Un étonnant artisan de l’électrique
Fondée à Turin par Giovanni Moretti en 1926, l’entreprise se consacre d’abord à la production de motos, puis de trois-roues et de motos légères. Dans les années 1930 sort la Moretti 500, une petite voiture trois places dotée d’un moteur avant bicylindre de 500 cm³ et d’une propulsion arrière. Au début de la guerre, étant donné la rareté du carburant, Moretti construisit un camion à propulsion électrique appelé Elettrocarro et, avec le même type de moteur, produit une voiture Elettrovettura qui peut accueillir jusqu’à sept passagers. La production des deux véhicules était limitée et aucun exemplaire n’a survécu.
Après la guerre, Moretti revient aux véhicules conventionnels et présente la Cita, une microcar qui connaîtra un certain succès. Elle embarquait un bicylindre de 350cc avec refroidissement par eau. Avec 14CV, elle atteignait tout de même 90 km/h. La production Moretti se caractérise par un haut degré de finition et par la possibilité d’obtenir les modèles dans de multiples configurations de carrosserie qui comprennent, outre la berline , également le coupé , le spider et le break . La Cita suivie par les modèles 600 et 750.
Au diapason de FIAT
Cependant, dans le courant des années 50, Moretti doit affronter l’avènement de la Fiat 600 et, plus tard, de la Fiat 500, autrement plus abordables que ses modèles, qui avaient des coûts élevés de production en petites séries. Vers la fin des années 1950, l’entreprise décida de suspendre la production de ses propres modèles pour se consacrer à la réalisation de carrosseries spéciales sur des mécaniques de série.
Moretti met à profit ses bonnes relations avec Agnelli pour obtenir des plate-orme FIAT et atteint son apogée dans les années 60, produisant une série impressionnante de préparations basées FIAT, toujours distinguées par d’excellents niveaux de finition et d’assemblage et, souvent, conçues de main de maître. En 1964, Moretti SpA agrandit son siège social, comptait 145 employés et sa production annuelle était de l’ordre de 1 500 unités.
Moretti œuvre aussi sur des versions spéciales d’autres marques, notamment Alfa Romeo, pour réaliser une Giulietta Speciale ou encore la 1200 Competizione, une barquette qui reprend le bialbero du Biscione, ou encore Maserati avec un modèle unique 3500 GT.
L’apogée des années 60
Après une longue période de développement, la Moretti 500 Coupé est présentée en 1964, sur un châssis Fiat Nuova 500 D puis Fiat Nuova 500 F, qui connaît un bon succès commercial, restant en production jusqu’en 1969. Comme pour les versions précédentes, Moretti confie la carrosserie à Giovanni Michelotti qui dessine une petite voiture élégante. L’habitabilité fut très appréciée par la partie de la clientèle qui choisissait les voitures « custom » et, en particulier, par les femmes qui décrétèrent son succès, à tel point qu’environ 25 000 unités furent produites. La voiture était équipée d’un moteur 2 cylindres de 499,5 cm³ qui délivrait une puissance maximale de 22 CV à 4 400 tr/min pour atteindre 115 km/h. Ce modèle fut rejoint, en 1966, par la version « 595 SS » avec un moteur amélioré à 28 CV et une vitesse maximale de 130 km/h, ainsi que d’autres caractéristiques sportives, comme le tableau de bord avec manomètre d’huile et modifié et roues vitrées auto-ventilées.
La 850 « Sportiva » est un autre modèle à succès, qui existait dans de nombreuses variantes pour permettre aux clients de personnaliser la voiture et, en plus du choix habituel de couleurs et de tissus pour l’intérieur, obtenir des finitions et des équipements de grand prestige pour l’époque, comme des vitres électriques, des fenêtres métalliques ou jantes à rayons Borrani. Moretti avait vraiment anticipé la personnalisation pour une clientèle huppée.
Des modèles encore plus puissants sont aussi développés, comme la Moretti 2500 SS Coupé 1963/64, avec carrosserie conçue par Giovanni Michelotti et une base Fiat 2300. Porté à 2 454 cm3 et 170 ch, sinon la configuration normale de FIAT a été utilisée. On pense qu’il n’y en a qu’une vingtaine jusqu’au maximum.
Des voitures de niche, puis la lente disparition
Dans les années 70, sur fond de crise économique, de rationalisation industrielle et de recul des voitures plaisir, l’entreprise doit réduire considérablement la gamme proposée, changeant le nom de l’entreprise en Moretti Sas.
La marque finit par se limiter à la fabrication des très petites séries comme l’Abarth Moretti 1000 coupé basée sur une Fiat 127, et surtout à produire des versions spéciales FIAT comme les voitures de loisirs Spiaggine 126 Minimaxi et 127 Midimaxi ainsi que les raffinées 128 Coupé et 128 Roadster. Cette politique se poursuivra également dans la décennie suivante, mais avec moins de succès commercial, avec le « Uno Folk » et le « Panda Rock ». Moretti propose aussi en 1978 une Giulietta Folk, conversion break de la berline, mais sans lendemain. Moretti finit par disparaître en décembre 1989.