Saga de l'été 2019 : Velorex, une histoire de la Tchécoslovaquie
par Thibaut Emme

Saga de l'été 2019 : Velorex, une histoire de la Tchécoslovaquie

Partons hors de France pour le 3e épisode de notre saga de l'été 2019 sur la micromobilité dans le passé. Direction la Tchécoslovaquie avec Velorex.

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Partons hors de France pour le 3e épisode de notre saga de l'été 2019 sur la micromobilité dans le passé. Direction la Tchécoslovaquie avec Velorex.

L'histoire de Velorex commence comme bien souvent pour les microvoitures par la fabrication de bicyclettes. František Stránský est vendeur et réparateur de vélos non loin de Česká Třebová. Avec son jeune frère Mojmír, ils sont fans des Morgan Three Wheelers. Ils réfléchissent à leur propre 3 roues. Ils se lancent finalement dans la construction d'un prototype de véhicule à trois roues en 1943. Châssis tubulaire recouvert de duraluminium, un alliage de cuivre et d'aluminium - plus léger que l'acier il est alors utilisé en aéronautique - équipé d'un moteur Jawa (une marque Tchécoslovaque) monocylindre deux temps de 248,5 cm3.

Ce prototype, nommé Oskar, est prévu pour les vétérans de guerre handicapés. Biplace, trois roues, un peu plus de 3 mètres de long, un peu plus de 200 kg pour une consommation de 3,6 l/100 km et des performances intéressantes grâce aux 9 chevaux de son moteur. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les frères Stránský se lancent dans la mise en série de leur Oskar.

Comme un peu partout en Europe, les gens veulent des voitures populaires et pas chères. L'industrie du pays peine à fournir et les voitures restent onéreuses. Résultat, plusieurs constructeurs se lancent dans les voiturettes. Faute de matériaux et pour baisser le prix, les Stránský ont l'idée ingénieuse de faire la carrosserie du Oskar en cuir ! Ah ça elle en a de l'allure la petite voiture à trois roues. L'avant ressemble à un Zeppelin.

Et elle se vend plutôt bien, plusieurs dizaines d'unités par an. Il faut dire qu'elle coûte environ 25% du prix d'une voiture populaire grâce à des aides d'état pour les vétérans de guerre. La voiture est évidemment disponible avec commandes (accélérateur, frein) à main. Les frères ne peuvent suivre la cadence.

Prise de contrôle par le parti communiste

Depuis 1948 et le "coup de Prague", les communistes ont pris le pouvoir et il faut leur aval pour produire quelque chose. Le petit véhicule à 3 roues a tapé dans l'oeil du parti qui voit là un moyen de compenser une industrie qui ne fournit pas assez de voitures. L'affaire des deux frères est reprise par l'entreprise Velo qui devient Velorex. Mais, ils restent aux commandes. On est en 1950/51 et la cadence augmente.

En 1954, ils sont une petite dizaine à construire près de 500 Velorex Oskar par an. Sauf qu'un drame intervient quand František Stránský se tue lors d'un essai. Le KSČ (Komunistická strana Československa), le parti communiste du pays, prend définitivement le contrôle de Velorex et en vire Mojmír moins enclin que son frère à faire allégeance. C'est la fin de l'aventure pour les Stránský.

Pour parachever son oeuvre, le parti fait disparaître le nom de Oskar. Désormais, ce sera un Velorex, tout court. Au début des années 60, l'atelier déménage à Rychnov nad Kněžnou et Velorex débute la production de la 16. La Velorex 16 peut recevoir un monocylindre deux temps JAWA de 175 cm3 ou sa version bi-cylindres, le JAWA 350. Par contre la 16 est largement plus lourde que ne l'était l'Oskar. En partie exportée dans d'autres pays du bloc de l'est, la Verlorex 16 est toujours réservée aux personnes handicapées de guerre après attribution par le parti.

La fin de la 16 provoque la fin de Velorex

De 205 kg on est passé à près de 300 kg pour la 16/175 et plus de 300 kg pour la 16/350. Malgré l'utilisation de vinyle au lieu du cuir, l’embonpoint est là. Mais, le moteur 16 chevaux de la 16/350 lui permet de filer à 60 km/h sans trop de souci. C'est cette version qui se vendra le plus. Plus de 12 000 unités construites et vendues en 8 années. En 1971, la production du "three wheelers" des frères Stránský se termine. Velorex voit plus grand et vise la production de "vraie" voiture.

Velorex développe la 435-0. Biplace à 4 roues, découvrable, la 435-0 a une carrosserie en acier. Elle dispose toujours du Jawa 350 et de ses désormais 17 chevaux. Sauf que le poids augmente de nouveau. 385 kg sur la balance, on est loin de la "ballerine" des débuts. Résultat, la consommation dépasse les 6 l/100 km et le prix augmente. Ce sera un "four" commercial. Moins de 1 400 Velorex 435-0 seront produites et tout s'arrête en 1973.

Toujours très populaires et faciles à réparer

Les Velorex sont restés très populaires et il n'était pas rare d'en croiser encore en utilisation dans les années 90, une fois la Tchécoslovaquie disparue et séparée en République Tchèque, et République Slovaque.

Son côté décalé et sa carrosserie si particulière en font la coqueluche de certains collectionneurs. Un autre point en sa faveur, les pièces se trouvent encore plutôt facilement, et certaines sont même disponibles neuves. Un beau modèle peut se trouver pour 10 000 euros.

Velorex a également fabriqué des side-cars pour les motos Jawa. Cette production cessera avec la Révolution de Velours. Reprise par une société privée, les side-cars sont de nouveau produit sous le nom de Velorexport.

Pour l'anecdote, Mojmír Stránský, né en 1924, a vécu jusqu'en 2011. Sur la fin de sa vie, il a participé à un projet de renouveau du Velorex. En vain.

Comme souvent, on peut trouver plein de photos de qualité chez RM Sotheby's où un Velorex a été vendu $12,650 en 2013. Tout récemment, un rallye Velorex a été organisé à Boskovice (non loin de Brno).

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Partons hors de France pour le 3e épisode de notre saga de l'été 2019 sur la micromobilité dans le passé. Direction la Tchécoslovaquie avec Velorex.

Thibaut Emme
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Thibaut Emme

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