Souvenirs, souvenirs : les belles Américaines
Au lendemain de la guerre, les voitures en 4cv, c'est le bout du monde ! Alors quand il voit ces images de voitures longues comme des péniches, aux couleurs de crèmes glacées...
Au lendemain de la guerre, les voitures en 4cv, c'est le bout du monde ! Alors quand il voit ces images de voitures longues comme des péniches, aux couleurs de crèmes glacées...
Au lendemain de la guerre, les voitures américaines fascinent. Il faut dire que pour notre Dupont/Durant national, rouler en 4cv, c'est le bout du monde ! Alors quand il voit ces images de voitures longues comme des péniches, aux couleurs de crèmes glacées...
Si les voitures américaines sont si grandes et si opulentes, ce n'est pas uniquement la volonté des constructeurs. Eux, ils se seraient presque contentés de vendre ad vitam eternam les modèles de 1942 !
Seulement voilà, monsieur Smith a grandi dans l'Amérique post-crise de 1929. Puis il est allé se battre. Maintenant, il revient à la vie civile et il veut du neuf !
Dans l'Amérique des années 40-50, il faut changer de voiture le plus souvent possible. Ensuite, on aligne les plaques d'immatriculations sur la porte de son garage. Le dimanche, c'est la réunion du club de conducteurs. Chacun montre qu'il possède un modèle plus récent, plus gros et plus chromé que le voisin. Monsieur Smith exige donc des constructeurs qu'ils renouvellent régulièrement leurs modèles. Et qu'ils y mettent des V8 !
L'immobilier explose. Les lotissements sont souvent construits loin des centres villes. En plus, le lobby automobile a torpillé les compagnies de bus, de trains ou de tramways. L'automobile est donc obligatoire. Face à cet afflux de voitures, il faut construire des autoroutes à la pelle. Monsieur Smith veut tout faire en voiture (ou presque ) ! Il veut manger sans avoir à descendre. Il veut regarder un film en voiture. Il veut sillonner le pays en voiture (et retrouver les mêmes fast-foods et les mêmes hôtels d'une cote à l'autre.) La voiture redessine les paysages. Et dans ce pays vaste, aux avenues rectilignes, il n'y a aucune contrainte de place ; on peut rallonger les voitures à volonté.
Cette époque est aussi celle de la foi absolue dans l'avenir et le progrès. Les "3 grands" l'ont bien compris. Ils intègrent nombre de références stylistiques aux jets, voir à l'astronautique. Ils bardent leurs voitures de gadgets. Ils multiplient les salons, où ils dévoilent des dream-cars futuristes avec écrans de télévisions intégrés ou propulsion nucléaire... Les designers deviennent des stars. Les constructeurs montent des studios à la pelle, chapeauté par un tout-puissant responsable du design.
Au début, la clientèle est novice. Les publicités sont avant tout didactiques. C'est l'époque des films publicitaires où un homme en blouse blanche commence par évoquer scientifiquement un thème (par exemple : la sécurité) et où il termine par vous démontrer que la nouvelle X est justement la voiture qui répond le mieux à telle préoccupation. Puis les acheteurs murissent et il faut faire appel au marketing. Le ressort utilisé est assez simpliste : une voiture à côté d'une belle maison ou d'un bateau de plaisance, pour créer un "univers" luxueux. Cadillac va jusqu'à intégrer des colliers de pierres précieuses sur ces publicités. Sans oublier les avions de chasse et autres fusées lorsqu'on lance un nouveau moteur (plus puissant que l'ancien, ça va de soi.)
C'est une ère d'optimisme. De naïveté, diront certains. Au point où l'Amérique élit un président Kennedy aux faux-airs d'acteur hollywoodien. Devo chantera que ce si beau monde, il est uniquement pour les hommes blancs, de la classe moyenne, de 25 ans à 45 ans. Les femmes sont priés de rester au foyer et de jouer les petites choses bien perdues sans leurs maris... Quant aux noirs, aux latinos, aux pauvres, aux beatniks et aux gays, l'Amérique fait semblant de ne pas les voir. Quitte à montrer des plans très larges de la Carrera Panamericana (cachez ces Mexicains que je ne saurais voir !) ou des chaines de montages uniquement occupées par des blancs (alors que les ouvriers noirs sont nombreux.) Même les opposants à cette société élitiste et consumériste aiment les voitures. Sur la route, le manifeste beatnik de Jack Kerouac, est aussi une ode aux grosses berlines. Quant aux grands satans Soviétique et Chinois, ils copient le style des Américaines pour leurs propres productions !
Dés le milieu des années 50, les gouts changent. Les grandes berlines ne sont plus la panacée. Les Américains demandent des breaks, des roadsters, des pick-up, des voitures plus petites... Ils se montrent aussi moins friands d'ailerons et de chromes.
Puis Kennedy est assassiné. Ce jour-là, une certaine Amérique meurt. C'est la fin de l'innocence ; le public découvre les tensions sociales et raciales, ainsi que le bourbier vietnamien. Côté voiture, les grosses berlines passent au second plan ; elles sont ringardisées par les compactes et les muscle cars. Une page se tourne.
Crédits photos : GM (photo en une et photos 3, 6, 7, 9, 13, 16, 18, 21, 22, 24 et 26), Chrysler (photos 1, 12, 14 et 19), Veloce Publishing (photo 2), Ford (photos 4, 5, 8, 11, 15, 17, 20, 23 et 25) et Disney (photo 10)
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