"Provocation" est le terme qui revient le plus souvent pour décrire la Voisin C28 Aérosport. Pourquoi est-ce que le constructeur, au bord de la faillite, a lancé cette voiture, trop innovante pour sa clientèle potentielle et excessivement chère?

Gabriel Voisin (1880-1973) est un homme un peu oublié aujourd'hui. Architecte, il se lance dans l'aviation naissante par passion. La guerre le rend riche, mais dégouté par ses horreurs, il abandonne les avions. Au début des années 20, il se lance dans l'automobile. Il ne fait aucun compromis stylistique ou technique. Il est alors la coqueluche de la jet-set. Il fréquente Le Corbusier et les cubistes.

Cette recherche d'innovations se paye (au propre comme au figuré.) Il subit de plein fouet la crise de 1929 et doit laisser les commandes à des administrateurs Belges... Qui font faillite. Gabriel Voisin revient en 1934 et il conçoit cette C27 Aérosport. Mais après deux exemplaires, il jette l'éponge, car il a un projet encore plus radical en tête.

Au salon de Paris 1935, il présente le coupé C28 Aérosport. Elle possède une carrosserie ponton jusqu'ici réservée aux "tanks" de compétitions. Avec son 6 cylindres 3,3l 120ch, elle atteint 150km/h.

Elle est vendue au prix astronomique de 100 000 frs (la Bugatti 57, plus performante, est à 90 000frs.) Mais Gabriel Voisin va encore plus loin: il assemble deux 6 cylindres et crée une Aérosport V12 6l, 180ch et 180km/h en pointe.

Les clients sont rares, malgré un léger lifting en 1936. Seules 14 Aérosport et 2 V12 seront produites. Gabriel Voisin revend à Gnome-Rhône (actuel Safran) qui fabriquera la moche C30 à moteur Graham-Paige. Voisin fermera ses portes en 1939 et Gabriel Voisin terminera sa vie reclus dans son laboratoire et aigris.

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