C'est au salon de Paris en 1936 que la Mercedes-Benz 540K fait sa première apparition. Evolution de la 500K (W29) de 1934, elle partage avec cette dernière sa motorisation. En l'occurrence un huit cylindres, qui passe pour l'occasion à 5,4 litres (5 litres sur la 500K). Couplée à une boîte de vitesses à quatre rapport, cette mécanique emmène la voiture jusqu'à 170 km/h en pointe. Ce qui, pour l'époque, et compte-tenu d'un poids conséquent (2,4 tonnes sur la balance), demeure une valeur impressionnante.
Un dessin signé Friedrich Geiger
La 540K existe dans de multiples configurations. Ainsi, outre le choix entre un châssis court ou long, le client pouvait également opter pour un modèle coupé, cabriolet ou encore berline (également disponible en version découvrable). Les lignes de la voiture, élancées, sont à porter au crédit du designer Friedrich Geiger. Celui-ci, qui a rejoint Mercedes-Benz trois ans avant le lancement de la 540K, signera également le dessin de la fabuleuse 300 SL à portes papillon.
Entre deux, la deuxième guerre mondiale aura éclaté. Et c'est d'ailleurs le prélude à ce conflit qui a servi de contexte retenu par Gérard Oury en 1982 pour sa nouvelle comédie. Dans celle-ci, Jo Cavalier (incarné par Jean-Paul Belmondo) s'échine à porter secours à un enfant de dix ans, Simon Rosenblum, ainsi qu'à toute sa famille. Ceci avec en toile de fond les jeux olympiques de Berlin de 1936, Jo Cavalier étant l'entraîneur de l'équipe française de boxe pour les JO... Au cours de ses péripéties, Bébel sera amené à emprunter la Mercedes-Benz 540K de son ami allemand, Günther Von Beckmann, pour sauver le petit garçon.
Anachronisme à deux roues, réplique à quatre roues
A cette occasion, le garçonnet va devoir prendre le volant pour permettre à notre Belmondo national de lancer les roues de secours de la Mercedes sur les motards qui le poursuivent (N.D.L.A. : cela ne vous rappelle pas les citrouilles de la Grande Vadrouille?). A noter d'ailleurs que les motos qui poursuivent les héros du film, des BMW R 75/5, sont ici anachroniques, étant sorties en 1969...
Et pour en revenir à notre Mercedes-Benz 540K, celle utilisée dans le film est en réalité une réplique. Pour preuve, les jantes disproportionnées, ou encore le capot avant avec ses trois évents sur chaque face. Et qui ressemblent beaucoup à des évents de BMW, soit dit en passant! Pour en revenir aux roues, celles-ci pour leur part semblent empruntées à la 770K Grosser de 1938 (W105), avec leur centre plein et leur cerclage chromé. Quant aux feux avant, on notera à quel point ils sont disproportionnés comparés à ceux d'une 540K originale.
Jean-Paul Belmondo, un habitué des belles mécaniques
Quoiqu'il en soit, malgré ces détails, le film reste un succès populaire avec 5,5 millions d'entrées en France. Quant à Jean-Paul Belmondo, son parcours cinématographie lui aura permis, avant ou après l'As de as, de conduire bien d'autres véhicules. Ainsi, il conduit une Caterham Super Seven (et une Fiat Ritmo, au grand dam de Philippe Castelli...) dans Flic ou Voyou en 1979, et une Ford Mustang Luxury dans Le Marginal en 1983. Et s'il n'y avait que ça...
Illustrations : captures d'écran