Hydrogène : 21 M d'euros pour Le Mans, énergie propre ?
Stéphane Le Foll, maire PS énergie nouvelle dite propre.
Stéphane Le Foll, maire PS énergie nouvelle dite propre.
Stéphane Le Foll, maire PS du Mans et président de Le Mans métropole, a annoncé lundi un investissement de 21 millions d'euros "dans un grand plan hydrogène". Surfant ainsi sur la vague actuelle de mise en avant de cette énergie nouvelle dite propre.
L'enveloppe sera consacrée à une stratégie de développement des transports à l'hydrogène, a expliqué Stéphane Le Foll dans un communiqué.
Laquelle comprend la mise en service d'un bus à hydrogène que les Manceaux pourront emprunter dès mercredi 16 septembre, une commande de dix autres modèles articulés et l'achat de six bennes à ordures circulant avec le même carburant.
Le plan prévoit également la construction d'une station hydrogène, "opérationnelle d'ici trois ans", pour alimenter les véhicules.
"Le Mans porte cette ambition hydrogène depuis déjà deux ans et nous allons continuer à être en pointe dans ce domaine à l'échelle des villes moyennes du grand ouest", a déclaré Stéphane Le Foll dans son communiqué.
Cette annonce intervient une semaine après la présentation du plan hydrogène du gouvernement, qui prévoit l'investissement de 7,2 milliards d'euros d'ici 2030 dans cette énergie.
L'hydrogène ... c'est certes bien pour relancer la croissance mise à mal par la crise due au coronavirus. Reste à prouver tout de même qu'il s'agit d'une énergie propre et "efficace" sur toute la chaîne.
En juillet dernier, Pierre Fillon, Président de l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) a inauguré la station Hydrogène, située en face du mythique circuit des 24 heures du Mans.
Précisons que la station ne produit pas son hydrogène. Il est produit, par la société allemande Linde, de manière centralisée, puis stocké dans des « cadres » de bouteilles sous 200 bars de pression.
Le fait qu'il s'agisse d'une société allemande est loin d'être anodin ... Selon le Süddeutsche Zeitung, la République démocratique du Congo (RDC) et l’Allemagne pourraient en effet bâtir ensemble un partenariat énergétique qui verrait le pays d’Afrique centrale fournir l’énergie hydraulique capable de produire de l’hydrogène vert pour les besoins allemands de décarbonisation. Le tout via un projet de coopération de 20 milliards d’euros financé par l’Union européenne qui assurerait ainsi un accès à une source d’énergie dite verte.
Le barrage projeté, d’une capacité potentielle de 44000 mégawatts, pourrait aider l’Allemagne à combler l’écart important entre la future demande d’hydrogène évaluée par Berlin et les modestes capacités de production allemandes, tout en dépassant la demande d’électricité en RDC. Mais des dizaines de milliers de villageois pourraient perdre leurs maisons si le barrage était construit, le gouvernement n’accordant que peu d’indemnisation ou d’aide à ses citoyens pour déménager.
Les militants des droits de l’homme demandent une évaluation d’impact qui prend en compte les intérêts de la société civile tandis que l’organisation environnementale environnementale International Rivers se demande si la RDC a les capacités financières pour financer le barrage, ce qui signifie qu’elle devrait s’endetter davantage pour obtenir les fonds nécessaires.
En 2018, selon l'AIE, la production mondiale d’hydrogène a provoqué le rejet de 830 Mt de CO2 dans l’atmosphère, soit l’équivalent de 2,5 fois les émissions de CO2 de la France ou encore 25 % de plus que les rejets de la totalité des vols internationaux durant la même période.
Elisabeth Studer avec AFP
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