Le nanar du samedi : Speed Racer
par Joest Jonathan Ouaknine

Le nanar du samedi : Speed Racer

En matière de flop, Michel Vaillant place la barre très haut. Mais Speed Racer, c'est le "Grand Prix de Belgique 1998" du cinéma ! Acteurs mollassons, scénario indigent, utilisation abusive (et foireuse) des effets spéciaux... Un film tellement loupé qu'il en devient sympathique.Speed racer

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En matière de flop, Michel Vaillant place la barre très haut. Mais Speed Racer, c'est le "Grand Prix de Belgique 1998" du cinéma ! Acteurs mollassons, scénario indigent, utilisation abusive (et foireuse) des effets spéciaux... Un film tellement loupé qu'il en devient sympathique.Speed racer

Comme souvent, le film est une adaptation. Ici, c'est un dessin animé des années 60. Le Speed Racer de 1967 est l'une des premières productions japonaises à débarquer aux Etats-Unis. On y suit les aventures d'un pilote (le fameux Speed Racer) dans des courses pleines d'intrigues extra-sportives. Viva Las Vegas et Goldfinger auraient servi de source d'inspiration.

C'est l'un des premiers dessins animés d'aventure/action, les productions US étant plutôt tournées vers l'humour. Enfin, c'est la première série se déroulant dans l'univers du sport auto (Les fous du volant n'arriveront qu'en 1968.)

Tout ceci offre à Speed Racer un côté "madeleine" aux Etats-Unis. Combien de bambins se sont intéressés à l'automobile ou aux manga grâce à Speed Racer ? On y retrouvera des références dans Les Simpsons ou Family Guy. Dans les années 90, VW USA utilise le personnage pour des pubs. Quant aux vérins pneumatiques intégrés aux voitures de DTM, c'est une idée piquée au dessin animé!

Au début des années 2000, Hollywood est pris d'une frénésie d'adaptations. Après les comics, c'est au tour des dessins animés (cf. Transformers, G.I. Joe...) Speed Racer ne peut y échapper.

Les frères Wachowski s'imposent d'eux-mêmes. Ce sont des fans de BD et avec Matrix, ils ont démontré leur maitrise des univers imaginaires.

Comme avec Matrix, les Wachowski s'offrent un bon casting : Emile Hirsch (le vagabond-hipster d'Into the wild), John Goodman, Susan Sarandon, Christina Ricci... Des acteurs pas forcément hyper-connus, mais réputés talentueux. Même pour le rôle de Spritle Racer (le petit-frère de Speed), ils prennent un enfant-acteur chevronné, Pauli Litt.

Acteurs en grève

Le résultat est déplorable. A la décharge des acteurs, 90% des décors sont réalisés en image de synthèse (on y reviendra) et ce n'est pas facile de jouer face à un fond bleu. De plus, les personnages sont taillés à la masse.

Speed Racer ferait passer Cole Trickle pour un intello ! Il est adulte, mais il a les réactions d'un gamin de 12 ans. Le cerveau aussi : très perspicace, il comprend les choses 10 bonnes minutes après qu'elles arrivent ! En plus, Emile Hirsch a deux expressions faciales (qu'on appellera "concentration 1" et "concentration 2".)

John Goodman paye ses impôts. Déjà ridicule dans Coyote ugly, il fait le minimum syndical en père d'Emile Hirsch. Pour se venger, les frères Wachowsky passent leur temps à le déformer à coups de trucages numériques.

A l'époque du dessin animé, les Japonaises doivent rester à l'arrière-plan. Du coup, Susan Sarandon (alias "Mom") et Christina Ricci (Trixie) ont 3 lignes de dialogue chacune. D'ailleurs, cette dernière est créditée parmi les figurants. Gag : Trixie et Speed ont une relation apparemment chaste, mais ils habitent ensemble... Chez les parents du pilote !

Quant à Spritle, il est moins malin que le chimpanzé qui l'accompagne. Il avait été rajouté dans le temps par la production US pour attirer les jeunes spectateurs et faire des gags (la V.O. est beaucoup plus "noire".) Dans le film, c'est l’archétype du gosse énervant, qui alterne caprices et plongeons à pied-joints dans le pétrin.

