A l'origine, l'entreprise se diversifie rapidement, dans les machines-outils puis la construction mécanique, produisant des motos ainsi qu'un triporteur dès 1931, le Mazda-Gô. En 1934, l'entreprise adopte définitivement le nom Mazda, qui correspond à la fois à la prononciation du nom du fondateur - Matsuda - et à la divinité perse Ahura Mazda, dieu central de l'ancienne religion mazdéenne.
Logiquement, la firme d'Hiroshima est mobilisée dans l'effort de guerre de l'Empire nippon pendant la Seconde guerre mondiale, produisant notamment le fusil Type 99 Arisaka. Par "chance", une montagne sépare les usines Mazda du centre de la ville, tant et si bien que les installations sont épargnées par le bombardement nucléaire du 6 août 1945. Jujiro Matsuda, qui se déplaçait en voiture, fut éjecté et s'en sortit indemne lors de l'explosion, mais il perdit son fils cadet dans la tragédie. À la demande du gouvernement japonais, les installations Mazda servent de base pour les secours, et la compagnie remet rapidement en marche ses usines, reprenant la production de ses motos quelques jours à peine après le bombardement.
En 1960, Mazda lance sa première "voiture" de tourisme, la R360 (avec un bicylindre de 16 chevaux), et entame un début d'internationalisation avec l'ouverture d'usines en Afrique du Sud et Corée du Sud. En 1967, la constructeur étonne avec le lancement de la Cosmo Sport 110S, aux lignes racées, qui a la particularité d'embarquer un moteur rotatif. Mazda a en effet acheté la licence du moteur Wankel conçu chez NSU et en fait sa marque de fabrique.
Alors que d'autres constructeurs, comme Citroën, délaisseront cette technologie après s'y être engagés (échec de la GS Birotor), Mazda cultive sa différence et persiste dans le développement de cette technologie, réussissant même à l'imposer, avec le soutien d'Oreca, aux 24 heures du Mans 1991 grâce au prototype quadrirotor 787B. La première victoire d'une voiture japonaise dans la classique mancelle.
Mazda se lance à l'assaut de l'Amérique en 1971 via l'établissement de Mazda Motor of America. Elle propose dans les années 70 des modèles sportifs à succès comme les RX-3 et RX-7 mais les difficultés financières l'amènent en 1979 à faire entrer Ford au capital. En 1987, Mazda ouvre une usine dans le Michigan, à Flat-Rock. La participation de Ford monte jusqu'à 1/3 du capital en 1996, alors que Mazda traverse une profonde crise industrielle et voit ses chiffres de vente et de production s'effondrer. La firme d'Hiroshima est restructurée et se relève de la crise financière asiatique de la fin des années 90, avant que Ford ne se désengage finalement au moment de la crise de 2008. N'étant pas intégré à un grand groupe multi-marques, Mazda figure comme l'un des rares constructeurs encore "indépendants" actuellement.
Mazda se réinvente au tournant des années 2010. Une stratégie plutôt payante, avec un design "Kodo" audacieux et apprécié (sans aucun doute le meilleur design automobile japonais), un savoir-faire technologique reconnu avec les moteurs efficients Skyactiv, des voitures souvent bien classées dans les enquêtes de fiabilité et une gamme qui concilie les besoins du moment (SUV) et des véhicules au charme incomparable, à l'image du roadster MX-5.
Pour son centenaire, Mazda négocie le virage électrique, tout en essayant de conserver son âme et de cultiver sa différence: c'est ce qui explique sans doute le rapprochement avec Toyota, entré au capital à hauteur de 5% et qui aboutira à une coopération dans la voiture électrique et à la construction de deux usines aux USA. Le SUV MX-30 électrique est très attendu, de même que la sportive "RX-9" qui fait tant rêver les puristes avec le possible retour du moteur rotatif.
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