Rétro : Alfa Romeo Giulia, une belle sexagénaire !

Taillée par le vent

Le développement de l’Alfa Romeo Giulia Tipo 105 a été mis en pratique dès 1959 en utilisant une partie de la mécanique et des solutions techniques déjà disponibles sur la Giulietta. Philosophie et gabarit sont similaires. Chez Alfa Romeo on préfère montrer qu’on sait faire des voitures pas comme les autres, de penser l’aérodynamisme, de s’intéresser au style, d’imposer son propre dynamisme et de changer fortement le schéma structurel. On préfère donc garder l’iconique quatre cylindres à double arbre en aluminium et cames en tête, mais la cylindrée passe de 1.3 à 1.6 litre avec, comble du raffinement, des soupapes d’échappement refroidies au sodium : le reste, notamment au niveau des lignes, est mis de côté.

Alfa investit dans une usine de production moderne et avant-gardiste, se concentrant sur un emplacement d’environ 15 kilomètres de Milan : Arese, en introduisant également une piste d’essai sans précédent. L’idée était de produire environ 150 000 nouvelles Alfa Romeo chaque année à Arese grâce à une extension de plus de 2,5 millions de mètres carrés. Cependant, en raison de retards de production, l’usine n’est inaugurée qu’en 1963 avec la Giulia GT.

Parmi les caractéristiques de rupture entre la nouvelle Alfa Romeo Giulia et l’ancienne Alfa Romeo Giulietta, on note d’abord un net abandon des lignes arrondies. Parmi les slogans qui accompagnaient la nouvelle Giulia à l’époque, on retint le « designed by the wind » . Les valeurs ont été étudiées à l’aide de la soufflerie de l’École polytechnique de Turin. La face avant à section réduite avec un profil surbaissé, une inclinaison du pare-brise revue avec des coins arrondis et même des rayures qui contribuent à revoir les valeurs de résistance à la baisse : il en ressort que la Giulia parvient à garantir un Cx de 0,34 qui devient la meilleure donnée parmi celles obtenues par les berlines de son époque. Une valeur parfaite pour garantir un rapport idéal entre performance et consommation.

La sportivité à l’état pur

Toujours en vertu d’une plus grande attention portée à la sécurité, la boîte de vitesses est installée derrière le moteur contre le pare-feu. Toutes les pièces mécaniques sont fixées avec des supports pour les empêcher de pénétrer dans l’habitacle, tandis que la colonne de direction a été conçue pour éviter de heurter la tête ou la poitrine du conducteur en cas d’accident au volant. Les dossiers des sièges avant avaient un rembourrage accru tandis que le pare-brise était éjectable et les bords à l’intérieur de l’habitacle étaient absents.

La première Alfa Romeo Giulia commercialisée est la Ti, pour Turismo Internazionale. Avec 4,14 m de long, 1, 56 mètre de large et 1,43 mètre de haut pour environ 1000 kilos, elle offre un compromis idéal entre habitabilité et sportivité. Le 1.6 de 92 chevaux est accompagné d’une boîte de vitesses à cinq rapports, une rareté pour les voitures de l’époque. Les suspensions avant disposaient de deux quadrilatères superposés, tandis que l’essieu arrière restait fidèle au pont rigide mais avec des points d’ancrage particulièrement étudiés pour les ressorts hélicoïdaux et les amortisseurs. Avec 170 Km/h de pointe, la Giulia de 1962 propose des valeurs exceptionnelles pour une berline de son temps.

déclinée à l’envie

Dès 1963, la gamme est complétée par la variante Ti Super plus légère, avec le coffre et les portières en aluminium, une lunette arrière et les vitres des portes arrière remplacées par du plexiglas, deux phares en moins sur la calandre et, bien évidemment, le quadrifoglio verde apposé sur les ailes. Abaissée à 910 kilos, elle est aussi plus puissante et prête à l’homologation dans les compétitions de tourisme. Le moteur est porté à 112 ch grâce à l’alimentation par deux carburateurs double corps Weber, des soupapes de plus gros diamètre et des arbres à cames retravaillés. Elle dispose de quatre freins à disques, de jantes en alliage Campagnolo et d’un levier de vitesse déplacé au plancher.

En 1965 vient la Giulia Super, avec un moteur de 98 chevaux gavé par deux carburateurs horizontaux Weber ou Solex à double corps. En 1967, la version d’entrée de gamme n’est plus la Ti, mais la 1600 S avec un moteur de 95 chevaux et une instrumentation inspirée de celle de la Super. La déclinaison se poursuivra à l’infini avec la Sprint GT griffée par Giugiaro, les TZ et TZ2 de Zagato, le spider Duetto, etc, sans oublier évidemment la GTA préparée par les sorciers d’Autodelta, qui, en combinant un poids abaissé à 745 kilos et un moteur gonflé à 112 cevaux chevaux, dépassait les 185 Km/h, et bien plus encore dans les versions de compétitions gonflées à 170 chevaux.

La Giulia, née en plein « miracle économique italien », incarne donc à la fois une entrée fracassante dans la modernité pour le Biscione, mais aussi une forme d’apogée en compétition, marquée par les duels emblématiques contre BMW dans les courses de tourisme.

(2 commentaires)

  1. J’ai pas compris pourquoi Alfa n’a pas surfé sur la vague des néo-rétro en sortant une interprétation moderne du coupé Bertone. Il y avait de la place

  2. l’auto de la polizia, guardia di finanza, tant vue dans les 1ers voyages en Italie , avant l’Alfetta . Avant l’invasion VW chez les italiens , c’était l’icone de la bonne auto . Les boites 5 vitesses depuis les Giulietta équipaient toutes les alfa . En Italie les années 70: Fiat , Innocenti, autobianchi, mais Alfa Roméo Giulia partout.

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