Quasiment dès le début des véhicules automobiles, les autorités ont décidé de les encadrer et d'encadrer leur conduite. Déjà pour les véhicules hippomobiles, les propriétaires devaient obtenir une plaque d'identification qui permettait aussi de vérifier qui avait l'autorisation de conduire l'attelage. Ce n'était pas encore un permis de conduire en tant que tel, mais une déclaration.
En revanche, dans la fin des années 1880, plusieurs pays, dont la France en pionnière, suivie de l'empire allemand, mettent en place des autorisations de circuler, que ce soit pour Léon Serpollet en France, Carl Benz chez nos voisins ou autres. Comme Amédée Bollée bien avant lui en 1873 pour que son Obéissante rallie Le Mans à Paris, Benz a dû obtenir une simple autorisation pour circuler avec sa Motorwagen.
Par contre, Serpollet a dû passer un examen de conduite de son tricycle motorisé. L'idée était de constater s'il était capable de "maîtriser" l'engin et de ne pas être dangereux pour les piétons, les cyclistes et les nombreux coches qui peuplaient alors les rues et les routes. On était en 1888.
Contrôler ces engins émergeants
Les débuts de l'automobile imposent une vitesse très limitée. En ville, on ne doit pas dépasser les 12 km/h (20 km/h hors agglomération). La Duchesse d'Uzès, première femme au monde à obtenir une autorisation de conduire une automobile sera d'ailleurs la première officiellement à recevoir une "prune" pour vitesse excessive dans le Bois de Boulogne. Puis au fil des années, cette limitation est relevée. Serpollet sera encore un pionnier, celui des 16 km/h autorisés en ville !
Jusqu'alors, les autorisations étaient individuelles et à la discrétion des autorités. Le 14 août 1893, le Préfet de Paris (qui avait le rôle de maire à l'époque) Louis Lépine (dont le célèbre concours d'inventeurs porte le nom) promulgue une ordonnance qui instaure l'obligation d'un "certificat de capacité" pour pouvoir circuler sur Paris et alentours. Tout comme les plaques d'immatriculation (ou minéralogiques), c'est le service des Mines qui gère ce certificat.
La France, encore précurseur de l'automobile
Six an plus tard, il est étendu à toute la France le 10 mars 1899. Il faut alors montrer aux Mines que l'on peut démarrer, manœuvrer, maîtriser sa voiture automobile. La vitesse est alors de 30 km/h hors agglomération et de 20 km/h en ville. Si vous trouvez que notre permis à point est "sévère", sachez qu'il suffisait de deux contraventions en un an pour voir son certificat révoqué par le Préfet du département.
Le permis de conduire n'a donc pas 100 ans, mais plus de 129 ans pour la zone de la Préfecture de Police de Paris et 123 ans pour toute la France. L'Empire Allemand (la Prusse exactement) suivra la France en mettant en place un tel certificat de conduite en 1903.
Alors pourquoi entend-on parler des 100 ans du permis de conduire ? Même l'Etat s'y met. Eh bien, car il n'a pris cette dénomination de "Permis de conduire" officiellement que le 31 décembre 1922. C'est donc uniquement l'appellation qui fête ses 100 ans.