L’Alfa Romeo 75 a été produite de 1985 à 1992 et reste la dernière émanation d’une longue lignée de berlines Alfa à propulsion. Cette familiale qualifiée « d’objet de culte » par ses promoteurs de l’époque est, en effet, le 4°modèle de la lignée des classiques du constructeur milanais, avec moteur double arbre avant, boite de vitesses à l’arrière et pont de Dion. Après la « 90 » remplaçant l’Alfetta, la 75 succède ainsi à la Giuletta…
Commercialisée en France en Juillet 1985, la gamme débute avec un 1,6 l de 110 ch pour se poursuivre avec un 1,8 l de 120 ch et un 2 l de 128 ch. Le marché français se voit privé de la version 2,5 V6. En 1987, les motorisations se modernisent avec l’apparition du concept « Twin Spark », soit un 2 l double allumage de 148 ch, mais touche à la félicité avec un superbe V6 3 l de 188 ch qui sera ensuite porté à 192 ch. L’acoustique de ce dernier, bien que moins feutrée que le fameux 2,5 l faisant le bonheur du coupé GTV, s’inscrit parmi les plus belles mélodies de la production automobile. Entre-temps, en mars 1986, était apparue une motorisation sans doute moins noble mais au tempérament sulfureux: la 1,8 l turbo de 155 puis 165 ch. Propulsion, Turbo, aucune assistance à la conduite, le plaisir du pilotage n’est pas loin…
1987 marque aussi un important rafraîchissement plastique avec l’arrivée des versions « America ». Nouveau bouclier avant, bas de caisse aérodynamiques et béquet arrière. Loin d’alourdir la ligne générale, ces appendices donnent à la 75 une esthétique aboutie. Une « Potenziata » sonnera le début de la retaite avec direction assistée et jantes de 15 pouces.
Les Alfa de cette époque n’étaient ni faciles à vivre, ni dociles à dompter, mais, paradoxalement, c’est ce qui faisait leur charme. Faire chauffer avant d’attaquer, faire reposer avant de mettre en sommeil, être stricte sur les révisions, regarder les niveaux régulièrement, et l’Alfa rendait au centuple ces attentions par des envolées rageuses, des accélérations franches et un grondement sympathique.
L’Alfa 75 est la dernière Alfa Romeo d’une époque où la clientèle achetait la marque en sachant pertinemment qu’on leur vendait d’abord un moteur et qu’il fallait se débrouiller avec le reste. L’heure est à présent aux sigles electroniques annoncés salvateurs dans certaines conditions et aux caisses alourdies. Le plat épicé est passé de l’aigre-doux à l’insipide. Le conducteur déresponsabilisé s’en est parfaitement accommodé. C’est sans doute le progrès et Alfa y a d’ailleurs trouvé les raisons de son éclatant renouveau. Mais ce n’est plus la même histoire…