Lancia fait aujourd’hui figure de belle endormie. Plus qu’à espérer que celles produites en Chine inversent la tendance… Justement, saviez-vous que ce n’était pas la première fois que des Lancia étaient produites hors d’Italie? En effet, dans les années 30, la marque disposait d’une unité en France, exactement comme Fiat/Simca (qui avait racheté Donnet) ou Ford S.A.F. Il s’agissait d’une authentique usine (et non d’assemblage de kits transalpins), même si un seul modèle était proposé.
Vicenzo Lancia débuta sa carrière comme… Comptable chez Ceirano. La marque se fait absorber par Fiat et il se retrouve pilote « usine » pour le géant Turinois. Ce n’est pas encore assez et dés 1906, à 25 ans, il fonde sa propre marque. Au début des années 30, il rêve d’exporter. Sauf qu’en France, les étrangères sont surtaxées à 150%. Il faut une usine sur place.
Elle sort de terre en 1933. La première Lancia Française est l’Augusta, qui devient Belna, en 1934, lorsqu’elle traverse les Alpes. C’est une voiture très moderne: V4 1,2l 35ch et 105km/h en pointe, carrosserie monocoque et roues avants indépendantes. Une « 7 » fait aussi bien, mais avec 400cm3 et 200kg de plus… En revanche, la « 7 » ne coûte que 18 000frs, contre 23 000frs pour la Franco-italienne.
Georges Paulin, l’homme qui a développé le principe du coupé-cabriolet, n’était pas un employé de Peugeot. Dés 1934, il crée des Belna « éclipse » (il y eu plus tard une Bentley « éclipse »), mais avec toit à commande manuelle.
En 1937, l’Augusta/Belna laisse place à la mythique Aprilia (Ardennes pour le marché Français.) Avec ses 4 roues indépendantes et son cx de 0,41, elle est encore plus moderne. Le V4 poussé à 1,3l offre 48ch (autant que le 1,9l d’une « 11 »!) Elle ne pèse que 900kg et permet d’atteindre 125km/h. Voici un très rare cabriolet Pourtout 1939.
Hélas, Vincenzo Lancia ne vera jamais l’Aprilia/Ardennes: il est foudroyé par une crise cardique, en février 1937, peu avant sa présentation. Son fils Gianni prend les commandes. Mais il n’a pas le charisme necessaire. L’usine de Bonneuil sur Marne ferme avec la guerre après 3000 Belna et 1600 Ardennes (soit 10% environ des Lancia produites à l’époque en Italie) pour ne jamais rouvrir. Endetté, Gianni revend à Fiat en 1953.