Une gestation longue et contrainte
Certes, elle est devenue l’héroïne d’un sketch de Dany Boon, mais la Twingo a fait partie de ces modèles marquants de Renault, à la fois bien pensés et décalés. La Twingo est aussi la preuve que, quand les contraintes budgétaires sont fortes, la créativité peut en être décuplée pour trouver des bonnes idées et des astuces. C’est dans les années 80 que le remplacement de la 4L, lancée en 1961, se fait de plus en plus pressant, face au vieillissement du modèle. La remplaçante de la Super 5, la Clio, étant destinée à proposer des prestations routières en hausse pour une citadine (elle a tout d’une grande !), une place se libère pour un petit véhicule d’entrée de gamme bon marché et accessible.
Renault n’est pas à l’aise financièrement dans les années 80, notamment à cause de l’échec de l’aventure américaine, et il faudra développer ce projet à l’économie. Le design est un choix délicat, et plusieurs dessins sont mis en concurrence, dont un de Marcelo Gandini, déjà concepteur des R5 et Super Cinq, qui propose un design très tendu avec un capot plongeant façon « Diablo », mais c’est finalement le design de Jean-Pierre Ploué pour le design extérieur , accompagné de celui de Gérard Gauvry pour l’intérieur qui va s’imposer, malgré de nombreuses réticences : place aux rondeurs – notamment avec les phares arrondis qui seront suggérés par Patrick Le Quément – et à une ambiance jeune, mais aussi place à l’audace, avec le choix d’un profil monocorps encore jamais vu sur une citadine. Les contours sont finalisés en 1988 et se laissent entrevoir dans le concept car Matra P41 de 1990.
à l’économie, mais pas au rabais
Face aux contraintes de coût de développement drastiques, il a fallu faire des choix : la Twingo reprend des solutions techniques très éprouvées avec un châssis dérivé de la Super 5, une boîte de vitesse JB déjà utilisée sur les Renault 9 et 11, et au départ un seul moteur, l’antique 1.2 litre Cléon-Fonte de 55 chevaux inauguré en…1962 sur la Renault Floride S et la Renault 8 ! Peu de choix de couleurs – mais des teintes vives – très peu d’options et un choix anémique de finition avec un seul tissu et deux nuances de gris pour les habillages intérieurs. Il n’y aura même qu’un seul essuie-glace avant ! les seuls équipements de série sont la lunette arrière dégivrante, les vitres teintées, le pré-équipement radio, l’essuie-glace arrière, le bouchon de carburant fermant à clé..
Un espace à bord étonnant
Par contre, cette frugalité se conjugue à de l’inventivité et de l’astuce : le profil, l’aménagement intérieur et les roues excentrées permettent une habitabilité étonnante avec 1,78 mètre de longueur d’habitacle malgré un véhicule de seulement 3,43 mètres de long, sans oublier la fameuse banquette arrière coulissante sur 17 centimètres. Son nom, contraction des mots « twist », « swing » et « tango », sera apposé sur la carrosserie par un lettrage naïf et simpliste, sans même utiliser de pièces métalliques.
Une formule à succès
Mais l’important est ailleurs : avec sa bouille de « grenouille » attachante et plus moderne que le style anguleux encore dominant au début des années 90, sa praticité et son prix relativement compétitif, le tout appuyé par une campagne marketing efficace et des publicités qui ont imprimé la rétine avec les fameux dessins animé et le slogan « à vous d’inventer la vie qui va avec », cette Twingo sera un énorme succès, avec déjà plus de 170000 exemplaires écoulés dès sa première année officielle de commercialisation en 1993. Dès 1994 la 2e collection apportera de nouvelles finitions, de nouveaux coloris et surtout des motorisations plus modernes et davantage d’options (ABS, airbag et pack électrique avec vitres et verrouillage centralisé en 1995, puis l’arrivée du moteur D en 1997 sans oublier la fameuse Easy sans embrayage), la phase 1 s’écoulant jusqu’à la fin de sa carrière européenne en 2007 à plus de 2,6 millions d’exemplaires.
On déterre les archives avec un reportage vintage :
et aussi avec le spot pub de lancement en 1993 :
là pub (avec cette musique géniale de Bobby McFerrin) n’a pas pris une ride !
Mes souvenirs me disent que Renault a proposé pendant un moment une promo Un Espace + Une Twingo, mais je n’arrive pas à trouver des traces. Quelqu’un peu confirmer ?
une promo Twingo+Espace?
un achat groupé?
sinon, il y avait bien eu une pub de la Twingo, surfant sur le succès du monospace Espace
(c’est la même, en plus petit)
http://www.auto-pub.net/page_Renault_Twingo_pubhistoire.htm
J’avais tenté de retrouver cette promo Espace+Twingo qui me dit quelque chose mais il semble que le net ait préféré oublier cette idée marketing.
