Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître...
Avant les radars fixes, les contrôles se faisaient en bord de route avec les "barbecues", les "boîtes à images", avec des gendarmes ou des policiers qui pistaient les contrevenants. Le contrôle automatisé devait permettre de multiplier les contrôles à moindre coût. En effet, ces "pandores" automatiques peuvent travailler 24 heures du 24, 7 jours sur 7, et 365 jours par an. Une fois leur prix d'achat amorti, il reste les frais de fonctionnement.
Le but officiel à l'époque est aussi de faire baisser le nombre de tués sur la route. A l'époque, on est encore au-dessus des 7 200 tués par an. C'est à comparer avec les 3 600 environ 20 ans plus tard. Quant à savoir ce qui est imputable au contrôle automatisé, et ce qui est imputable à l'amélioration des infrastructures et surtout à l'amélioration des véhicules, on laisse chacun être juge.
Dès le début, ces radars fixes ne sont pas aimés. Le premier radar sera dégradé à la masse moins de 48 heures après son inauguration. Comme les portiques de l'écotaxe des années plus tard, ce boîtier aura droit à sa garde rapprochée pendant plusieurs jours par la gendarmerie. Plusieurs d'entre eux seront dégradés au fil des installations avant de "rentrer dans le paysage" routier.
Le nombre n'a cessé de croître au fil des années. Les plus anciens boîtiers ont été remplacés par des modèles plus étroits. Puis les radars discriminants, grands totems marron foncé, ont fait leur entrée en scène, permettant de flasher à différentes vitesses en fonction du gabarit du véhicule (moto, auto, fourgon versus camion). Désormais, les radars sont des cabines réduites installées en hauteur en haut d'un mat.
Ce n'est pas près de s'arrêter
Ces radars sont de plus en plus technologiques. Des Mesta dans une "boîte blindée", on est passé désormais à des radars qui peuvent prendre plusieurs voies, dans les deux sens, avec des vitesses différentes, et même en faire encore plus comme voir les non-ports de ceinture, les téléphones en main, les feux rouges, etc. Avec l'épisode des gilets jaunes, une grande partie du parc des radars a été mise hors-service. L'Etat en a profité pour moderniser le parc et mettre plus de caméras de sécurité qui filment les radars. Sur les 4500 radars environ en 2023, une immense partie est en fonctionnement avec environ 88% de disponibilité moyenne.
En plus des radars tourelles, il y a les radars autonomes. Nés "radars de chantier" (censés protéger les chantiers des chauffards) ils ont changé d'objectif et se baladent au gré des volontés des préfets et des autorités. Ces radars de tronçon sont très (trop) efficaces, plus que les radars fixes, et font ralentir les gens qui ne se font pas "flasher". Un temps mis en place, les radars de tronçon (qui calculent la vitesse sur un tronçon de route) sont retirés peu à peu. Ceux qui devraient recevoir les subsides de l'Etat pour se développer sont les radars mobiles-mobiles, alias embarqués.
Pompe à fric ? Pièges ? Obligatoires vu la conduite des Français ? Chacun son avis. Ces radars sont en train d'être rejoints par des radars thermiques qui déterminent si vous êtes seul dans votre voiture dans une voie covoiturage. L'Etat envisage aussi d'étendre les possibilités légales des radars tourelles. Actuellement, l'assurance peut être vérifiée, seulement si vous commettez une infraction à la vitesse. On pourrait envisager de vérifier à chaque passage l'inscription dans le fichier des assurés.
Le petit dernier qui fera grincer des dents, est en test en Espagne. Il s'agit d'un radar qui détecte si on freine avant le point de contrôle de vitesse. De quoi obliger les gens à respecter la vitesse limite ?
Malgré leur technicité en hausse à chaque génération, on compte globalement 1/3 des "flashs" (abus de langage désormais) qui ne donnent pas lieu à un PV émis (photo inexploitable, etc.). En 2022, sur 21,5 millions de flashs, seuls 14,33 millions de PV ont été dressés et envoyés par le contrôle automatisé situé à Rennes (Ille-et-Vilaine). Le fruit des amendes des radars couvre les frais de fonctionnement du système et l'entretien des radars, mais abondent les programmes de sécurité routière, aménagements de route, etc. Une partie sert au "désendettement de l'Etat".
Un reportage d'époque de France 2 sur le site de l'INA.