Construit en un temps record !
Le circuit a connu une première phase d’améliorations des infrastructures dans les années 80 mais aujourd’hui encore, enserré entre les chemins de promenade du parc, ce circuit garde ce côté « ancien » et n’offre pas forcément les standards des tracés ultra modernes. Pourtant, il a une âme et, quand on déambule sur l’ancien banking, aujourd’hui désaffecté et ouvert aux promeneurs et cyclistes, on a l‘impression de voyager dans le temps et d’arpenter un site archéologique.
Monza ne saurait se résumer cependant aux drames. C’est aussi un lieu chargé d’émotions et d’exploits à travers un siècle de sports mécaniques. La folie des tifosis, les victoires enflammées de la Scuderia, l’arrivée folle de 1971 avec 5 pilotes en une seconde, la cabriole de Warwick dans la Parabolica en 1990, le salto de Christian Fittipaldi sur sa Minardi en 1993, l’accrochage Hamilton-Verstappen en 2021, les désillusions de Jean Alesi, la victoire folle de Vettel en 2008 sur Toro Rosso et de Pierre Gasly en 2020, etc. Malgré l’ajout progressif de chicanes (les variante Rettiflio et Ascari en 1972, Roggia en 1976), le circuit n’a pas été dénaturé et conserve un caractère unique. Il demeure le dernier circuit de pure vitesse en F1, alors que son comparse allemand, Hockenheim, a été profondément raboté en 2002.
Du sang et des larmes
Pour célébrer le 25e anniversaire de sa création, l’Automobile Club de Milan décidé début 1922 la construction d’un circuit, ce qui est encore rarissime à l’époque en Europe. Même si le régime fasciste de Mussolini, qui arrive peu après au pouvoir, se hâte de récupérer à des fins propagandistes la volonté du projet – à l’image des nazis qui ont usurpé l’idée des autoroutes au régime de Weimar en Allemagne – le projet est supervisé par la société pour l’essor de l’automobile et des sports, ainsi que par l’office national des combattants, une association caritative créée après la guerre et propriétaire du parc de Monza. En effet, le circuit vient se nicher en plein cœur de l’immense parc de Monza, le 4ème plus grand d’Europe, qui s’étale sur plus de 600 hectares et fut aménagé en 1808 sous l’impulsion d’Eugène de Beauharnais.
C’est un chantier inédit en Italie, où l’on est plutôt habitué aux courses sur des routes ouvertes, comme la Targa Florio ou les Mille Miglia. Les travaux commencent le 15 mai et sont achevés en seulement 110 jours ! Lors de son inauguration, ce n’est que le 3ème circuit permanent au monde, après ceux d’Indianapolis et Brooklands. Conçu par l’architecte Pietro Puricelli, le tracé initial de 10 km combine deux circuits, un circuit « routier » de 5,5 km et un anneau de vitesse de 4,5 km formé de deux lignes droites reliées par deux virages relevés. À peine terminé et inauguré le 3 septembre 1922, l’autodrome est le théâtre, le 10 septembre 1922, du deuxième Grand Prix d’Italie, remporté par Bordiono sur Fiat Tipo 804, à la vitesse moyenne de 142,574 km/h.
Une âme unique en F1
Réputé pour ses hautes vitesses, dans le cadre majestueux et intimidant des espaces arborés du parc, le circuit prend rapidement le surnom de « temple de la vitesse ». C’est ici que se tient toujours le record de vitesse de pointe, fixé par Montoya en 2005 à 372,6 Km/h !
Mais Monza est aussi un circuit dangereux, et son histoire est jalonnée de drames : en 1928, Emilio Materassi perd le contrôle suite à un accrochage dans la ligne droite et se tue, emportant ave lui 23 spectateurs. En 1933, à quelques heures d’intervalle lors de deux courses différentes, trois grands pilotes de l’époque se tuent sur l’ovale : Giuseppe Campari, Borzacchini et le compte Czyakoswki. Le banking est une premère fois abandonné et le tracé est parsemé de chicanes qui lui enlèvent son identité de tracé ultra rapide.
En 1954, le principe du tracé de 1922 revient et le circuit combine la partie routière et l’anneau de vitesse avec ses deux virages relevés (les « bankings »), pour développer à nouveau 10 km. Les voitures roulent parallèlement au niveau de la ligne droite principale. Avant les stands, la courbe qui raccorde les deux sections, en forme de demi-cercle, est de ce fait baptisée « Curva Parabolica » et devient l’un des virages mythiques de la F1.
C’est sur ce banking qu’a lieu le final spectaculaire du film Grand Prix de John Frankenheimer, dans lequel le pilote Ferrari Jean-Pierre Sarti, incarné par Yves Montand, se tue. En effet, malgré les nombreuses évolutions au fil du temps , les drames frappent encore et encore le circuit. C’est à Monza que Wolfgang Von Trips en 1961, Jochen Rindt en 1970, le pilote moto Jarno Saarinen en 1973, Silvio Moser en 1974 et Ronnie Peterson en 1978 y perdent la vie. En 2000, suite à un carambolage général à la variante Roggia au départ, un commissaire de piste est tué, frappé de plein fouet par une roue.
Et dire que Domenicali dit que Monza va devoir se transformer pour continuer d’accueillir la F1…quand même un Italien veut détruire l’histoire de son pays, d’un circuit comme Monza….
Cette « pression » sert surtout à faire cracher les promoteurs au bassinet !
Maudit soit le covid qui a engendré l’annulation des travaux prévu pour le centenaire