Pour un camping car acheté, un Dax offert cela se fait également!
C’est une réussite. Très très inspirée de la Honda Today de 1985 voire un peu beaucoup « pompée »…quand même…m…e !
Renault aurait dû pomper aussi la qualité de fabrication de la Honda surtout !
il manque la même en VE…
Pas cher.
sping? twingo ZE ?
Je ne serais pas aussi dithyrambique. Les premiers clients ont été choqués de la consommation du vieux moteur qui n’était absolument pas fait pour être dépollué – près de 9L aux 100 en ville sans forcer. Les clients prenaient RDV avec l’atelier pour faire vérifier le moteur et ne comprenaient pas qu’on leur dise que tout était OK…
Quant à la finition… c’était le désastre : les jolies commandes en plastique coloré vous restaient dans la main. Commande de température du chauffage entre autre.
Les seules Twingo qui auraient dues être mises sur le marché sont les séries 2, avec un vrai moteur moderne et une finition très améliorée. Les Allemands n’en voulaient pas car elles n’avaient pas de capot à l’avant et c’était anxiogène en cas de choc. Et Renault n’a jamais voulu sortir une version 4 portes pour ne pas faire d’ombre à la Clio.
Vous avez compris, je n’ai jamais été fan. Il en reste encore en occasion mais la qualité de construction étant ce qu’elle est, ce sont de véritables poubelles.
Avec le temps elle est devenue sympathique. Mais l’ensemble des remarques plus hauts sont en effet reflets de ce qu’on entendait alors.
Il faut encore ajouter que son succès est inattendu : elle manque complètement sa cible jeune en recevant finalement un meilleur accueil des aînés, par ‘chance’.
Reste qu’aujourd’hui, c’est assez chouette d’en voir une bien soignée soignée toit panoramique ouvert et couleurs vives dans l’environnement gris/blanc/noir des contemporaines.
Parfois, le capital sympathie masque d’autres choses. Les voitures anglaises l’ont longtemps démontré.
Pourtant, de design de carrosserie, elle était un chef-œuvre… mais sur une mécanique archaïque à ses débuts (un « Cléon fonte » modernisé)…. Ce qui a permis à la Citroën AX de faire de la résistance grâce à ses GMP plus moderne.
La même en VE pas cher, fabriqué en France… Et c’est le retour du triomphe !
Même l’actuel qui reste du bon bricolage marche plutôt bien, mais elle n’est pas optimisée pour être une très bonne VE pour le futur.
Un chef d’œuvre. Un style sympathique me semble suffisant non ?
Après lecture de la fiche Wikipedia de JP Ploué, il faut te donner raison.
À propos de chef d’œuvre, l’article sur la réplique Alfa 33 fait 3 commentaires là où une GMC provoque un dithyrambisme forcené, drôle d’époque que celle de la terreur plutôt que de l’esthete. Au pays des lumières, on préfère commenter l’ombre.
Surement parce qu’une oeuvre d’art ne se commente pas mais s’apprécie.Tu as surement remarqué le bruissement feutré devant le déjeuner sur l’herbe?
D’un côté on a une réplique (à l’identique par des artisans incomparables) d’un chef-d’oeuvre qui malheureusement ne roulera jamais et de l’autre on a un utilitaire monstrueux détourné en engin de loisirs pour petitzizi qui veut compenser.
Normal qu’on n’ait rien à commenter sur la 33, juste des yeux ronds et le menton qui pend. Elle s’apprecie en silence. L’autre se vomit bruyamment.
Bof, est-ce que cela a vraiment changé?
Les bagnoles qu’on croise en ville sont désormais le plus souvent des SUV qui ruinent tous les progrès des motorisations en terme de consommation, donc les 9l en pratique sont encore fréquents… et ces moteurs on en général perdu un cylindre et gagné un turbo, qui surtout pour de petits parcours urbains n’a jamais été un gage de fiabilité (plus encore avec un S&S), si ce n’est le calaminage qui pose problème voir la courroie de distrib que certains ont confondu avec une chaîne en la collant dans le moteur… avec l’huile qui la dégrade.
En fait, la Twingo 1 reste très actuelle avec l’avantage qu’elle ne vous attirera pas certains soucis croissants visant ses descendantes obèses:
https://twitter.com/deflate_SUVs
Franchement une super voiture, j’en ai eu 2. J’ai adoré faire le zouave avec ma Serie 1 (qui était objectivement une poubelle)
Mais Panama a raison : les commandes restent dans la main, la commande de ventilation est fragile, le Cleon aime changer de joint de culasse régulièrement, et les câbles d’allumages sont du consommable.
Par contre la serie 2 en 16v, j’ai pas de mauvais souvenir
« Il faut encore ajouter que son succès est inattendu ».
