Les Américains ont pratiquement inventé le design et ce sont eux qui ont aussi défini l'idée du concept-car. La grande époque des dream-cars, c'est bien sur les années 50, avec cette espèce de foi absolue en l'avenir. D'où des véhicules futuristes censés représenter ce que seront les automobiles dans n années. Il y a aussi un aspect politique. Lorsque Renault -alors entreprise d'état- glisse une turbine Socema (actuel Turbomeca) dans une voiture et va battre des records aux Etats-Unis, on est dans une démarche de propagande.
Mais alors, pourquoi les concept-cars n'ont-ils pas disparu avec les Trente Glorieuses? En fait, ils sont rarement "gratuits". L'intérêt d'un concept-car, c'est le côté publicitaire: il attire les regards et il capte l'attention des médias. Dans un salon, c'est comme si, au milieu du brouhaha, quelqu'un sortait un mégaphone et criait "hé". Pour les bureaux de design, ils font figure de carte de visite (ce qui a longtemps été vrai avec les Italiens.) Pour un constructeur en phase de conquête (les Japonais dans les années 80, Chrysler et VW dans les années 90, les Coréens dans les années 00, Jaguar-Land Rover ou les Chinois aujourd'hui...), c'est une manière de se créer un "mythe". Sous Bob Lutz, Chrysler va jusqu'à en produire certains en l'état (Viper, Crossfire, Prowler...), de quoi impressionner encore plus le public.
Les Français ont tendance à tester discrètement des noms ou des formes, que l'on retrouvera (ou pas) sur les berlines de série. Les Allemands préfèrent truffer leurs voitures de technologie et apprécier le retour de telle ou telle innovation. Enfin, les concept-cars peuvent servir de cache-misère. Lorsqu'un salon important arrive et que vous n'avez rien à y présenter et/ou que vos finances sont à secs, ils permettent d'avoir quand même quelque chose à exposer. Éventuellement, vous pouvez même organiser un teasing pré-salon. Et une fois l'évènement terminé, vous raconterez qu'après étude, le concept n'est pas industriellement faisable...
Aujourd'hui, on voit de moins en moins de prototypes vraiment extravagants. La tendance est davantage à l'exposition de futurs modèles, que l'on maquille en concept-cars. La mode des golfettes électriques (à laquelle même Maybach a cédé!) a heureusement fait long feu. Au dernier Mondial de l'automobile, seul Peugeot a osé le rêve, avec Onyx.
Crédits photos: Renault (photo en une et photos 4 et 17), GM (photos 1, 2, 6, 7, 8, 12, 25 et 29), Fiat (photo 3), Ford (photos 5, 16, 19 et 22), Mercedes (photos 9 et 21), Mazda (photos 10, 27 et 31), Citroën (photo 11), Peugeot (photos 13, 14, 15, 28 et 33), Audi (photo 18), Chrysler (photos 20, 24 et 26), Volkswagen (photo 23), Lamborghini (photo 30) et Red Bull (photo 32)
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Pour résumer
"Approchez, mesdames, mesdemoiselles, messieurs! Venez admirer notre tout nouveau prototype! C'est une première mon-dia-le! Une voiture ré-vo-lu-tio-nnaire qui vous emmènera à 300km/h. Cela, en tout sécurité et en ne consommant que quelques litres d'essence, grâce à une aérodynamique i-nno-van-te et un moteur totalement i-né-dit!"On les appelait hier "dream-car"; aujourd'hui, on parle de "concept-car" ou "d'étude de style". Ce sont souvent les rois du salon où ils sont exposés... Ou plutôt, les rois d'un salon. Car dés que le rideau est baissé, ils disparaissent presque définitivement.