Ce qui m’amène à penser que je ne vous ai pas encore présenté notre compagnon de route. Alors que j’avais réservé une Ford Fusion (l’équivalent Mondeo, par l’insipide petit SUV que nous connaissions) plusieurs mois à l’avance, c’est une Toyota Rav4 qui nous est donnée à l’agence. Et deux étages plus bas, au moment de prendre possession de l’auto au parking, le voilà échangé contre un…Toyota Venza. Moi qui voulait une américaine, me voilà avec une japonaise de la pire espèce.
Car le Venza, c’est un moteur 2.7l essence de 182ch couplé à une boîte automatique dépassée. Inutile de dire que l’auto n’est habitée d’aucune velléité sportive, que les suspensions souples et le volant à la direction aussi légère que floue auraient vite fait de résorber. On se consolera par l’habitabilité généreuse pour les occupants (tout juste pour les bagages) et par la consommation mesurée, à 9,1l/100km. Même certains autochtones rencontrés nous ont charriés sur le «choix» de notre véhicule…
Quelques kilomètres au sud de Springfield, à Carthage exactement, nous passons devant un cinéma Drive-In, l’un des huit derniers toujours en activité le long de la route, qui en a compté plus de 40. Après plusieurs années à l’abandon, il a fait l’objet d’une rénovation complète et des films y sont projetés les soirs de week-end durant l’été.
Ce qui est particulièrement marquant, c’est le nombre de communautés religieuses et d’Eglises que nous croisons le long du parcours. On ne compte plus les «First Assembly of God», «Assembly of our Lord Jesus Christ» et «First Baptist Church». Il faut dire que nous sommes ici dans la Bible Belt, littéralement, «la ceinture de la Bible» qui s’étend jusqu’au Texas. L’immense majorité de la population est ici très croyante et très pratiquante. Et les Eglises redoublent donc d’ingéniosité pour s’attirer les faveurs de nouveaux fidèles, comme en témoigne ce panneau publicitaire.
Nous traversons brièvement le Kansas. La Route 66 n’y est en effet longue que de 21 kilomètres. Mais c’est ici, dans la ville de Galena, que l’on prend sans doute le plus conscience du tort que la construction de l’Interstate a pu causer aux petites villes. Ici en effet, l’autoroute est loin, et la ville n’a donc pas eu la chance de faire l’objet d’un «Business Loop» (artère permettant d’accéder au centre-ville) de cette dernière. Du coup, Galena, autrefois florissante, n’est plus que l’ombre d’elle-même : commerces fermés, immeubles en ruines ou rasés, rues désertes. Même la boutique de «souvenirs & antiques» dans laquelle nous pénétrons semble s’être arrêtée au milieu des années 70 !
C’est toutefois ici que John Lasseter puisa son inspiration pour Cars en voyant une dépanneuse International garée devant une ancienne station-service. Si la dépanneuse a disparu, la station existe toujours et a depuis été rafraichie et rebaptisée Cars on the Route.
Quelques kilomètres plus loin, à la sortie de la ville, la Route enjambe la rivière sur un pont blanc, nommé «Rainbow bridge» en raison de sa forme. Le dernier survivant de son architecture.
Après le Kansas, l’Oklahoma. Si la traversée de ses grandes plaines n’est pas passionnante, elle est au moins facile, puisqu’il suffit ici de suivre l’itinéraire OK66 pour rester sur la Route 66 dans tout l’Etat. En certains endroits toutefois, une toute nouvelle route longe la portion historique, laissée à l’abandon et en partie détruite.
A la sortie de Catoosa, impossible de manquer sur la droite de la route l’énorme baleine bleue, vestige d’un parc aquatique désormais fermé. Il s’agissait en fait d’un cadeau d’anniversaire fait par un certain Hugh Davis à son épouse. La baleine, et le parc sont toujours accessibles, mais ne servent plus aujourd’hui qu’à quelques pêcheurs.
Enfin, quelques kilomètres avant Oklahoma City, nous traversons Arcadia célèbre pour deux choses : sa station-service qui abrite également le plus grand magasin de sodas du monde (plus de 500 sortes, aux goûts pour le moins exotiques !) et sa grange ronde en bois rouge.
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Crédits photos : Le Blog Auto