Fils de médecin, né en 1939, Nicola Materazzi est très tôt touché par le virus de l’automobile et de la mécanique, construisant son propre kart dans sa jeunesse. Il effectue au début des années 60 ses études d’ingénieur à Naples et participe à des stages dans la raffinerie Mobil de Naples, ce qui lui permet d’acquérir des connaissances sur les carburants qui seront bénéfiques pour la suite de sa carrière. Il enseigne brièvement, avant de quitter ses fonctions dans l’atmosphère agitée des universités européennes en 1968, et, passionné de sport automobile – il assiste comme spectateur à l’accident de Jochen Rindt à Monza – il est recruté par Lancia en tant que spécialiste des calculs sur les châssis et les suspensions.
L'expérience Lancia qui le mena à Ferrari
Après avoir travaillé sur les Lancia Flavia et Fulvia HF, Materazzi fait partie de l’équipe technique qui développe la Lancia Stratos de rallye, puis il est chargé de développer le moteur turbo de la Stratos Groupe 5 Silhouette engagée en circuits. Lors de la fusion des départements compétition de FIAT et Lancia, il passe chez Abarth où il conçoit la monoplace Formula Abarth puis travaille pour Enzo Osella, d’abord sur le développement d’un châssis de F2. Il doit ensuite préparer le passage d’Osella en F1, mais, entre-temps, Materazzi, qui a déjà une solide réputation sur le développement des moteurs turbo, est informé par un ami qui travaillait chez Ferrari de l'intérêt d'Enzo Ferrari pour l'embaucher. Materazzi est ainsi recruté par le Commendatore pour accélérer le passage au Turbo de la Scuderia.
Au début des années 80, il travaille simultanément sur la conception du moteur turbo 126C Ferrari pour la F1 et le moteur V8 de la Lancia LC2 du Groupe C. Accaparé par ses activités pour la course, Materazzi est sollicité par Ferrari pour s’intéresser aux moteurs de série, alors que les ventes de la marque déclinent et que la concurrence s’aiguise. Alors que les plans initiaux prévoyaient un moteur 3 litres de 330 chevaux, Materazzi estime que le moteur doit fournir au moins 400 chevaux pour sortir de l’ordinaire. Ferrari lui dit alors « faites-le vous-même ».
De la 288 GTO à la F40
Sur l’insistance du Commendatore, Materazzi travailla ainsi sur le moteur Ferrari F114B V8 de 2,8 L destiné à la 288 GTO. Le projet GTO Evoluzione, prévu pour un engagement du cheval cabré en Groupe B, tomba à l’eau avec l’arrêt brutal de la catégorie décidé par la FIA, mais Ferrari demanda s’il n’y avait pas moyen de transformer la GTO Evo en supercar de route. Materazzi était dubitatif sur la faisabilité du projet, pour des questions de temps mais aussi d’ingérences politiques de FIAT qui le rebutaient. En juin 1986, Ferrari lui donna la garantie d’avoir les mains libres et carte blanche sur le projet, mais avec le défi de le concrétiser en moins d’un an. Travaillant d’arrache-pied, sans relâche, ne comptant plus ses heures et sacrifiant ses weekends et jours fériés, Materazzi et son « commando » réussissent l’exploit de créer la mythique F40 en un an seulement, la bête étant présentée en juillet 1987 juste avant les vacances.
Moto, Bugatti et Edonis
Alors que Ferrari souhait le propulser à la tête de la direction technique des voitures de route, FIAT lui préféra un autre, ce qui poussa Materazzi à quitter Maranello. Materazzi a ensuite travaillé pour la division course de Cagiva en vitesse moto, avant d’être appelé par Romano Artioli pour peaufiner et améliorer la conception de la Bugatti EB110. Face aux déboires de l’entreprise, il repartit vers les deux roues, travaillant pour Laverda, avant d’être impliqué dans un ultime projet automobile, l’incroyable Edonis de 715 chevaux qui fut présentée à Modène en 2001.
Pour en savoir encore plus, nous vous recommandons cette série d'entretiens réalisés par Davide Cironi sur sa chaîne youtube (avec les sous-titres en français):
Materazzi et sa période Lancia
Materazzi évoque l'arrivée du turbo chez Ferrari
La naissance de la F40
La période Bugatti et Edonis