Oui et non. En fait Renault avait des ambitions bien plus grandes, et la Twingo 1 du point de vue commercial fut toujours vue comme un semi-echec. Si le chiffre de 2,6 millions d’ exemplaires peut paraitre impressionnant, ce chiffre est a ramener a la longue carriere commerciale du vehicule. Apres 7 ans, il n’ etait toujours pas rentabilise, d’ ou la decision de jouer les prolongations plutot que de lancer un nouveau modele. Le design que perso j’ aime a rebute presque tous nos voisins en Europe, 70-75% des Twingo vendues le furent en France, l’ Allemagne etant le second marche
Cela n’ enleve rien a l’ ingeniosite de la Twingo I et a son cote joyeux. Dommage cependant que cet anniversaire se conclue avec la mort programmee du modele.
Mouais… Oui et non
Je crois que la Twingo I avait plus de 1,5 million en 7 ans !?
La Twingo II c’est environ 0,9 million … Qui devait justement plaire à « Tout le monde » Femme et Homme + les Allemands et l’Est et le Nord de l’Europe … là c’est un fiasco !
Pourtant, la voiture est bonne, polyvalente pour la route et l’autoroute sur la bonne « vieille » base de la Clio 2.
La Twingo 3 a dû coûter bien plus cher à concevoir… Mais avec des frais en partage avec Smart qui est plus un Four que Forfour
Le retard pour remplacer la Twingo Une était aussi par le casse-tête de pouvoir remplacer une voiture aussi géniale… La preuve la « Deux » fut un échec à côté
… on parlera jamais de la Twingo 2 pour c’est 30 ans !
Une vrai grimpeuse qui passe partout. En 16v avec toit ouvrant c’est le top.
Que dire de la version Initiale dont certains propriétaires entretiennent comme si elle n’avait pas pris une ride.
Au début les gens ne l’aimaient pas ils ont appris à découvrir cette auto pleins d’astuces!
sympathique…..elle aurait pu devenir un classique sans toutes ces tares rédibitoires,finition , moteur hasbeen…celles qui ont suivi, la 2 et l’actuelle sont un naufrage, surtout par rapport à une fiat 500, qui pour le coup restera une icône
En 1997, elle recevait un moteur moderne… et la finition de la concurrence… même époque même prix, n’était pas mieux.
Mais oui la Twingo 2 fut une déception totale à côté… Une Clio 2 remaniée
Par contre la Twingo 3 fait un effort comme voiture de ville, moins pour la route… Un style néo rétro à la 4 CV aurait pu la rendre plus populaire comme la Fiat 500 2 !?
alliance avec Smart
Difficile alors de faire une rétro 4CV, par rapport au compromis technique avec la Smart
https://www.automobile-magazine.fr/insolite/article/35511-renault-4cv-restomod-attention-a-ne-pas-pousser-le-bouchon-trop-loin
La Twingo est une toute à l’arrière comme fut la 4 CV de 1947
La Fiftie de série aurait pu être le coupé du modèle 4 portes.
La première Fiat 500 moderne … Donc la 2ème, n’était pas faite sur une base « ultra-moderne » … la Twingo 3 est plus récente et bien plus moderne.
Pourquoi laisser les bonnes idées à la concurrence ?
Disons que le contexte avait changé lors de l’arrivée de la Twingo 2, par rapport au modèle précédent
La T1 avait bénéficié le système de quotas des voitures étrangères, appliqué jusqu’au 31.12.1999
Ensuite, le marché était ouvert, mais cela ne changeait pas beaucoup, tout du moins au début des années 2000 (on regardait les marques coréennes avec un oeil moqueur)
La Twingo 2 était sortie en 2007. Un démarrage très honnête, surtout avec le carburant très cher. Puis il y a eu la crise de 2008, maintenant le succès de la Twingo 2….Puis l’arrivée de la mode des SUV a sifflé la fin de la partie. Rares étaient les constructeurs à résister dans ce segment A
Et il faut aussi noter qu’en 2008, arrivait la Sandero, une offre supplémentaire au succès de la Logan. La Sandero, « presque » comme une Clio mais bien moins chère,……et moins chère que la Twingo 2….
Il n’y a pas que ce détail (moteur à l’arrière)
Smart voulait une 2 places, avec une longueur ultra courte. Et donc cette disposition du moteur.
Smart voulait aussi une électrique, et en 2 places aussi. La batterie se devait se trouver sous les passagers.
Mercedes voulait réutiliser les batteries de la Smart 1, un peu plus anciennes, un peu plus volumineux
Et donc la Smart est très haute perchée
Et donc les Smart 4 places et Twingo sont aussi très haute perchée.
Faire une 4CV moderne, ça aurait alors demandé un développement supplémentaire, uniquement pour Renault, et donc aux frais de Renault, dans un segment A qui coulait jour après jour….
elle fut un énorme succès commercial … en France. Ailleurs elle fit un flop