L’information a été lâchée vendredi soir (après-midi aux States) par son père, Mario Andretti, champion du monde 1978 avec Lotus."Michael a postulé auprès de la FIA pour aligner une nouvelle équipe de F1 à partir de 2024", a-t-il annoncé vendredi dans un tweet. «Son entrée, Andretti Global, a les ressources et vérifie chaque case. Il attend la décision de la FIA."
Après le rachat, la création ex-nihilo ?
On se souvient que Michael Andretti a failli conclure en octobre dernier un accord pour reprendre Sauber, qui s'occupe de l'équipe de Formule 1 Alfa Romeo. Les parties étaient proches d'un accord, mais l’actionnariat de Sauber avait fait monter les enchères au dernier montant, puis finalement les deux parties ne s'étaient pas entendues sur la structuration et la gouvernance de la future entité. Andretti avait précédemment déposé une offre pour reprendre l'équipe Force India lorsque ses actifs avaient été vendus en 2018, puis finalement achetés par Lawrence Stroll pour la rebaptisér Aston Martin.
Après ces deux tentatives avortées de rachat, Andretti essaie visiblement l’autre chemin, celui de la création pure et simple. Cela ajouterait une 11e entrée au peloton, augmentant le nombre de voitures à 22. Toutefois, commencer une équipe à partir de zéro serait une décision coûteuse. Outre l'acquisition des installations nécessaires et la conclusion d'un contrat de moteur, les nouveaux entrants doivent payer des frais de 200 millions de dollars. En effet, quand les nouveaux Accords Concorde ont été signés par l'ensemble des écuries de F1 en 2020, cette nouvelle clause avait été adoptée pour protéger les intérêts des écuries déjà présentes. Ainsi toute nouvelle écurie souhaitant faire son entrée en Formule 1 durant la période allant de 2021 à 2025 doit normalement s'acquitter de la somme de 200 millions de dollars, répartie ensuite équitablement entre les structures existantes.
L'instauration d'une telle clause avait à la fois pour objectif de protéger les concurrents déjà inscrits mais également de compenser la perte mécanique des revenus engendrée par l'arrivée d'un nouveau constructeur, puisque les primes seraient partagées non plus en 10 mais en 11 ou 12 parts. Pour d’autres, ce plafond était peut-être aussi une manœuvre des 10 teams existants pour assurer leur mainmise sur le gâteau et dissuader de nouveaux entrants.
La conquête de l'Ouest
Cependant, les choses pourraient bouger. Stefano Domenicali avait déclaré l’an passé que la F1 serait prête à « négocier » au cas par cas ce fameux ticket d’entrée, et les propriétaires américains de F1, Liberty Media, souhaitent poursuivre la croissance du sport aux États-Unis, qui se manifeste cette année par l’arrivée d’une deuxième course à Miami et un projet de troisième à Las Vegas. Mais on le sait, pour qu’un sport prenne pleinement son envol aux USA, il faut une présence américaine dans la compétition. Le dernier arrivé de la F1, Haas, engagé depuis 2016, est également américain, même si, désormais, la coloration financière est de plus en plus russe.
Andretti a indiqué que, si sa tentative d'achat de Sauber avait réussi, il aurait cherché à placer son pilote IndyCar Colton Herta dans la série. Rappellons aussi qu’en plus d’engager quatre voitures à temps plein dans la série IndyCar, Andretti Autosport participe également à la Formule E, à l'Extreme E, à l'Indy Lights et à d'autres championnats.
Renouer avec la grandeur passée
La présence américaine en Formule 1 a été forte, surtout dans les années 60-70 avec des pilotes comme Dan Gurney, Phil Hill, Mario Andretti, Mark Donohue mais le vivier s’est tari. Le dernier en date est l’éphémère Alexander Rossi, aperçu en 2015 sur Marussia. Après, il faut remonter à Scott Speed sur Toro Rosso dans les années 2000, puis encore avant à…Michael Andretti, qui avait connu un fiasco chez McLaren en 1993. L’Amérique a aussi fourni à cette époque pas mal d’équipes comme Eagle, Parnelli, Shadow et Penske. La dernière victoire d’une monoplace américaine remonte d’ailleurs au grand prix d’Autriche 1976 avec le succès de John Watson sur une Penske-Ford. Ça date…
Stefan GP, USF1, Direxiv, Panthera GP (pas encore enterré ?)…les projets avortés sont légion depuis plus de 10 ans, sans oublier les éphémères HRT, Virgin, Marussia, Caterham et autres Manor qui ont sombré corps et âme en quelques années seulement.