Avec l'adoption de jantes 18" et surtout une grosse refonte arodynamique marquée par le retour de l'effet de sol, les F1 2022 entameront une nouvelle révolution technique, la plus importante depuis le passage à l'ère hybride en 2014, avec l'espoir de resserer les performances du plateau, de redonner la possibilité aux pilotes de se suivre de près et de s'attaquer en piste, le tout afin de créer un spectacle plus disputé.
New look
Après une vidéo de lancement retraçant l'évolution du design des F1 des années 50 à nos jours (avec une petite coquille non, la Mercedes carénée de 1955 apparaissant dans les sixties ?), le show a enfin dévoilé, dans une livrée...psychédélique, un modèle générique de F1 répondant donc aux nouvelles specifications techniques. Les pilotes actuels ont aussi eu droit à une présentation sur la piste. Tous disposés en arc de cercle, ils ont pu découvrir ce concept générique, toutefois dans une livrée plus conventionnelle grise et rouge.
De premier abord, cette F1 "new age" propose un design bien plus épuré que l'actuel et des formes à la fois futuristes, agressives et plus fluides, plus épurées. Le dessin donne la sensation d'une monoplace plus longue, surtout à cause d'un très long nez qui répond en fait à des impératifs de sécurité, mais en fait, cela ne sera pas le cas en comparaison des "paquebots" actuels. Vue de l'avant, on remarque que l'aileron est désormais bordé à ses extrêmités par des grandes ailettes remontant à la verticale et qu'il est bien plus haut que les ailerons actuels qui sont au ras du sol. Sous certains angles, cette F1 ressemblerait à une Indycar plus svelte. C'est aussi le retour des museaux plongeants comme dans les années 90.
La guerre à l'air sale
Cette F1 a été développée dans le but de lutter contre "l'air sale", c'est à dire les fortes perturbations aérodynamiques que subissent actuellement les pilotes quand ils sont dans le sillage d'une autre voiture. Pour donner quelques chiffres, la recherche montre que les machines de F1 actuelles perdent 35 % de leur appui lorsqu'elles courent à 20m de la voiture de devant et 47% d'appui à 10 mètres. La voiture 2022 est censée réduire ces chiffres à 4% à 20 mètres, et seulement 18 % à 10 mètres.
Les roues 18" ont des jantes pleines (on espère toutefois que l'enjoliveur perdra son côté CD-ROM) et sont surmontées pour la première fois de déflecteurs. Elles auront un impact énorme sur l'écoulement du flux aéro, dans le but d'éloigner cet air de l'aile arrière, mais aussi sur les réglages de suspensions et donc le pilotage.
Les pontons changent aussi en profondeur et sont débarrassés des nombreux appendices aéro qui ont fleuri sur les monoplaces depuis le début des années 2000. Logique car c'est en dessous que tout va se passer, les monoplaces étant équipées de tunnels à effet Venturi sous le fond plat et sous les pontons, de l'avant jusqu'à l'arrière, pur générer de l'effet de sol, un peu comme à la grande époque des "wing cars" de la fin des années 70 et du début des années 80, mais de façon tout de même moins extrême. Ce n'est pas exactement un retour à l'effet de sol de cette période là, pour la simple et bonne raison déjà qu'il n'y aura pas de jupes mobiles. Plus mince, la F1 2022, dont le cahier des charges pour les ingénieurs sera très strict en termes de conception et d'évolution, semble retrouver la taille de guêpe des F1 d'avant 2017.
L'aileron arrière est assez surprenant, avec sa double accroche façon LMP1 et sa forme en trapèze inversé, qui rappelle de loin et en plus fluide les ailerons de la Renault RE20 (oui, d'accord, c'est capillotracté). Ses formes travaillées, presque "artistiques", répondent d'abord à un impératif aéro résultant toujours de cette volonté de chasser l'air sale et de réduire les perturbations dans le sillage d'une F1. La forme et la position de l'aileron arrière de la voiture 2022 créent un flux d'air rotatif qui collecte le sillage de la roue arrière et le fait rouler dans le flux sortant du diffuseur - formant un sillage invisible en forme de « champignon ». Ce sillage plus étroit est ensuite projeté - grâce également à une rampe de diffusion plus raide - haut dans les airs, permettant à une voiture suivante de traverser un «air pur» moins perturbé. Reste à voir comment cela interagira avec l'activation du DRS.
Sécurité : retour d'expérience
Côté sécurité enfin, cette F1 2022 intègre des améliorations directement issues des enquêtes approfondies qui ont fait suite à l'accident mortel d'Anthoine Hubert à Spa 2019 et à celui terrifiant de Romain Grosjean à Bahrein. Le châssis doit maintenant absorber 48 % et 15 % d'énergie en plus respectivement dans les tests de choc avant et arrière, ainsi que des forces plus importantes dans les tests de « compression » statiques nécessaires pour homologuer le châssis et certifier sa résistance. Les voitures sont désormais conçues de manière à ce qu'en cas d'accident, le groupe motopropulseur se sépare du châssis. en toute sécurité sans exposer le réservoir de carburant.
Une section de nez plus longue a été intégrée pour aider à dissiper l'énergie lors d'un accident frontal, ainsi que des côtés de châssis plus solides pour résister aux incidents T-bone. Il est également vrai que ces améliorations de la sécurité, ainsi que les pneus plus lourds et plus robustes, ont vu leur poids augmenter, le poids minimum de la voiture ayant augmenté d'environ 5%, passant de 752 kg actuellement à 790 kg.
Notre avis, par leblogauto.com
Le design est une question de goût et on peut déjà s'attendre à plus de "waouh" avec des livrées emblématiques comme celles de Ferrari et Alpine. La bonne chose est que les nouvelles F1 devraient apparaître plus fluides dans le design, loin des forêts d'appendices et dérives carbone qui faisaient ressembler les F1 à des toits de cathédrale gothique. C'est surtout sous la voiture que ça va cogiter sévère, mais on peut faire confiance aux ingénieurs pour rapidement trouver des zones grises dans le règlement. Mais quoi qu'il en soit, c'est le résultat en piste qui sera le seul véritable juge de paix. Le Halo a donné de l'urticaire au départ et finalement plus personne n'y pense en termes de look. Si les F1 2022 apportent ce pour quoi elles ont été conçues, c'est à dire plus de bagarre en piste, alors ce sera une réussite.