La "baby benz" se dévergonde
Très sûre, dotée d'un excellent châssis, la 190 ou "baby benz" vise une clientèle plus jeune. Elle est, dès le début de sa commercialisation, proposée dans une version E (pour "Einspritzung", injection) plus puissante que la version classique à carburateur. Dès 1984, Mercedes passe à la vitesse supérieure avec une version 2.3 litres 16 soupapes du 4 cylindres, préparé par Cosworth et donné pour 170 chevaux environ. Destinée dans un premier temps au rallye, cette préparation est finalement vouée au DTM, le nouveau championnat de supertourisme qui vient d'être lancé en Allemagne. La règlementation DTM, basée sur les Groupe A, exige des modèles issus de la série mais tolère des modifications mécaniques qui font le bonheur des préparateurs. Préparée par AMG en compétition, la 190E 2.3 délivre 240 chevaux. Le DTM est en plein âge d'or et enflamme le public. Dans les années 80 et au début des années 90, on avait le duel des gamers entre Nintendo et Sega. En France, on avait la rivalité naissante en foot entre Marseillais et parisiens. Et en Allemagne, il y avait le clan des "béhémistes" contre celui des Mercedes, avec les tribunes en feu dans le stadium d'Hockenheim.
Course aux armements en DTM
Le 2.3 16S de Cosworth évolue en 1988 avec un gain de puissance qui lui fait passer la barre des 200 chevaux en version civile, et même 225 chevaux grâce au pack d'alimentation développé par AMG. En course, le bloc atteint les 300 chevaux à 8500 tours mais la concurrence a pris une longueur d'avance. Depuis 1987, BMW a bouleversé le monde des berlines sportives compactes en sortant la bestiale M3, née pour la course. De son côté, Ford mise sur le turbo avec la RS500 Cosworth de 225 chevaux, dont les versions de compétition tutoient les 360 voire 400 chevaux. Par conséquent, en DTM, BMW et Ford se partagent encore les lauriers, tandis que la 190E 2.3 est nettement distancée. Mercedes réplique une première fois en 1989 avec la 190E Évolution 1. L'aérodynamisme se muscle mais, malgré de profondes modifications qui permettent une nette montée en régime, le moteur de série reste figé sur la barre des 200 chevaux, ce qui semble insuffisant au regard des capacités du châssis. La version course grimpe à 333 cevaux, mais la saison 1989 du DTM est une nouvelle fois dominée par les M3 et les RS500 Cosworth. D'où la mise en chantier, rapidement, d'une Evolution 2.
190E pour...Extravertie
En mars 1990, Mercedes dévoile à Genève cette Évolution 2, produite à 502 exemplaires en vertu des règles d'homologation du DTM. Et là, l'étoile n'a pas fait les choses à moitié. Cette fois-ci, le moteur de série progresse clairement avec l'intégration du pack Power AMG. La 190 Evo II affiche 235 chevaux à 7200 tr/mn et un couple maxi de 25 Mkg disponible entre 5000 et 6000 tr/mn ! Côté performances, le cap des 250 Km/h est atteint tandis que le 0 à 100 Km/h est avalé en 7"1 ! Les réglages de suspensions sont affermis, et sans doute pas conseillés par un kiné. Le confort a bon dos ici, c'est le cas de le dire !
Les modifications sont très nombreuses par rapport au 2.5 de base, mais sans porter atteinte à la fiabilité. Dotée désormais d'un bloc au caractère bien plus affirmé, l'Evo 2 surprend surtout par son look extérieur, qui contraste nettement avec l'image plutôt sage et statutaire des Mercedes de cette époque. Les ingénieurs se sont lâchés en affublant la bête d'un kit aérodynamique tapageur que n'auraient pas renié les pros du tuning. La 190E se métamorphose en sportive bodybuildée tout sauf discrète. Spoiler avant avec lame aérodynamique, jantes 17" avec des pneus plus larges, déflecteur sur la lunette arrière, passages de roues extra-larges et, clou du spectacle, un énorme aileron réglable arrière type F40. Tout transpire ici l'optimisation dédiée à la course. C'est provocant, c'est osé, c'est inhabituel à cette époque sur une Mercedes, ça fait parler !
Tueuse de M3 Sport Evo
La 190E Évolution 2 est commercialisée en France en 1990 au prix de 460.000 francs, soit de quoi se payer deux R21 Turbo ! Dans le championnat DTM, l'Evo 2 est introduite en Juin et les résultats progressent immédiatement. AMG, qui devient la même année une filiale intégrée à Mercedes, pousse le bloc à 350 puis 380 chevaux. L'Evolution 2 continue d'évoluer jusqu'au titre DTM obtenu en 1992. Puis, en 1993, le championnat passe à la règlementation Classe 1 encore plus permissive, parfaitement exploitée par Alfa Romeo qui écrase tout sur son passage avec sa 155 V6 Ti 4x4. Il est temps pour la 190E de tirer sa révérence, et de laisser place à la Classe C. Sportive pure dans l'âme, cette Evo 2 est une vraie rareté aujourd'hui.
Sources et images : Mercedes
Pour résumer
En 1982, Mercedes présente avec la W201, alias 190 dans le commerce, sa première berline tricorps "compacte". Un grand succès, qui, en 11 ans de carrière, verra sa production atteindre plus de 1,8 million d'exemplaires. Mais au milieu des 190 à vocation "familiale", des bêtes de course sont nées, poussées par la course aux armements du DTM, dont la radicale Évolution 2.