Si l'on reprend les différents articles de 2012, on retrouve une flambée au printemps avec par exemple un gazole à 1,481 €/l en moyenne nationale, et un SP95-E10 qui a grimpé jusqu'à 1,703 €/l. Si on regarde aujourd'hui la moyenne nationale sur le site gouvernemental, on trouve 1,558 €/l pour le gazole et 1,629 pour le SP95-E10.
Mais, alors que les prix sont moins élevés pour le E10 et 7 centimes plus chers (hausse de la TICPE oblige), le ressenti des Français est que c'est largement plus cher. Et c'est vrai, le budget carburant est en hausse, malgré des kilomètres parcourus stables ou en légère baisse pour les particuliers.
La hausse du nombre de véhicules essence en cause
En fait, il faut regarder dans la composition du parc roulant et dans les habitudes des Français pour comprendre. Par rapport à 2014, les voitures particulières ne font que 0,4% de kilomètres en moins. Autant dire "rien". Mais, en décomposant Diesel et essence, on peut voir que les voitures essence font 2,1% de kilomètres en plus, tandis que les Diesel sont en baisse de 0,7% sur les distances parcourues.
Le parc roulant des automobiles particulières a continué de croître, avec une forte diminution de la part des véhicules Diesel, une hausse de ceux avec une motorisation essence, et l'apparition marginale pour le moment des véhicules électrifiés (mais souvent essence en PHEV NDLA).
Ainsi, les Français font autant de kilomètres, mais ont basculé vers des véhicules essence, plus consommateurs. Forcément, passer à un carburant plus cher, et avec une consommation plus importante, c'est un budget carburant qui explose avec la hausse actuelle. Ce n'est pas un ressenti, mais ce n'est pas que le prix des carburants qui en est la cause.
Double punition pour lutter contre le Diesel
Après des années à être poussé par différents acteurs de la filière automobile, le Diesel a été montré du doigt comme à l'origine de tous les maux de la pollution. Résultat, le parc automobile essence est passé grosso modo de 13,3 millions de véhicules en 2012 à 15,2 millions au 1er janvier de cette année. Sans compter qu'en moyenne, un véhicule essence consomme (cycle WLTP) 1 litre de plus aux 100 km que le véhicule moyen Diesel.
+1,9 million de voitures à essence, consommation plus forte = hausse de 3,7 milliards de litres de la consommation d'essence. Sans compter que si les véhicules essence étaient longtemps moins chers à l'achat que leur équivalent diesel, c'est désormais moins vrai. Il y a d'abord un prix qui tient compte de plein d'éléments de dépollution sur les essence, mais aussi des motorisations "mild hybrid" (mHEV) pour compenser un peu les émissions de CO2 et faire baisser le malus CO2 "coup de massue" français.
Au final, en suivant la politique du malus-malus qui favorise le diesel (moins émetteur de CO2), les Français se sont fait avoir. Désormais, ils doivent payer un carburant plus cher avec des véhicules plus gourmands. La double peine.
Les PHEV pour contrer la hausse des carburants ?
Les hybrides rechargeables sont séduisants. Ils combinent à la fois la motorisation électrique avec la possibilité de faire environ 50 km en 100% électrique, avec une motorisation essence dernière génération. Sauf que ces PHEV font payer cher cette polyvalence.
Bien souvent, pour le moment, les PHEV sont disponibles dans les finitions hautes (et chères) des constructeurs, et bien souvent, avec les SUV. L'homologation WLTP favorise les PHEV qui sont exemptés de malus dans 99% des cas. Ils semblent alors séduisants sur le papier. Mais cela reste des motorisations essence, et des SUV. Tout ce qui fait qu'actuellement les Français consomment plus d'essence et plus cher.
Il y a bien sûr les véhicules électriques et leur ultra-efficience. Mais, soit ils sont hors de prix, soit limités aux déplacements du quotidien. Pour remplacer un second véhicule du foyer, cela peut être une option, d'autant que des VE à moins de 18 000 € (hors bonus et prime de conversion) font leur apparition.
Pour ceux qui ont succombé à la motorisation essence, il reste l'option du boîtier E85/Ethanol. Cela permet de prendre indistinctement du SP95-E10 (10% d'éthanol) ou du SP95-E85 (entre 65 et 85% d'éthanol). Le boîtier adapte la carburation à la proportion d'éthanol qui se trouve dans le réservoir. Avantage - pour le moment - de ce carburant, il est moins taxé et s'affiche à moitié prix.
Faire le plein avec un carburant à 0,75 €/l, cela nous renvoie des dizaines d'années en arrière. Mais pour combien de temps cette détaxe ?
Illustration : leblogauto.com