Reste enfin le "Racer X". Speed avait un grand frère, Rex, également pilote. Il se tue en course, mais on ne retrouve pas son corps. Quelques mois plus tard, le mystérieux "Racer X" apparait... Mais qui est donc ce Racer X ? Speed met tout un film pour comprendre (on vous l'a dit, ce n'est pas une lumière...) Cela dit, un grand-frère pilote, qui masque son visage et met un "X" sur son casque, ça ne rappelle pas une histoire de Michel Vaillant ? D'autant que Le pilote sans visage est sorti en 1960, soit 7 ans avant le dessin animé...

Cradovision

Dans la tradition des dessins animés old school, Speed Racer est peu réaliste. Voitures qui se transforment, contrées imaginaires, circuits délirants... Le tout avec un dessin assez naïf et des couleurs acidulées, très sixties.

Faire un film dans un décor traditionnel de circuit ou de rallye serait une trahison. Les frères Wachowsky optent pour un univers du type "le futur, tel qu'on l'imaginait dans les années 60". Il est presque exclusivement créé par ordinateur, avec quelques prises de vues en studio. Après tout, ce cocktail a très bien fonctionné dans Matrix.

Sauf que là, le résultat est horrible. Les effets spéciaux sont indignes d'une production de 2008. On n'y croit pas. Idem pour les scènes avec de vrais décors, comme la maison des Racer. D'autant plus que les comédiens ne font aucun effort pour les faire "vivre". Où sont passées les 120 millions de dollars de budget ? Les "couleurs acidulées" laissent place à une image visuellement agressive, comme si le contraste était bloqué à fond. Ajoutez-y des caméras folles, qui partent dans tout les sens. Chaque course est un prétexte à des loopings et des tonneaux. Dans Speed Racer, il y a une épidémie de zoomite : "Vous le voyez, ce détail ? Attendez, on vous le montre en gros plan. Vous le verrez mieux !"

Il faut donc éviter de le voir en sortant de table...

Le scénario ne sauve pas l'ensemble. Le film dure 2h15 et on s'ennuie ferme. D'une part, car tout est stéréotypé, jusqu'à la caricature : les gentils sont très gentils et les méchants, très méchants. Il n'y a aucune subtilité ; aucune originalité. On comprend vite qu'à l'arrivée, le gentil va triompher. En plus, on nous montre les conciliabules des méchants, où ils annoncent leurs plans (donc, on sait ce que va se passer dans la prochaine scène.)

A force d'être hyper-concentré, le personnage principal finit par lancer ses conclusions. Il le fait d'un air résolu, car c'est quelqu'un qu'en a là-dedans : "Le méchant est un méchant", "le traitre nous a trahi" ou "l'eau, ça mouille". Ah ça, on ne la lui fait pas! Il se fait avoir toutes les deux minutes, mais à chaque fois, d'un air résolu, il jure que ce sera la dernière...

Epic FAIL

La Warner Bros pense tenir un carton. Speed Racer est décliné en jouets et en jeux vidéos. Et comme d'habitude, la fin ouvre des pistes pour un "2".

A l'arrivée, il rapporte 43 millions de dollars (soit un gros tiers de son coût.) Le "2" reste donc au placard. Idem pour les frères Wakoswky, qui doivent faire leur come-back l'an prochain.

Bonus : afin de crédibiliser le film auprès des fans de voitures, les producteurs approchent Danica Patrick, pour une apparition. C'est une femme prête à tout pour quelques dollars ou de la célébrité (elle vient d'ailleurs d'accepter de poser nue.) Et pourtant, elle refuse d'apparaitre dans le film ! A la place, ils embauchent Milka Duno. Le Vénézuélienne est une accro aux réseaux sociaux. Pourtant, elle "oublie" de mentionner sa participation à Speed Racer. C'est dire à quel point le script sentait le faisandé...

Crédits photos : Warner Bros (sauf photo 8, Milka Duno)

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En matière de flop, Michel Vaillant place la barre très haut. Mais Speed Racer, c'est le "Grand Prix de Belgique 1998" du cinéma ! Acteurs mollassons, scénario indigent, utilisation abusive (et foireuse) des effets spéciaux... Un film tellement loupé qu'il en devient sympathique.Speed racer

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