Mi-mars, le "rapport de travail" annuel du gouvernement a été amendé pour y inclure pour la première fois l'objectif de "promouvoir" la construction de stations de recharge pour véhicules à hydrogène. Le pays en compte actuellement une quinzaine seulement.
Selon un plan gouvernemental dévoilé par la presse officielle, Pékin vise 5 000 véhicules à hydrogène sur les routes l'an prochain, 50 000 d'ici 2025 et un million en 2030 --un objectif modéré vu son colossal marché automobile (28 millions de véhicules vendus l'an dernier). Le projet est largement défendu par Wan Gang, ancien ministre des sciences et de la technologie, et principal architecte de l'émergence du véhicule électrique en Chine.
L'hydrogène "est la prochaine étape logique pour réduire les émissions (polluantes), en résolvant certaines difficultés des véhicules électriques, comme l'autonomie et le temps de recharge, tout en réduisant la consommation d'électricité", observent les analystes de Fitch Solutions.
Selon Xavier Mosquet, du cabinet BCG, la pile à combustible hydrogène pourrait être "une solution intéressante" pour les poids lourds, pour lesquels les batteries électriques (puissance limitée, temps de recharge) sont moins adaptées. Véhicules utilitaires et bus pourraient être privilégiés.
Aiguillonnés par les autorités, des constructeurs chinois intensifient leurs préparatifs, à l'instar de SAIC (qui fait déjà circuler des bus à hydrogène) et Great Wall Motors. Spécialiste des SUV, ce dernier prépare sa première voiture à hydrogène pour 2020 avant un lancement commercial en 2023. "Aucune contradiction avec les voitures électriques! Les deux stratégies sont complémentaires: les poids lourds ne pourront pas fonctionner purement avec des batteries", explique son vice-président, Zhao Guoqing, au salon automobile de Shanghai.
La pile à combustible coûte néanmoins encore très cher compte tenu des faibles volumes produits: pour l'instant, seuls les japonais Toyota et Honda, et le sud-coréen Hyundai, se sont lancés dans la commercialisation. Toyota a d'ailleurs annoncé l'installation d'un centre de recherche en partenariat avec l’université chinoise de Tsinghua University pour travailler localement sur les technologies de l'hydrogène.
"Les constructeurs chinois devront investir des capitaux élevés pour développer ou acquérir les technologies. Toyota et Honda mènent la course en tête", selon Fitch Solutions. De l'avis général, Pékin pourrait cependant propulser l'hydrogène à coups de généreuses subventions et d'incitations réglementaires, des méthodes déjà employées pour faire décoller les ventes de voitures électriques.
Et l'Europe ?
L'Europe, elle, n'entend pas louper le virage: l'Allemagne a lancé un programme pour atteindre 400 stations de distribution d'hydrogène d'ici 2023 et Paris a adopté un plan de 100 millions d'euros pour soutenir la filière hydrogène, axé notamment sur l'automobile.
Avec AFP
Illustration : Toyota