L'usine Bosch de Rodez emploie encore 1 250 personnes alors qu'elle en comptait 2 400 dans les années 2000. D'ici 2025, elles ne seront plus que 500, après des départs volontaires, des retraites anticipées, etc. Le but est d'éviter les "départs contraints" (euphémismes pour parler de licenciements NDLA). Mais, cela reste des suppressions de postes pures et simples. Selon Heiko Carrie, Président de Bosch pour la France et le Benelux, cette mesure est indispensable dans le contexte actuel de chute des ventes des véhicules à moteur Diesel. D'ailleurs, Bosch a déjà été ouvertement critique envers l'UE et sa politique pro-véhicule électrique.
En effet, à Rodez, on fabrique des injecteurs et des bougies pour motorisation Diesel. La baisse des effectifs est déjà lancée, et à la fin 2021, l'usine ne devrait plus employer que 1 100 personnes. Cette restructuration, assure le patron de Bosch France, "donne une vraie perspective pour le site et une stabilité nécessaire pour les années à venir. (...) On n'est plus dans une logique de fermeture du site" rapporte l'AFP.
Bien évidemment, du côté des syndicats, cette décision a du mal à passer. "Nous sommes en colère. Indirectement, ils nous annoncent la fin du site. Pour sauver le site à moyen terme, il faudrait des investissements, mais il n'y a rien" réagi Vanessa Negre, secrétaire CGT, syndicat majoritaire chez Bosch à Rodez.
Du côté de Sud, on est aussi abasourdi par l'annonce et surtout, on tient à rappeler que l'engagement de Bosch de maintenir au moins 500 emplois sur le site ne court que jusqu'en 2027. Après ? Et bien après Bosch est libre de fermer le site et c'est ce que craint Cédric Belledent, délégué SUD.
Et après 2027 ?
La CGT renchérit : "S'il n'y a pas 700 volontaires, il y aura un PSE derrière". Et on voit mal des gens accepter de partir, même avec une indemnité négociée dans un bassin d'emploi où il n'y a pas trop d'alternative professionnelle, et en pleine crise économique et sanitaire.
Du côté du Gouvernement, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire estime que "la fermeture du site est désormais écartée (...) grâce à la mobilisation de tous, au premier rang desquels les salariés" toujours selon l'AFP.
Par contre, il y en a un qui ne décolère pas, c'est le maire de Rodez, Christian Teyssèdre. Il estime, en effet, que ce plan social "inacceptable". Selon lui, "Ils (Bosch) ont gagné des millions d'euros ici depuis 50 ans, ils nous ont menés en bateau depuis trois ans". En 2018, il y avait eu une concertation avec Bosch et les autorités locales et nationales pour sauver l'usine de Rodez. Des engagements d'investissement avaient été pris, mais visiblement cela n'a pas suffi, ou, comme certains le jugent, Bosch a trahi ses engagements.
L'équipementier allemand Bosch est présent en France depuis plus de 60 ans. Il compte encore neufs usines dans notre pays, avec environ 6 000 employés. Une goutte d'eau par rapport au 400 000 salariés dans le monde. Déjà fin 2020, Bosch a annoncé l'arrêt d'une ligne de production de colonnes de direction à assistance électrique sur son site de Vendôme (Loir-et-Cher). A la clé, la suppression de 75 emplois sur les 500 que compte le site.
Notre avis, par leblogauto.com
Certains syndicalistes accusent à mots couverts l'Etat et l'Europe dans cette affaire. Ils jugent en effet les décideurs responsables de la désaffection des Français (et Européens) pour le Diesel. Il est vrai que les normes anti-pollution, la loi CAFE qui fixe des objectifs d'émission de CO2 et surtout les politiques d'interdiction de nombreux modèles dont les Diesel des centres-villes font que la part des ventes de motorisations Diesel est passée de 75% environ à 34%.
Sauf que pour remplacer ces moteurs fonctionnant au gazole, il y a des moteurs essence de plus en plus complexes avec de plus en plus de pièces, mais également des moteurs 100% électriques ou hybrides (MHEV, PHEV). La direction de Bosch France aurait très bien pu remplacer les injecteurs et bougies pour moteurs Diesel par des pièces pour moteurs essence évolués ou pour moteurs électriques.
Non, visiblement, Bosch cherche une porte de sortie à Rodez comme ailleurs pour aller produire ailleurs, à moindre coût. Le désamour du gazole n'est qu'une excuse comme une autre. En 2027 se termine l'engagement pris par la direction de maintenir 500 emplois sur le site. D'ici-là, de l'eau aura passé sous les ponts et le site aura de grands risques de fermer purement et simplement. Ce ne sera pas le premier et hélas pas le dernier en France, que ce soit dans le domaine de l'automobile ou autre.
Le secteur automobile dans sa globalité emploie plus de personnes en France qu'il y a plusieurs années. Mais, c'est vrai si on prend en compte tous les secteurs, de la production à la réparation en passant par le commerce, les changeurs de parebrises, etc. Si on regarde que la production, on considère que 210 000 personnes sont employées par l'automobile. En 2004, elles étaient 304 000 ! Le pic a été environ à 333 000 personnes. Et ce, rien que pour la conception et la fabrication.