Petit à petit, on découvre toutes les ramifications de « l’affaire Horner », qui dépasse largement le cadre des propos et images inconvenantes que le team-mananger de Red Bull aurait échangé avec une employé de Red Bull.
Un coup d'état de Horner ?
Depuis le weekend de grand prix de Bahreïn, le partage « mystère » du dossier à charge contre Horner à de nombreux journalistes et responsables de la F1, puis la sortie de Jos Verstappen dans la presse, ont relancé le « buzz », et chaque jour de nouveaux détails viennent éclairer cette histoire et surtout confirmer ce que l’on suppute depuis plusieurs semaines : au-delà de « l’inconduite » reprochée à Christian Horner, qui semblerait réelle, c’est une lutte de pouvoir au sein de Red Bull qui est à l’œuvre depuis déjà quelques temps, et dont la résonnance est désormais exponentielle.
Selon plusieurs médias bien informés, comme l’allemand Auto Motor und Sport ou l’anglais BBC Sport, Christian Horner aurait eu visiblement l’ambition de prendre le contrôle majoritaire de Red Bull Racing, à la manière de Toto Wolff chez Mercedes, et donc de dissocier l’écurie de la maison mère, avec l’appui d’investisseurs anglais et de la branche thaïlandaise majoritaire (co-fondatrice de la société dans les années 80 avec Mateschitz) qui détient 51% des parts de la maison mère, ce qui aurait déclenché une guerre ouverte avec le « clan autrichien », incarné par Helmut Marko, auquel le clan Verstappen est lié. C’est ce projet qui serait peut-être bien à l’origine de toute l’affaire. On se souvient aussi des dissensions qui avaient pertubé Red Bull au moment du rapprochement avec Porsche, lequel avait finalement capoté quand Horner et Marko - alors alliés à ce moment-là contre l'avis des héritiers de Mateschitz - avaient craint que le rachat du team par Porsche ne leur coûte leur place.
Marko, premier de cordée
Par conséquent, nous nous retrouvons dans une très classique "guerre de succession" post-Mateschitz, qui n'est pas sans rappeller les remous qui avaient perturbé la Scuderia Ferrari dans les années qui avaient suivi la mort du Commendatore. Horner a été « blanchi » par l’enquête interne, qui cependant est restée très opaque (et visiblement orchestrée par la branche thaïlandaise pro-Horner) et il entend bien rester à son poste, ce que l’axe Verstappen/Marko ne peut accepter. L’an dernier déjà, une rumeur avait évoqué la volonté d’Horner d’évincer Marko, qui n'était plus en odeur de sainteté avec le nouveau directoire et avait multiplié les polémiques.
Sauf que cela pourrait tout faire imploser, puisque si Helmut Marko décide de partir, il pourrait entraîner avec lui Max Verstappen : plusieurs médias, dont F1-Insider, ont révélé que le contrat du champion du monde contenait une « clause Marko" libératoire, en somme permettant au néerlandais de partir immédiatement de Red Bull si Helmut Marko quitte l’écurie. L’inquiétude de l’autrichien de 80 ans, c’est que les turbulences de l’affaire Horner pourrait entrainer non seulement le départ de « Super Max », mais aussi celui d’Adrian Newey, le maître à penser technique de Red Bull, ainsi que de Ford, qui n’a pas mâché ses mots sur cette affaire.
D’autres bruits circulent comme quoi le projet moteur Red Bull/Ford serait en retard sur la concurrence, ce qui pousserait ainsi les Verstappen, contractuellement liés officiellement jusqu’en 2028, à anticiper en allant voir ailleurs. Gerhard Berger, proche de l’écurie, a confirmé également que la situation pouvait faire imploser Red Bull et faire partir à la fois Verstappen et Newey. Et pourquoi pas vers Mercedes ?
Et si Verstappen remplaçait Hamilton ?
C’est le « buzz » qui enflamme la toile depuis quelques jours. Les discussions, abondamment photographiées, entre Jos Verstappen et Toto Wolff dans le paddock de Bahreïn, ainsi que les différentes déclarations sibyllines des uns et des autres ne peuvent qu’attiser le bruit médiatique. Wolff a dit que « tout était possible », à la question d’une éventuelle arrivée de Verstappen chez Mercedes en 2025, alors que Lewis Hamilton lâchera son baquet pour Ferrari.
Quant à Marko, qui semble être la clé de voûte de l’affaire, il a clairement dit qu’il ne se « mettrai en aucun cas en travers du chemin de Max” si ce dernier décidait de partir de Red Bull. Le principal intéressé n’a pas non plus fermé la porte catégoriquement, même s’il reste en retrait de toute cette affaire, en tous cas publiquement, laissant son père mener la bataille. On notera cependant que Max Verstappen a refusé de soutenir publiquement Horner, malgré la demande en ce sens qui lui avait été faite par le président de la FIA Mohamed Ben Sulayem, qui aime décidément se mêler de tout.
Pour Toto Wolff, il est évident que récupérer Verstappen serait un coup mémorable, et sans doute aussi une revanche personnelle face à Red Bull et Horner, avec qui les crispations et les piques sont nombreuses depuis 2021. Pour Verstappen, qui pourrait bien engranger cette année son 4e titre mondial consécutif, et qui n' a pas l'intention de rester en F1 jusqu'à 40 ans, un nouveau défi - remporter le titre mondial avec une autre écurie - est forcément alléchant, afin d'entrer définitivement au Panthéon de la F1.
Alonso en embuscade
Un mercato phénoménal pourrait donc marquer la saison 2024. N’a-t-on pas vu également Flavio Briatore en conversation chez Red Bull, l’italien étant toujours le manager de Fernando Alonso ? Ce dernier, qui n’en est pas à un revirement près, constate que le projet Aston Martin risque de ne pas progresser aussi vite que prévu, sachant que le temps joue contre l’espagnol qui fêtera ses 43 bougies cette année. Alonso ne peut attendre encore 3 ou 4 ans, et pourrait sauter sur l’occasion de prendre le baquet Red Bull, quand bien même Sainz est aussi sur les rangs. D’autres noms circulent pour le baquet Mercedes, y compris un retour éventuel de Sebastian Vettel ! Bref, de quoi nous tenir éveillés, même si l’action sur la piste est soporifique.
De toute façon, les choses vont se jouer en haut-lieu. La partie majoritaire de Red Bull est-elle prête à tout voir s'écrouler pour maintenait Horner ? Le clan Verstappen ne veut-il seulement que faire monter les enchères, voire prendre le pouvoir ?