Djebbari quitte Hopium
Après une nomination controversée il y a quelques mois à peine, Jean-Baptiste Djebbari quitte donc Hopium. Pour rappel, Spécialisée dans la construction de véhicules haut de gamme à hydrogène, Hopium a été fondée en 2019 par le pilote automobile français Olivier Lombard. Ce dernier avait déclaré que l'arrivée de Jean-Baptiste Djebbari - encore ministre lors qu’il a été proposé pour siéger au conseil d'administration d'Hopium - constituait «une étape majeure" du développement de la société.
Interrogé par les agences de presse, l’ancien ministre des Transports indique désormais que son départ est motivé par « de nouveaux projets en cours » dont les détails seront révélés dans les jours et semaines à venir.
Une nomination controversée
Reste que la reconversion dans le privé de Jean-Baptiste Djebbari, avait soulevé maintes interrogations. En qualité de ministre, ce dernier a en effet affiché un soutien public à la voiture à hydrogène dont a profité directement Hopium, se félicitant notamment en mars 2021 que la France investisse 7 milliards d’euros pour le développement de la filière d’ici à 2030.
La question d’un éventuel conflit d’intérêts avait alors fait surface, poussée par l’opposition, mais aussi par l’ONG Transparency France.
En juin 2022, le président de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Didier Migaud, avait justifié les avis de l’institution concernant les trois projets de reconversion dans le privé de l’ancien ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, dont un refus.
Didier Migaud ne trouvait alors pas « pas surprenant » que Jean-Baptiste Djebbari puisse faire plusieurs propositions de reconversion, venant du privé et repartant dans le privé », « il n’a pas un poste qui l’attend au Conseil d’État, à la Cour des comptes ou l’Inspection des finances ».
La reconversion de l’ancien ministre des Transports chez l’armateur CMA-CGM avait été quant à elle écartée par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, laquelle avait pointé des « risques déontologiques substantiels ».
La HATVP avait donné un feu vert avec réserves pour l’entrée de Jean-Baptiste Djebbari au conseil d’administration de Hopium. « Le risque pénal n’existait pas, le risque déontologique pouvait être surmonté, circonscrit », avait alors estimé Didier Migaud. Précisant que la « start-up » n’avait à cette date pas encore de véhicules commercialisés » et qu’elle n’avait bénéficié d’aucun crédit public direct.
Le président de la Haute autorité avait au passage regretté une « maladresse ou une indélicatesse de la société et peut-être du ministre », avec l’annonce de son arrivée chez Hopium avant la publication de l’avis de la HATVP.
Arrivée d’Alain Guillou pour une délicate mission
Ingénieur de formation, Alain Guillou prend donc désormais la tête de Hopium. Précisions qu’il avait anciennement occupé les fonctions de Directeur Général Adjoint au sein de Naval Group.
En difficultés financières depuis plusieurs mois, Hopium cherche ainsi un nouveau souffle …
Alain Guillou aura la délicate et principale mission de remettre la jeune start-up sur le droit chemin de telle sorte sorte qu’elle puisse franchir les prochaines étapes industrielles et commerciales qui l’attendent.
« Le Conseil d'administration va pouvoir compter sur la grande expérience en matière de gouvernance d'Alain Guillou en tant qu'ancien administrateur de sociétés à dimension internationale pour le suivi de la feuille de route et la bonne organisation des travaux du conseil. Cette nomination permettra également au Conseil de bénéficier de son éclairage de haut niveau sur un certain nombre de décisions stratégiques à prendre » a précisé Hopium dans un communiqué.
Notre avis, par leblogauto.com
L’arrivée d’Alain Guillou rime avec nouvelle stratégie et feuille de route pour Hopium. L’entreprise qui s’est fixée pour objectif d’atteindre la rentabilité d’ici 4 ans souhaite désormais concentrer ses forces en misant sur 2 activités. En tout premier lieu : la partie constructeur - via l’entité « Hopium Automotive » - axée sur le développement de la berline à hydrogène - premium - dénommée Machina. Mais également l’activité équipementier avec la branche « Hopium Technologies » dédiée au développement et à la commercialisation d’une offre de pile à combustible destinée à des applications tierces.
Histoire de ne pas mettre tous les pieds dans le même sabot … au cas où l’avenir de la voiture à hydrogène pourrait être remise en cause … où nécessiterait des investissements trop lourds à supporter pour une société de la taille de Hopium …