Essai de la Citroën AMI : l'électrique très (trop) urbaine
par Thibaut Emme

Essai de la Citroën AMI : l'électrique très (trop) urbaine

Est-ce que la Citroën AMI, le petit véhicule électrique urbain aux chevrons, est le véhicule du quotidien, ou commuter, idéal ? Grimpez à bord pour le savoir.

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La dernière-née de chez Citroën, l’AMI, n’est pas une voiture au sens légal du terme. C’est un quadricycle électrique. Et c’est même un quadricycle qui peut se conduire sans permis de conduire. C’est l’équivalent d’une motocyclette à quatre roues, ou des innombrables « voitures sans permis » (VSP) que compte la France.

Esthétiquement, l’AMI de production est très loin du concept Citroën AMI. Il faut dire que le but de cette mise en production était de laisser les coûts au ras des pâquerettes. Par conséquent, il y a eu de sacrées concessions par rapport à ce concept. La voiture est haute, peu large, et relativement peu longue. Il en découle une silhouette un peu particulière.

Surtout, la Citroën AMI est une voiture d’ingénieur. En effet, ceux de chez Citroën se sont creusé la tête pour réduire au maximum les coûts en trouvant des solutions intéressantes. La voiture est pratiquement symétrique. Cela permet de réduire les pièces à produire. La portière gauche et la portière droite sont les mêmes, par exemple. Résultat, on a une « portière suicide » d’un côté, et « normale » de l’autre. Les panneaux sont interchangeables. Les faces avant et arrière sont les mêmes (« il est où le cucul, elle est où la têtête ? »).

La carrosserie est faite en ABS, non peint, ce qui la rend très légère, résistante aux légers contacts (mais pas aux gros) et lui donne cet aspect si particulier de « bonbon gris bleu ». On peut agrémenter son AMI avec quelques autocollants, mais cela reste un peu tristounet. A noter que pour les essais, Citroën avait fait réaliser des « covers » aux couleurs des 20 arrondissements de Paris. Cela donne plus de peps au véhicule et cela doit pouvoir se faire pour relativement peu cher.

De l’extérieur, cet AMI ressemble à une voiture des années 70/80. Pas dans son style, non. Mais, dans certains détails comme les serrures qui servent de bouton pour ouvrir la portière, les rétroviseurs réglables de l’extérieur, ou même les vitres qui s’ouvrent par moitié, dans le sens horizontal. Il y a de la 2CV là-dedans.

Vie à bord

Ce qui « choque » quand on ouvre la portière et que l’on s’installe à bord, c’est que le parebrise est très très loin. C’est comme si on conduisait « dans le coffre ». Strict deux places, l’AMI n’a d’ailleurs pas de coffre qui s’ouvre par l’extérieur mais il y a de la place derrière les sièges, et côté passager, le siège reculé laisse énormément de place pour y mettre des sacs de course, une valise, etc.

L’impression d’espace est, elle aussi, immédiate. La surface vitrée importante et le fait de ne pas être engoncé dans un intérieur très proche de soi y joue beaucoup. D’ailleurs, on remarque de suite le démi-toit panoramique. Nous y reviendrons plus loin.

L’intérieur est un peu plus coloré que l’extérieur, mais uniquement car nous disposions d’éléments en option (achetables séparément du véhicule). Le orange des lanières de portières, ou des bacs de rangement égaient vraiment un intérieur sobre qui n’est pas vilain. Il n’y a que le volant qui fait tache. Entièrement en plastique gris foncé il aurait mérité un peu plus de soin niveau matériaux, mais, cela aurait coûté plus cher.

On regrette aussi rapidement les clignotants qui n’ont pas de rappel. C’est bête, mais on s’est habitué à ne plus avoir à ramener le levier en position centrale. Un véhicule à l’ancienne avec des habitudes à reprendre. Pas de levier de vitesse mais trois boutons sur le côté gauche sur siège pour la marche avant, le neutre et la marche arrière. Plutôt bien vu. En revanche, le frein à main mal placé gène un peu, surtout sa base.

Les rétroviseurs sont un peu petits et surtout, il n'y a pas de rétro central (ce sera une option). C'est un gros moins, toutefois, on prend rapidement l’habitude (surtout si on conduite des deux-roues) de se tourner pour regarder directement plutôt qu’en rétro-vision. Dommage quand même. Ce qui étonne sans doute le plus, c’est de voir le châssis. En effet, à l’intérieur, on peut voir le châssis tube au niveau des montants de parebrise et de portières (cf. galerie).

