On va encore me reprocher que ce n’est pas une « brève » rencontre. Il est vrai que la Tatra 613 fut produite près de 30 ans.
Mais il s’agit d’un véhicule « exotique », de ceux qui animaient les pages « reste du monde » des annuels de l’Auto-Journal et de l’Automobile Magazine.
Comme nombre de véhicules issus des pays de l’est, les Tatra ne resistèrent pas longtemps à la chûte des régimes communistes: les habitants ne voulaient plus de ces véhicules souvent techniquements dépassés et qui leur rappellaient trop de mauvais souvenirs…
L’histoire de Tatra remonte à 1850 avec un atelier de voitures hippomobiles, dans ce qui s’appelle alors l’Autriche-Hongrie. Ils produisirent des wagons avant de passer à l’automobile en 1897. En 1919, la Tchecoslovaquie naît et l’entreprise devient Tatra (du nom d’une chaîne de montagnes.) Dés 1933, ils commencent à produire leurs fameuses limousines à moteur V8 en porte-à-faux arrière. En 1946, le Tchecoslovaquie devient communiste et l’usine est nationalisée.
Mais le « hit » de Tatra, c’est la 603, apparue en 1957. Avec ses formes rondouillardes, elle ne ressemble à aucune autre voiture. C’est la voiture des cadres du régime et on ne compte plus ses apparitions dans les films d’espionnage…
En 1969, elle est logiquement remplacée par la 613 (même si la 603 reste au catalogue jusqu’en 1975.) La carrosserie est signée Vignale (l’un de ses tout derniers dessins avant qu’il ne vende à Ghia) et si elle ressemble vaguements aux Simca 1307-1308, il faut noter qu’elle a 6 ans de moins!
En plus, son V8 3,5 litres de 165ch permet à l’heureux haut-fonctionnaire de croiser à 200km/h. A noter qu’il existera des Tatra 613 rallongée, un Landaulet et des ambulances. Le coupé, en revanche, restera un prototype.
La 613 évolue doucement: gros lifting pour 613-3 de 1986 (apparement, il n’y a jamais eu de 613-2) et moteur catalysé pour la 613-4.
En 1992, la Tchecoslovaquie se divise et Tatra se trouve désormais en Tchequie. L’usine est privatisée, mais les investisseurs ne se battent pas. D’environ 1000 exemplaires par an, la production tombe à une centaine d’unité. La T700 de 1996, très modernisée, reçoit des sièges Reccaro, une TV, un magnetoscope et un PC! Tatra tente même d’exporter en Allemagne. Mais elle ne peut pas lutter face aux BMW et autres Mercedes.
En 1997, Tatra tente une dernière fois sa chance avec la Beta, une camionette maladroite avec un moteur 4 cylindres Hyundai accouplé à une boite Skoda. C’est un flop et l’entreprise, qui produit également des camions, abandonne l’automobile.