Rétro 1994 - DTM : La
par Nicolas Anderbegani
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Rétro 1994 - DTM : La "Vendetta de Nannini"

La "Vendetta de Nannini", ce n'est pas le titre d'un western spaghetti des années 70 avec Bud Spencer et Terence Hill, mais l'un des épisodes les plus fous du fameux championnat DTM, au temps de sa splendeur des années 90, quand ça frottait des portières et que ça crachait des flammes !

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Alfa Romeo bouscule les Allemands chez eux !

En 1993, le DTM s’était ouvert à la règlementation Class 1 qui transformait les « touring cars » en véritables prototypes. Les Allemands n’avaient sans doute pas anticipé le fait qu’Alfa Romeo allait développer une redoutable machine de course, la 155 V6 Ti 4 roues motrices. Basée sur un châssis carbone, disposant d’un V6 2.5 litres développant 420 chevaux à 11800 tours minute – le son est mythique ! - la voiture italienne domina la saison, en surclassant les propulsions Mercedes 190 E 2.5 Evolution II et BMW M3 Evolution, qui ne pouvaient pas rivaliser en puissance ni en traction, surtout sous la pluie. Nicola Larini fut champion 1993 et Alfa Romeo décrocha la couronne des constructeurs, piquant au vif l’orgueil germanique !

En 1994, Mercedes répliqua, en développant la C-Klasse V6. Bien qu’étant toujours une propulsion, l’allemande disposait de beaucoup de puissance, d’un excellent équilibre et d’un aérodynamisme optimal. Alfa Romeo démarre bien la saison, et c’est désormais Alessandro Nannini qui tient la vedette, en ayant remporté 4 des 8 premières courses de la saison. L’Italien, gravement blessé dans un accident d’hélicoptère en 1990 où il a failli perdre un bras, a dû tirer un trait sur la Formule 1, mais il a trouvé une nouvelle jeunesse dans les courses de tourisme. Si Larini a cueilli les lauriers en 1993, c’est désormais l’ancien pilote Benetton qui s’affirme comme le leader du Biscione. Néanmoins, dans la seconde partie de la saison, la Mercedes prend le dessus. Klaus Ludwig, très régulier aux avant-postes, s’empare de la tête du championnat, alors que Nannini devient l’outsider.

Italie-Allemagne, le match

Sur le circuit rapide mais dangereux de l’AVUS, le pilote Alfa Romeo a vécu un mauvais week-end, perdant du terrain sur Ludwig. Il s’est aussi frotté à un certain Roland Asch, pilote Mercedes et équipier de son rival, qui l’a heurté et dont la mission semble être de lui « pourrir » la vie.  En arrivant ainsi sur le circuit de l’Alemannenring, une piste urbaine située autour de la zone industrielle de Singen dans le Bade-Wurtemberg, Nannini n’a pas le choix : il doit s’imposer pour conserver des chances de titre. Le match Italie-Allemagne promet d’être impitoyable ! La pluie s’est invitée dans la partie, ce qui est une bonne nouvelle pour les Alfa Romeo à 4 roues motrices. Lors de la première course, Ludwig abandonne mais Nannini perd une occasion en or de recoller au championnat. Très rapide mais aussi trop impatient, il s’accroche avec Stefano Modena, lui aussi sur Alfa Romeo, en tentant de le dépasser. Après avoir percuté un mur de pneus, il doit finalement renoncer à cause d’une fuite d’huile. Tout est à refaire pour la manche 2.

Les mécaniciens ne peuvent totalement réparer la voiture endommagée dans la course 1, ce qui oblige Nannini à se rabattre sur une autre 155, celle de Giorgio Francia. Or, celle-ci est équipée d’une boîte en H et non d’une boîte séquentielle. Certainement, cet aspect technique pourrait le perturber, son bras ayant été considérablement affaibli par son accident d’hélicoptère, mais il en faut plus pour faire reculer le Toscan ! Autre souci, la grille de départ de la course 2 étant déterminée par l’arrivée de la course 1, Nannini s’élancera en fond de grille. Maigre consolation, Ludwig est également en queue de peloton. La pluie est toujours de mise et, sur une piste toujours détrempée, les Alfa Romeo mettent encore une fois une rouste aux Mercedes ! Avantagées par leur traction intégrale, les 155 trustent rapidement le top 5 du classement ! Nannini est remonté comme une balle, virevolant sur le bitume détrempé de Singen : déjà 9ème au bout de cinq tours, il prend ensuite la 8ème place à Roland Asch à la sortie de l’épingle en le décroisant. Une manœuvre que n’a pas dû apprécier l’Allemand… Au 15ème tour, il est déjà sur les talons de Manuel Reuter pour la 6ème place. La moitié de la distance n’a même pas été couverte que Nannini a déjà refait son retard, étant donc encore en lice pour le titre.

