Issu d’une famille modeste, Giovanni Battista Pirelli entreprend de brillantes études qui le conduisent à l’institut technique supérieur de Milan où il obtient en 1870 son diplôme d’ingénieur industriel. Pirelli est aussi un homme de convictions, fervent partisan du Risiorgimento et de l’unité de la nation italienne qui s’est engagé dans la légion des volontaires de Garibaldi lors de la guerre d’indépendance de 1866 contre l’Autriche. Ses brillants résultats universitaires lui permettent de bénéficier d’une bourse, avec laquelle il entreprend un voyage d’études dans toute l’Europe. Cea lui permet d’engrenger de l’expérience et de découvrir les méthodes de production les plus modernes, notamment dans le secteur du caoutchouc.
Une entreprise éclectique
Par conséquent, à son retour dans la capitale lombarde, il fonde en 1872 la société Pirelli et Compagnie qui se spécialise dans la fabrication d’objets en caoutchouc. La production est alors très diversifiée, allant des courroies et des tubes aux produits imperméables et textiles. Tout en assumant une carrière politique locale, Pirelli développe son entreprise, par exemple dans le domaine des cables sous-marins, que la société installe en Mer Rouge et en Méditerrannée pour le compte du gouvernement. Mais le grand tournant, c’est le lancement en 1890 de la fabrication de pneumatiques de vélos, puis, en 1901, celle des pneumatiques automobiles.
L’expansion
Au début du XXème siècle, Pirelli s’internationalise. Avec l’aide de ses fils, plusieurs filiales ouvrent en Europe et en dehors du continent. La première, en Catalogne en 1914, suivies par d’autres filiales en Grèce, en Turquie, en Allemagne, en Argentine et au Brésil. Pirelli participe évidemment à l’effort de guerre national, la motorisation croissante des armées ayant évidemment besoin de pneumaticiens, mais la reconversion de guerre est délicate avec une fonte drastique des effectifs employés.
La société est cotée à la bourse de Milan en 1922 puis en 1929 à celle de New York. Pirelli était aussi homme politique et le 4 avril 1909, le roi Victor Emmanuel III le nomme sénateur à vie. En 1919, il assume la charge de président de la Confédération Générale de l’Industrie Italienne. Il meurt le 20 octobre 1932 à Milan. Ses fils Alberto et Piero Pirelli – qui fut aussi président de l’Inter de Milan – poursuivront le développement de son empire industriel.
C’est aussi le temps des premiers investissements en compétition, en cyclisme avec la grande équipe Bianchi, ou en automobile avec Alfa Corse et la Scuderia Ferrari. Pirelli est aussi synonyme d’innovation. En 1927, elle lance le premier pneu diagonal au monde, le Superflex Stella Bianca.
Renaissance, glamour et innovation
Après la Seconde Guerre mondiale, c’est la reconstruction. La politique aventureuse de Mussolini a compromis la santé de l’entreprise et les usines Pirelli ont été détruites par les bombardements alliés, mais l’entreprise se redresse rapidement et accompagne le « miracle économique italien ». En 1958 est inauguré le gratte-ciel Pirelli, bâtiment emblématique de l’arcihtecture rationaliste italienne, qui sera le siège de la firme avant son rachat par la région de Lombardie en 1977.
Au début des années 50, Pirelli présente le premier modèle de pneu à carcasse textile : le Cinturato CF67. La concurrence est forte avec Michelin, et l’entreprise italienne développe aussi un côté glamour inédit avec le lancement en 1964 du calendrier Pirelli, qui reste encore aujourd’hui une référence de l’art photographique et de la séduction. Pirelli fait plusieurs acquisitions, lance le pneu à profil bas à la fin des années 70 puis connaît une période de difficultés. Michelin prend le dessus dans l’innovation et tout en se diversifiant dans les télécommunications et la fibre optique, les tentatives de rachat de Firestone puis Continental à la fin des années 80 sont des échecs qui placent Pirelli en difficulté.
Sans maîtrise, la puissance n’est rien !
Au début des années 90, une resructuration est engagée et Pirelli retrouve la voie de l’innovation avec le lancement pubic de la gamme des pneus sportifs ultra plats P Zero, qui vont connaître un succès croissant dans le monde de l’automobile sportive. Le Groupe B, avec la Delta S4 en 1985/1986, puis le Mans avec la Ferrari F40 ont servi de laboratoire à ces pneus révolutionnaires. Après avoir encore élargi son pole télécommunications et immobilier jusqu’à la fin du siècle, Pirelli décide de se recentrer au début des années 2000 sur son activité de pneumaticien, cèdant peu à peu ses branches télécoms, mais elle lance en parallèle le studio Pirelli Design qui propose des gammes de vêtements, d’accessoires de mode et de mobilier.
Pavillon chinois et sport à tout va
Pirelli investit massivement le sport automobile. La gamme P Zero n’a cessé d’évoluer et sa conception faite pour les hautes performances lui permet de chausser McLaren, Pagani ou encore Maserati. Le Trofeo Pirelli est lancé en 2010 et témoigne d’un partenariat toujours plus fort avec Ferrari.
En 2012, après plusieurs passages épisodiques, l’entreprise prend la relève de Bridgestone comme fournisseur unique de la Formule 1. Pirelli devient ensuite fournisseur officiel du Superbike en 2015, puis du WRC à partir de 2021. Malgré les critiques récurrentes qui surgissent sur les pneus proposés en course, le championnat de F1 offre une énorme visibilité à l’entreprise, qui accompagne cette année la transition vers les roues 18 pouces. Le destin de l’entreprise change encore en 2015 avec le rachat par le consortium chinois ChemChina pour 7 milliards d’euros. Le siège social a beau rester à Milan, cette acquisition fait l’effet d’une bombe et provoque un vrai tollé en Italie, tant la reprise de ce fleuron industriel italien est symbolique !
Pirelli est aujourd’hui le 6ème fabricant mondial de pneus. Pour fêter dignement les 150 ans de la marque, une voiture spéciale est engagée au Monte-Carlo : Peter Solberg conduit en effet la fameuse Kimera EVO37, un restomod très réussi de la Lancia Rally 037, dont la livrée rend hommage à l’âge désormais canonique du manufacturier italien !
Sources et images : wikipedia, Pirelli, pinterest, Kimera
Sans maîtrise, la puissance n’est rien !
Le meilleur slogan du monde
Le plaisir de la conduite n’est pas dans la ligne droite !
Amusant que le P étiré soit arrivé si tôt dans l’histoire de l’entreprise.
Et la Kimera est très chouette à voir sur le Monte-Carlo.
Ah le calendrier Pirelli ?