Le conducteur du jour: c'est Français, ça vient des Etats-Unis
par Joest Jonathan Ouaknine

Le conducteur du jour: c'est Français, ça vient des Etats-Unis

En apparence, ce n'est qu'une où la firme au losange avait des ambitions.

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En apparence, ce n'est qu'une Renault 11 un peu cabossée. Un véhicule bon pour la prochaine prime à la casse. Mais, à y voir de plus près, c'est une Renault Encore 1.7 LS. Une version construite par et pour les Etats-Unis. C'était une époque lointaine, où la firme au losange avait des ambitions.

A la fin des années 70, Renault a investi dans AMC, le dernier indépendant US. Il s'agissait de mettre un pied dans le Nouveau Monde. Faute de moyens, la gamme d'AMC était très vieillotte. La firme au losange ne lésine pas: conception d'un nouveau 4x4 (le Cherokee), modernisation de l'usine de Kenosha, engagements sportifs...

Pour les berlines, ils ont l'idée d'américaniser les Renault. Le ballon d'essai Le Car (R5) est jugé concluant, alors toute la gamme y passe: Alliance (R9), Medaillon (R21), Premier (R25), Fuego et donc, Encore (R11.)

Lors de leur lancement, les Renault 9 et 11 ont le vent en poupe. La R9 est même élue voiture de l'année 1982 et il n'y a que Reiser pour critiquer son style banal. L'année suivante, les premières Encore sortent de Kenosha. A 5 895$, elle vise les Ford Escort et Chevrolet Chevette.

La grise est équipée du 1,7l de la Le Car. Les normes antipollutions étranglent les moteurs. Ainsi, le bloc de l'Encore ne développe que 79ch (contre 90ch pour la 1,7l vendue en France.) La boite automatique à 3 rapports ne l'aide guère. Malgré un poids de 921kg, il lui faut 14,3 secondes pour atteindre 100km/h et la vitesse maxi n'est que de 145km/h.

Néanmoins, en 1983, les Américains sont encore traumatisé par le baril à 100$ lors de la révolution Iranienne. Ils veulent des petites voitures économiques et chaque année, il se vend 150 000 Encore.

Je me rappelle de la publicité pour cette "weno hancore" avec le mot "Renault" qui apparaissait dans un éclair.

Hélas, en 1986, c'est le contre-choc pétrolier. Le prix du carburant s'effondre et en quelques mois, les goûts des Américains se transforment radicalement. Seules 65 000 Encore trouvent preneur.

Au salon de Detroit 1987, Raymond Levy (PDG de Renault) est tout sourire, car il s'apprête à lancer plusieurs modèles.

En parallèle, Renault va très mal. Le constructeur étant encore nationalisé, l'état Français accepte de mettre la main au portefeuille. Mais à condition qu'il revende ses parts d'AMC. Deux mois après le salon de Detroit, l'aventure US de Renault prend fin.

Les Encore, comme toutes les "subcompacts" contemporaines, sont devenues des mal-aimées. Sous-motorisée, mal finie et souvent mal entretenue, l'Encore est une voiture d'étudiants fauchés. D'où des commentaires du style: "J'avais une Encore à l'université. C'était une [censuré]! Cette [censuré] de voiture ne voulait jamais démarrer!"

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