Brève rencontre: Autobianchi Y10

Elle séduisait une clientèle féminine bobo avant l’heure. Pour Lancia, c’était surtout l’époque du réseau Chardonnet, où il se vendait près de 20000 voitures par an dans l’hexagone, soit 4 fois plus qu’aujourd’hui…

Autobianchi est née en 1955. Ses parrains étaient la vieille firme Bianchi, Fiat et Pirelli. Le premier modèle de la marque fut la Bianchina/eden Roc, une Fiat 500 embourgeoisée. Puis il y eu la Primula, première traction avant du groupe (elle aurait du d’ailleurs naître avec un badge Fiat, mais Turin était trop frileux.) Dans les années 70, l’A112, censée être une tueuse de Mini, fit chavirer le coeur de nombreuses femmes. Mais l’A112 pensa aux hommes avec la version Abarth…

Au salon de Genève 1985, Autobianchi présente la remplaçante de l’A112: l’Y10. Conçue sur une base de Panda, il est néanmoins difficile de voir le lien de parenté. Autant l’une offre le minimum, autant l’autre propose une ligne très futuriste pour l’époque, un intérieur correctement équipé, un essieu arrière « Omega » et une boite 5. Sous le capot, on retrouve le 1,0l « Fire » (Fully Integrated Robotized Engine) de 45ch. Sauf que chez Autobianchi, il y a également un moteur de 1,05l atmo (56ch) ou turbo (85ch; à ne pas confondre avec le moteur de la Uno Turbo, qui était un 1,3l.)

S’il y a un qui fait la tête, c’est Chardonnet. L’A112 était un hit. Entre les deux générations, on gagne 12cm de long (total: 3,4m), 2cm de large (total: 1,5m) et 6cm de haut (total: 1,42cm.) Avec 770kg sur la balance, l’Y10 affiche 120 unités de plus que l’A112, que les 3ch supplémentaires ne peuvent effacer. Bref, l’Y10 n’a plus ce côté gros kart qui se faufile partout qui plaisait tant à la clientèle. Seul point positif: avec 6l aux 100, la consommation descend d’1l! Quant au tarif, à 42000frs pour la Fire, il ne faut débourser que 3000frs de plus.

La ligne de l’Y10 partage: on aime ou on n’aime pas. L’autre défi de l’Autobianchi est d’exister face aux rouleau-compresseur Fiat Uno (en Europe) et autres 205 ou Supercinq, alors qu’elle est plus petite, qu’elle n’est disponible qu’en 3 portes et ne possèdera jamais de diesel au catalogue. Son succès est donc d’autant plus mérité.

En 1989, première vague d’évolution. Une version 4WD fait son apparition, munie d’une transmission débrayable. Cette année-là, il y eu également une très chic version Fila.

En 1990, l’Y10 troque son badge Autobianchi pour un Lancia (même si le logo Autobiannchi restera encore une dizaine d’année sur les catalogues), tandis que Chardonnet perd l’importation des Lancia (la c…. du siècle.) L’Y10 reçoit un lifting très léger. Le 1,05l disparaît au profit d’un 1,1l de 57ch (déjà présent sur la 4WD.) Autre nouveauté, la GT ie et son 1,3l atmo de 78ch, qui remplace la Turbo, trop brutale.

Fin 1992, l’Y10 subit un gros lifting avec de nouvelles faces avant et arrières, ainsi qu’un nouveau tableau de bord. On remarque aussi les teintes plus chatoyantes. Désormais, Lancia veut faire dans le luxe: le 1,0l disparaît, tandis que la 1,1l « de base » offre le prééquipement radio, les vitres teintées et le volant réglable pour 53 800frs (moins cher qu’une 205 Junior)! De son côté, la 1,3l abandonne son jogging (qui ne lui allait pas) pour avoir une présentation identique aux 1,1l. Une transmission à variateur (d’origine Daf/Fiat) est proposée.

Puis c’est l’habituelle fin de carrière: les séries limités se multiplient, le 1,3l disparaît en 1994, la 4WD s’efface en 1995 et en novembre de la même année, l’Epsilon est présentée à Rome.

Combien de Y10 furent fabriquées? 800 000 répond Wikipedia, « plus d’un million » d’après l’Automobile Magazine. Cela représente tout de même environ 100 000 voitures par an, à comparer aux 250 000 produites alors par Lancia. Gràce à sa ligne personnelle et son badge prestigieux, l’Y10 est, d’après moi, un futur collector. Alors, si vous en avez une en bon état, gardez-là bien au chaud…

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