Souvenirs, souvenirs: Pimp my ride!
par Joest Jonathan Ouaknine

Souvenirs, souvenirs: Pimp my ride!

Discrets, s'abstenir! Cette semaine, nous rendons hommage au gros son, aux gros ailerons, aux accessoires qui flashent et plus généralement, au tuning.

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L'accessoirisation est un phénomène centenaire. On peut situer ses débuts aux Etats-Unis, avec l'apparition de la Ford T.

Jusque là, les voitures sont construites à la demande et chaque exemplaire est ainsi unique en soit. Avec la voiture à la chaine, les usines produisent des milliers, voir des millions de voitures identiques. Or, monsieur Smith n'a pas envie d'avoir la même voiture que son voisin! Des fabricants d'accessoires, de kits carrosseries et de pièces mécaniques apparait, sous le regard complaisant de Ford.

Dans les années 20, le crime organisé profite de la prohibition pour se développer économiquement. Les parrains affichent un mode de vie décadent et ostentatoire. La voiture fait partie de la panoplie. Il faut toujours plus de chromes, une peinture bien voyante et que tout le monde en connaisse le prix payé!

Avec la crise de 1929, les blacks fuient la misère des campagnes pour s'installer en ville (où ils espèrent trouver un emploi.) Aux Etats-Unis, le crime organisé est urbain et communautaire. On voit donc apparaitre des malfrats blacks et ils se tournent vers un secteur négligé, la prostitution. Les proxénètes (ou "pimp") copient le style des criminelles blancs.

En 1967, Iceberg Slim, un ancien proxénète, publie une autobiographie, Pimp. Le livre de Slim et son apologie d'un mode de vie, inspire des générations de gangs blacks. On retrouve son gout des manteaux de fourrure et des Cadillac dans les films de blackxploitation ou le gangsta rap. Même l'émission de MTV, Pimp my ride, y fait indirectement référence.

Evidemment, la culture US du tuning et celle des hot-rods se mélangent volontiers, d'autant qu'elles ont les mêmes origines. Il est difficile de tracer une ligne.

De l'autre côté du Pacifique, dans l'immédiat après-guerre, le crime organisé japonais profite du vide étatique. Les yakusa, très organisés et très hiérarchisés, pullulent. Puisque les honnêtes Japonais sont discrets, un yakusa se doit d'être voyant! Les malfrats du bas de la pyramide adorent le tuning délirant. Il se décline en sous-familles comme le bosozoku (échappements baroques), dekotora (utilitaires tunés), itasha (avec personnages de manga sur la carrosserie) et bien sur, le drift.

Dés les années 70, les tuners US préparent des voitures japonaises et certains s'inspirent des modes de l'archipel. Néanmoins, le tournant a lieu en 2001, avec le film Fast & Furious. Le grand public US découvre le drift, avec ses voitures fluos et il devient très populaire chez les jeunes. Le Speciality Equipment Market Association (SEMA), un vieux syndicat d'accessoiristes, sent le vent tourner. Son salon annuel de Las Vegas devient un évènement incontournable. Les constructeurs japonais sont les premiers à s'y déplacer officiellement, pour mieux se rapprocher des jeunes. Puis les "trois grands" les imitent.

Comme souvent, les modes japonaises déteignent sur le reste de l'Asie. En Chine, le marché du tuning reste artisanal, mais les salons spécialisés se multiplient.

Le troisième grand pôle du tuning, c'est l'Europe. Dans les années 50-60, Allemands, Britanniques, Français et Italiens sont au coude-à-coude. Le sport automobile est en plein boum. Des petits malins montent des pièces de compétition sur leur voiture. L'essor des GTI fait le bonheur des équipementiers. En France, Frank Margerin popularise le tuning avec ses BD.

Malgré cela, les constructeurs regardent avec dédain le phénomène. Pour eux, il est synonyme de mauvais garçons, de casquettes de travers et de runs sauvages. En Allemagne, en revanche, les constructeurs prennent sous leurs ailes des officines spécialisées. Mercedes finit même par s'offrir AMG, son préparateur attitré. Volkswagen organise son propre salon du tuning, à Wörthersee.

Aujourd'hui, même les GT ont à leur tour droit à des préparations esthétiques! Chez les généralistes, les sportives s'inspirent volontiers du monde du tuning. Les constructeurs premium proposent des départements de "personnalisation". Mais les préparateurs professionnels et haut de gamme restent l'apanage de l'Allemagne.

Crédits photos: RWB (photo en une et photo 22), Ford (photos 1, 2, 14 et 17), Galpin Auto Sport (photo 3), GM (photos 4, 7 et 18), Volkswagen (photos 5, 8 et 23), Arden (photo 6), Rinspeed (photo 9), Mercedes (photo 10), Chrysler (photo 11), Honda (photo 12), ZIC (photo 13), Busan (photo 15 et 16), Scions (photo 19 et 25), Byd Vietnam (photo 20), Cusco (photo 21) et Alpina (photo 24)

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