Tout commence à la toute fin des années 30, avec la création par Alois Ruf senior d’un garage et d’une station-service Auto-RUF à Plaffenhausen. La petite entreprise familiale élargit ses activités, avec une concession Fiat puis BMW (sic) à la charnière des années 50-60, ainsi que la conception d’un autobus qui connaît un joli succès commercial dans l’Allemagne d’après-guerre.
La passion Porsche
Tout bascule quand, en 1963, Alois Ruf et son fils, au volant de leur autobus, croisent sur la route une Porsche 356 accidentée. Après avoir emmené le conducteur l’hôpital, Alois Ruf rachète la 356 accidentée et se promet de réparer la voiture : c’est le coup de foudre et le début d’une relation très spéciale entre Ruf et le constructeur allemand. La voiture est restaurée au bout d’un an et, par pur hasard, revendue à très bon prix. On repère le bon filon, ce qui incite la famille à développer une nouvelle activité autour de la réparation et de la maintenance des Porsche. Le fils, Alois Junior, attrape aussi le virus de la marque dans les années 60, en découvrant la 911 puis en assistant aux courses des 917.
En 1974, Alois Ruf père décède et son fils, à seulement 24 ans, hérite de l’entreprise familiale avec l’ambition d’aller plus loin : préparer des versions optimisées et améliorées des Porsche usine. Dès 1977, la première préparation sort : une Porsche 930 3.0 litres turbo de 260 chevaux, dont le moteur est réalésé à 3.3 litres, pour une puissance portée à 303 chevaux avec la greffe d’une transmission à 5 rapports. Ce modèle est suivi dès 1978 par une Porsche atmosphérique SCR de 217 chevaux. Les clients adorent, les commandes augmentent, le succès vient.
Constructeur audacieux
La consécration arrive en 1981 quand RUF obtient des autorités fédérales des transports le statut de constructeur à part entière, puisque RUF part de châssis nus de base et construit ses propres modèles et pièces, avec une transmission 5 rapports développée en interne. Dans les années 80, RUF sort consécutivement en 1984 la BTR de 370 chevaux, puis, en 1987 la légendaire CTR « Yellow Bird », dérivée de la 911 Carrera 3.2. Grâce aux 470 chevaux et 553 Nm de couple du flat-six turbo, elle atteignait les 342 Km/h, ce qui lui vaudra à l’époque le record de vitesse pour un véhicule de série, qui sera battu quelques années plus tard par la McLaren F1.
Depuis, RUF n’a cessé de décliner sa gamme et de dévergonder encore plus les Porsche, tout en proposant des transformations pour les clients adeptes du classique et les mordus de « Resto-mod ». La plus puissante demeure la CTR3 de 2012, qui grimpe à 777 chevaux (dans la version Club Sport dotée d’un kit aéro agressif). La dernière née, en attendant un possible Rodeo, est la RUF CTR 2017, qui, tout en évoquant le style de la Yellow Bird, est un modèle entièrement développé en interne avec un châssis monocoque en carbone, une boîte 7 vitesses manuelle pour les puristes, le tout étant propulsé (catapulté même) par un 6 cylindres Biturbo de 710 chevaux.
Pour le plaisir des yeux, des oreilles et le goût de l’histoire, RUF vient de publier sur Youtube une vidéo anniversaire de grand style. Les Allemands savent entretenir la passion automobile et la conjuguer avec l’efficacité commerciale. Chapeau !
Images : RUF, wikimedia
Le reve automobile une ruf ctr 2?