500, mais la production préfère des Mini, même sans soutien de BMC...
Si initialement le plan prévoyait trois anglaises rapides pour évacuer les lieux (respectivement une Aston Martin DB4 et deux Jaguar Type E), les événements laisseront les trois bolides britanniques sur le carreau. Finalement, ce seront trois Austin Mini Cooper 1275S qui se chargeront de convoyer l'or hors de la ville. Au cours d'une course-poursuite mémorable au travers des rues de Turin. Voire en-dehors de celles-ci.
Car l'une des séquences prend place sur le célèbre Lingotto, et plus précisément sur le circuit d'essai de Fiat situé sur le toit de l'usine. Et qu'une autre, censée se situer dans les égouts turinois, fut filmée en réalité à Coventry en Angleterre, et voit le cascadeur Rémy Julienne tenter un 360 degrés dans un tunnel cylindrique. Figure que le célèbre cascadeur français n'arrivera cependant pas à exécuter. Qu'importe, car le film ouvrira à ce dernier les portes des productions cinématographiques internationales.
Les Mini utilisées pour le film ont été équipées d'arceaux de sécurité, et se sont vues débarrassées de leurs banquettes arrières. Il semble que près de 30 Mini ont été utilisées durant le tournage. A ce sujet, sachez que Fiat a poussé pour que la production utilise des 500, chose que celle-ci a refusé souhaitant uniquement des Mini. Et ce, même si BMC n'a consenti qu'une simple remise tarifaire sur l'achat des voitures, sans en fournir aucune gracieusement. Dans les différentes Mini utilisées, se trouvaient bien sûr des Cooper S, mais également des modèles de grande série déguisés en Cooper. Quoiqu'il en soit, il est difficile actuellement de déterminer où se trouvent les modèles ayant survécu au tournage... D'autant plus que trois des Mini ayant joué dans le film ont eu une fin pour le moins funeste (NDLA : attention, spoiler...)...
La Mini Cooper S, reine du rallye Monte Carlo
Force est de constater que l'Austin Mini, créée par Alec Issigonis, est une auto bien née. En version « civilisée », son moteur volontaire et sa maniabilité exemplaire font merveille. Toutefois, certaines voix s'élèvent pour faire valoir son potentiel en compétition. John Cooper fait partie de celles-ci. Et « Paddy » Hopkirk et Timo Makinen se chargeront d'en démontrer en course tout le potentiel. Ainsi naît, en 1962, la Cooper S. Pourtant, les résultats sont d'abord laborieux. Même si le 4 cylindres d'origine cube 997 cm3 et que sa puissance passe de 34 à 55 chevaux, la fiabilité ne suit pas.
En 1962, Rauno Altonen doit renoncer alors qu'il se bat pour la seconde place, même si Pat Moss remporte de son côté la Coupe des Dames. L'année suivante, avec l'appui de BMC, John Cooper retravaille encore la mécanique de la Mini. La cylindrée passe la barre des 1000 cm3 (1071 cm3 pour être précis), tandis que la puissance bondit à 70 chevaux. Au rallye Monte Carlo, la frêle anglaise pourtant malmenée au classement par les puissantes américaines, allemandes et suédoises, franchit la ligne d'arrivée en troisième position au général et première de sa catégorie.
1964, l'année de la première victoire
L'année 1964 est celle de la consécration, puisque Paddy Hopkirk et sa Mini Cooper S terminent le rallye à la première place. Et ce après une lutte intense avec Bo Ljungfeldt, qui pilote pour sa part une Ford Falcon motorisée par un puissant V8 de 4,7 litres de cylindrée. Le succès de l'équipe BMC est complété par la quatrième place de Timo Mäkinen et la septième de Rauno Aaltonen.
En 1965, la cylindrée évolue encore, pour être portée à 1275 cm3. La puissance, pour sa part, passe à 90 chevaux. Ainsi dopée, la « puce » s'offre à nouveau le luxe de surclasser tout le monde au Monte Carlo et remporte sa deuxième victoire consécutive sur l'épreuve. Cette victoire signée Timo Mäkinen est obtenue devant la Porsche 904 Carrera GTS de Eugen Böhrigner et la Saab 96 de Pat Moss-Carlsson (sœur de Sir Stirling Moss et pilote émérite)...
1966 : la victoire se barre...
Pour 1966, l'équipe BMC ne vise pas moins que le triplé. Et c'est chose faite, puisque Mäkinen, Aaltonen et Hopkirk prirent rapidement la tête de la course pour ne plus la lâcher jusqu'à Monte-Carlo. Las, les commissaires décidèrent finalement de disqualifier les trois Mini à cause des quatre feux additionnels fixés sur la calandre, qui ne respectaient pas les normes d'homologation françaises de l'époque. Et la victoire finale revint au finlandais Pauli Toivonen et à sa Citroën DS. Cette décision des commissaires fut à l'époque assez contestée, des bruits selon lesquels l'organisation aurait favorisé un constructeur français ayant en effet largement couru... Qu'importe, puisque l'année suivante, la Mini Cooper S prit sa revanche, et c'est cette fois Rauno Aaltonen qui permit à la petite anglaise de décrocher sa troisième victoire en terres monégasques.
Illustrations : captures d’ecran