Ach ! L'attentat  de Asch !

Alors que la fin de la course approche, l’italien a rattrapé le top 5 et s’apprête même à infliger un humiliant tour de retard aux Mercedes. A 5 tours de la fin, Nannini arrive au niveau de l’épingle du circuit, suivi de près par un certain Roland Asch, l’équipier de…Ludwig. Tandis que l’Alfa Romeo prend une trajectoire normale pour bien négocier l’épingle, Asch arrive très fort en prenant inhabituellement l’intérieur – une trajectoire inefficace dans ce virage serré – et ne ralentit pas assez. L’impensable alors survient : Asch percute l’Alfa Romeo de Nannini, qui – catastrophe - se retrouve bloqué en travers dans l’épingle et plonge au classement ! Ses derniers espoirs de jouer le titre s’envolent ! Est-ce une erreur de pilotage ou un acte intentionnel ? Les images semblent accablantes, vu la manière dont le pilote Mercedes a abordé le virage et a foncé tout droit. Le titre est désormais perdu pour Nannini, mais l’histoire n’est pas tout n’est pas tout à fait terminée.

Nannini hors de contrôle

L’italien est dans un premier temps sorti de la voiture…peut-être pour en découdre à coup de poings avec Asch ? Il dira lui-même « mon esprit n’allait pas du tout, je voulais poursuivre une voiture en courant ». Problème, l’allemand a continué sa route comme si de rien n’était. Alors le volcan se réinstalle dans la voiture et boucle son harnais. Le démon est sorti ! La 155 repart de l’épingle dans une pirouette à 180° et se relance en effectuant un monumental drift…on devine alors que ça doit bouillir sévère sous le casque ! La 155 rentre aux stands…pour abandonner ? Non, les mécaniciens procèdent à un changement des pneus ! Avec 4 pneus neufs, Nannini repart le couteau entre les dents…pour la gloire ? Les gens ont compris. Il n’a pas l’intention d’aller grapiller un pauvre petit point. Non, il veut se venger !

Tel un prédateur, il va fondre sur sa proie. A un rythme effréné, la 155 rouge – et son pilote doit l’être tout autant - fonce et se retrouve rapidement dans le sillage de Roland Asch, son bourreau. A l’approche d’un virage à 90°, la Mercedes semble lever un peu le pied en ligne droite pour laisser passer la 155 déchaînée…mais au freinage, la 155 ne…freine pas et percute de plein fouet, par l’arrière, la C-Klasse ! Tandis que Asch part dans l’échappatoire, avec un train arrière endommagé, Nannini poursuit sa route avec un avant totalement défoncé et un capot plié qui obstrue la vue…mais pas pour longtemps, car le choc a provoqué une fuite d’huile et la 155 prend feu ! Le voici obligé de stopper en catastrophe sa voiture, avant d’en sortir rageur, claquant la porte et jetant ses gants. Il a vengé l’affront ! Le geste est évidemment antisportif et dangereux…il suscite la colère du directeur d’Alfa Corse, mais aussi des instances du DTM qui, néanmoins, ne prendront aucune sanction, car Mercedes était loin d’être clair comme de l’eau de roche dans cette histoire…

Nannini est entré dans la légende ce jour-là, car la technologie s’est effacée totalement devant l'explosion des passions humaines !

 

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Pour résumer

En 1994, en plein coeur de la lutte entre Alfa Romeo et Mercedes dans le championnat DTM, la course de Singen est restée célèbre pour l'accrochage entre Alessandro Nannini et Roland Asch, qui fut motivé par un furieux esprit de vengeance de l'italien.

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