Une puce des villes

La ville est clairement le terrain de jeu de prédilection du Citroën AMI. Avec seulement 490 kg sur la balance, la « voiture » accélère franchement malgré sa limitation et on est rapidement à 35/40 km/h. Elle est bridée électroniquement à 45 km/h. Entre 30 et 45 km/h, on évolue à la même vitesse que les voitures ou même les scooters en libre-service. Enfin, tant que l’on reste sur les axes à 30 ou 50 km/h. S’aventurer au dehors dépendra fortement de l’endroit.

Comme tout VSP, l’AMI peut évoluer sur route ouverte, hors autoroute et « route pour automobiles ». Sauf qu’en zone péri-urbaine, le flot de véhicules peut vite faire peur. En pleine campagne, il y aura toujours moyen de trouver un tracé alternatif pour ne pas se retrouver « poussé » par un camion, ou une voiture, un peu trop pressés.

Le silence de fonctionnement est celui d’un véhicule électrique. On perçoit le sifflement, surtout que l’insonorisation est quand même sommaire. Par contre, c’est l’AMI des kinés ! Les sièges sont durs, et un peu comme avec le Twizy, il faut anticiper en décollant son dos du dossier pour certains passages. Mais, nous nous sommes aventurés sur les pavés parisiens sans souci. Les suspensions encaissent.

Le freinage sans assistance est très bon. On peut écraser la pédale sans souci et l’AMI s’arrête rapidement. Il faut dire qu’elle a des trains roulants largement dimensionnés (repris de la plateforme CMP) et repose sur des pneus 155/65/R14 ; des pneus de voiture classique quoi. Il n’y a que le fait que les pédales sont en plastique qui fait un peu craindre sur leur longévité. Et bien entendu à se rappeler que l’on n’a pas d’antiblocage sous la pluie.

Pour les bricoleurs, les dessous de l’AMI sont très accessibles. Pas de passage de roue qui masque tout, les organes sont visibles. De quoi faire baisser les coûts d’entretien.

L’électrique fantastique

L’AMI est une puce des villes avec un diamètre de braquage rikiki (7,20 m), et un gabarit qui fait passer la Smart Fortwo pour un SUV…enfin en exagérant un peu. L’AMI c’est le gabarit de la première Smart, avant l’inflation de taille. 2,41 m de longueur pour 1,39 m de large et 1,52 m de haut. Elle accélère franchement et freine suffisamment pour des arrêts « instantanés » en cas de surprise urbaine.

Mais, c’est surtout le silence de l’électrique qui est toujours agréable en ville. On en vient à trouver que le moindre moteur fait du bruit. Au feu rouge, on peste contre le diesel « clac clac clac » du voisin. En parlant de feu tricolore, on comprend pourquoi il y a un toit vitré à l’avant. Les vitres sont relativement basses et comme le parebrise et très en avant, lorsque l’on se retrouve à un feu, il est difficile de bien voir les rappels bas de feu, quand il y en a encore. Avec le toit vitré (vrai verre sécurité), plus de souci pour voir le feu.

Evidemment, voir le ciel est un gros plus pour la vie à bord. Un store devrait bientôt être disponible. Indispensable en été pour ne pas cuire dans son AMI. Eh oui, il n’y a pas de climatisation (mais il y a un chauffage pour l’hiver).

La recharge de la bestiole est simple. Pas rapide, mais simple. Le câble de recharge est caché dans l’aile droite. On le sort comme celui d’un aspirateur et on le branche sur une prise domestique classique. Un adaptateur vers prise Type 2 sera disponible. Alors forcément, la recharge est lente. Mais, la batterie ne fait que 5,5 kWh. Officiellement, l’AMI se recharge en 3h sur une prise domestique. Largement de quoi recharger à domicile la nuit en heure creuse, ou au travail.

Par contre, le câble est « relativement » court. Une rallonge de secours peut être intéressante à laisser dans le véhicule pour ne pas se retrouver en rade avec une borne trop éloignée ou du mauvais côté.

Pour l’autonomie, elle est communiquée à 75 km officiellement. Comptez plus sur 55 à 60 km en fonction de votre conduite. En anticipant un minimum, il est possible d’aller vers les 70 km (sur le plat). Dernier point, l'AMI est assemblée à Kenitra au Maroc.

