L'annonce est claire : "L’ #UE envisage d’interdire les réparations sur les #voitures de plus de 15 ans. Certains propriétaires de voitures pourraient perdre leur droit de propriété au nom de la protection de l' #environnement". On ne fait pas plus alarmiste quand on sait que le parc automobile français dépasse désormais les 10 ans d'âge moyen et qu'en Europe certains pays sont à près de 15 ans, en moyenne toujours.
Sauf qu'à bien y regarder, cette information est totalement bidon ! C'est une "infox" comme on dit désormais. En effet, en juillet 2023, l'Europe a décidé de renforcer une directive de 2000 et lancé pour cela un projet de nouvelle directive. Ce renforcement ne vise pas du tout à interdire les réparations voire obliger à la destruction des véhicules de plus de 15 ans. Bien au contraire (mais ce serait moins vendeur). Le souci, c'est que certains médias (anciennement sérieux) se sont fait l'écho de cette rumeur, parlant même d'une menace contre les youngtimers.
La directive de 2000 parle des véhicules en fin de vie et de leur recyclage. Or, en 24 ans, les techniques ont évolué, et les exigences environnementales aussi. De plus, les véhicules électriques étaient plus que balbutiants en 2000 contrairement à maintenant. Ainsi, l'Union Européenne souhaite renforcer une conception qui améliore la recyclabilité d'un véhicule. Dès la phase de conception, les constructeurs devront (si la directive est adoptée) prévoir le recyclage du véhicule, dans 10, 15, 20 ans ou plus.
Aider la filière du recyclage
Cela concerne l'assemblage, ainsi que les matériaux employés. L'assemblage peut entremêler les matériaux de manière à les rendre difficilement séparables et donc recyclables. Les matériaux peuvent aussi être difficilement recyclables par nature et demandent donc à être remplacés par d'autres, plus facilement réutilisables. Le cas des véhicules électriques est assez emblématique, car certaines batteries sont conçues de telle manière que le recyclage devient coûteux, énergivore voire très compliqué (ou impossible).
Mieux, cette directive prévoit que les batteries devront être plus facilement démontables et donc réparables. Un gros plus pour les clients de ces véhicules. Et pas du tout comme ces publications alarmo-complotistes le disent : pour empêcher toute réparation après 15 ans.
L'autre point de la directive est d'améliorer la traçabilité des composants et matériaux. Dans 20 ou 30 ans, qui saura de quoi est réellement faite votre voiture XXXXXX ? L'UE veut donc, un peu comme pour toute chose vendue en son sein, que les constructeurs affichent "la composition" de la voiture, mais aussi la provenance. Cela doit aussi contribuer à un meilleur recyclage des véhicules.
Infox à 100%
Surtout, il n'y a rien dans le projet de directive qui annonce la fin des réparations passé 15 ans pour un véhicule, ni l'obligation de destruction. Si vous voulez garder un véhicule épave, vous pourrez, comme actuellement, dans le respect de l'environnement, c'est-à-dire en supprimant tous les fluides et polluants potentiels. Ah si, la directive veut renforcer les exportations des véhicules d'occasion pour éviter qu'on envoie à l'étranger (lire : en Afrique) nos poubelles roulantes et polluantes.
Donc, non, l'UE ne veut pas interdire la réparation des véhicules de plus de 15 ans, ni obliger à la destruction. En revanche, elle veut éviter que l'on exporte des "tas de boue" hors UE. Une fois le projet adopté (s'il l'est) il faudra encore qu'il soit traduit dans les lois de chaque pays. Et là, c'est encore une autre paire de manche puisque souvent, les pays ont 15 ou 20 ans de retard dans la traduction en loi "locale" et se font taper (gentiment) sur les doigts. Le contrôle technique deux roues en est un exemple.
Si vous voulez vous faire une idée de l'infox, allez lire le projet de l'UE sur l'économie circulaire du 13 juillet 2023.