Alors ? On en fait quoi de ce Citroën AMI ?

6 900 € prix de départ, 900 € de bonus qui font baisser le prix à 6 000 €, l’AMI est imbattable dans le segment des véhicules sans permis si on ne regarde que le prix. Les VSP thermiques les moins chers sont à quelques milliers d’euros de plus. Mais, les prestations ne sont pas forcément les mêmes.

Si on veut un VE sans permis, l’écart est encore plus important. On peut se payer deux Citroën AMI pour une Aixam e City Pack. L’autonomie chez Aixam est « d’environ 80 km) mais niveau prestations on est un cran au-dessus, dans un véhicule qui ressemble plus à une voiture que l’AMI (L6e). On peut aussi comparer au Renault Twizy. Il est plus cher, ouvert, et surtout avec une location de la batterie. Ici, c'est un achat complet.

L’AMI peut avoir son public. On pourrait la retrouver dans les flottes urbaines d’autopartage. Pas besoin de plus de confort, ni d’équipement, l’AMI est simple à entretenir et réparer. Mais, il y aura sans doute aussi des gens qui seront intéressés par ce petit véhicule.

Déjà le côté électrique, mais aussi le côté fermé (par rapport à un Renault Twizy), et enfin le côté « sans permis ». A 6000 €, c’est une sacrée somme qui fera réfléchir. Mais, Citroën pense le louer plus que le vendre avec des offres qui commencent à moins de 20 €/mois (avec un énorme premier loyer de 3 541 €). De quoi devenir le véhicule à tout faire de la famille ?

Avec une vitesse maximale passée à 80 km/h et un moteur un peu plus débridé pour un prix à peine augmenté, ce Citroën AMI fera un « commuter » très intéressant pour de nombreuses personnes, n’habitant pas forcément en centre-ville. Par contre, ceux qui voudraient l'équivalent d'un scooter mais abrité, passez votre chemin. L'AMI est trop large pour se faufiler.

Le détail qui tue

Le lave-glace ne se remplit pas à l’avant, mais à l’intérieur de l’habitacle. En effet, pas de capot et pas de hayon. On avance le siège avant pour plus de praticité et on accède à une trappe qui contient le bocal de lave-glace et la boîte à fusibles.

On aurait pu aussi citer comme détail les deux fauteuils décalés. Celui du passager est légèrement en retrait ce qui permet de garder une largeur contenue tout en acceptant « deux larges d’épaule » sans sourciller. Ou même les sangles orange pour déverrouiller les portières de l’intérieur.

+ON AIME

  •  La bouille symétrique "spéciale"
  • Vraie puce des villes (accélérations, braquage, gabarit)
  • Le prix (pour un VE)

ON AIME MOINS

  •  Une finition perfectible (ébavurage de pièces)
  • Sièges pour fakir
  • L'absence de rétroviseur central (option)
  • Le prix (rapport prix/prestations)

Oui, le prix est à la fois un "+" et un "-". En effet, si on prend le prix du véhicule et les prestations qu'il offre, c'est cher, très cher. En revanche, pour une VSP, et pour un véhicule électrique, c'est finalement peu cher.

Galerie de la Citroën AMI

Caractéristiques de la Citroën AMI

Citroën AMI
Prix (à partir de)6 900 €
Prix du modèle essayé7 300 € (My AMI Orange)
Bonus / Malus900 €
Moteur
Type et implantationélectrique, avant
Cylindrée (cm3) –
Puissance (ch/kW)6 / 8,1
Couple (Nm)40
Transmission
Roues motricesavant
Boîte de vitessesmarche avant / marche arrière
Châssis
Freins
Jantes et pneus 155/65 R14
Performances
Vitesse maximale (km/h) 45
0 à 100 km/h (s) --
Consommation
Autonomie 70
CO2 (g/km) 0
Dimensions
Longueur (mm)2 410
Largeur (mm)1 360
Hauteur (mm)1 520
Empattement (mm)
Volume de coffre (l) --
Poids (kg)490

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Pour résumer

Est-ce que la Citroën AMI, le petit véhicule électrique urbain aux chevrons, est le véhicule du quotidien, ou commuter, idéal ? Grimpez à bord pour le savoir.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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