La FIA publie son enquête sur les incidents de Suzuka
par Nicolas Anderbegani
l'euphémisme est un art

La FIA publie son enquête sur les incidents de Suzuka

La FIA a publié un rapport détaillé de l'enquête qui a été ouverte après les nombreux cafouillages du grand prix du Japon, et en particulier l'incident des grues frôlées par Pierre Gasly.

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Les e*******, ça vole en escadrille

La FIA a enquêté sur « l’affaire Gasly » de Suzuka, puisque dans le tour où il essayait de rattraper le peloton maintenu sous régime de voiture de sécurité et qui bascula en drapeau rouge, le français passa à deux reprises à proximité de grues qui étaient en train d’intervenir sur les voitures accidentées de Carlos Sainz et Alex Albon, le tout dans des conditions de visibilité exécrables. Outre la colère noire du pilote Alpha Tauri, l’incident avait suscité de vivres réactions dans le paddock, notamment du côté des pilotes, unanimement choqués par la réitération de ce genre d’incident de grue, d’autant plus que le tout s’est passé à Suzuka, le circuit même où Jules Bianchi a eu son tragique accident en 2014 en percutant de plein fouet un gros engin de levage.

L’enquête de la FIA, diligentée après des discussions avec le président Ben Sulayem et un courrier officiel de George Russell, président du GPDA, a analysé scrupuleusement les données, les vidéos et les procédures qui ont été appliquées, sous l’égide du Centre d'opérations à distance (ROC) de la FIA à Genève, un organisme externe qui a été introduit cette saison en réponse aux nombreuses polémiques de gestion de course ayant émaillé la saison 2021.

On se demande s'il faut se demander

La FIA commence par désamorcer en affirmant que « toutes les procédures de course de la FIA ont été suivies », et s’en sort étonnamment par une pirouette sur le cas particulier de Pierre Gasly, qui n’était pas dans le peloton regroupé derrière la Safety Car puisque, suite à son arrêt aux stands pour réparer son aileron et enlever le morceau de panneau publicitaire qui s’était fiché dessus, le pilote Alpha Tauri avait été distancé par ce même peloton et roulait plus vite pour essayer de le rattraper. En effet, la FIA explique que, « comme les efforts étaient concentrés sur une récupération en toute sécurité, l'AlphaTauri de Pierre Gasly dans la voie des stands n'était pas immédiatement détectée. »

« La direction de course ne surveille pas nécessairement toutes les voitures qui peuvent s'arrêter pendant les périodes de voiture de sécurité car elle est plus préoccupée par toute zone contenant un incident et neutralisant le champ derrière la voiture de sécurité ». On peut rester assez circonspect par rapport à cette explication assez légère du genre « on ne peut pas tout voir ».

La FIA reconnait tout de même, à demi-mot et avec un beau sens de la périphrase et de l’euphémisme, non pas des « torts » (faut pas pousser), mais des améliorations à apporter :

« Le comité d'examen s'est demandé si l'entrée du véhicule de dépannage à Suzuka pour récupérer la Ferrari accidentée de Carlos Sainz était prématurée compte tenu des conditions qui prévalaient. »  En voilà une question qu’elle est bonne ?!

« Le comité d'examen a reconnu que le fait d'avoir des grues de récupération sur les rails à Suzuka pendant les conditions météorologiques est une question sensible compte tenu des incidents tragiques du passé ». Une question sensible…ou juste un sentiment d’insécurité ?

« Le comité a déterminé qu'avec le recul, étant donné que les conditions météorologiques changeaient, il aurait été prudent de retarder le déploiement des véhicules de dépannage sur la voie. » Comme si ce n’était pas la première fois que l’on vivait cette situation…

« Il a également été reconnu que si la voiture de sécurité est utilisée pour neutraliser une course, la FIA contrôle les voitures directement derrière la voiture de sécurité, mais elle n'a pas un contrôle suffisant sur les voitures qui se trouvent ailleurs sur la piste. » C’est un peu leur travail non, et ils sont censés être plusieurs sur la gestion !

Vilain Gasly !

La FIA a également fourni un document pdf analytique détaillant, minutage et captures d’écran à l’appui, le déroulement de la procédure, afin également d’appuyer (intensément) sur les erreurs de Pierre Gasly. Le document fournit notamment les vitesses de passages des voitures sous SC au niveau des incidents Sainz et Albon, celles-ci oscillant entre 43 Km/h pour Perez et 167 Km/h pour Zhou sur l’incident Sainz (un peu décroché du reste du peloton à ce moment-là, mais finalement guère moins vite que le français qui est incriminé ?)  et oscillant entre 80 et 122 Km/h sur l’incident Albon.

La FIA détaille ensuite le tour de Gasly, qui passe à 189 Km/h au niveau de la 1ère grue et 163 Km/h au niveau de la seconde. Le drapeau rouge est déployé exactement 1 seconde avant que Gasly ne passe au niveau de la première grue, ce qui n’est pas suffisant pour réagir et ralentir brusquement. La FIA précise même que, du fait que son tour précédent, effectué avec un aileron endommagé, a été très lent, Gasly, bien que « roulant considérablement plus vite que ce qui était attendu étant donné les circonstances », n’était pas en infraction avec le delta de temps calculé et qui lui était imposé sous régime de SC.

La FIA a néanmoins insisté sur le fait que Gasly roulait trop vite, alors qu’il passait la seconde fois (souligné dans le rapport) au niveau des incidents et était censé être courant à la fois des incidents et de la présence potentielle de commissaires et véhicules d’intervention (quid des communications radio d’ailleurs ?). La FIA indique aussi que Gasly a roulé régulièrement entre 200 et 250 Km/h sur le reste du tour, alors que le drapeau rouge était cette fois-ci bien effectif et connu de tous. Le français a d’ailleurs reconnu devant les commissaires sa vitesse excessive, qui lui a valu une pénalité. Le français est certes fautif sur cet aspect-là, mais on a quand même la sensation que la FIA insiste beaucoup la-dessus pour contourner le problème de la grue.

Des mesures dès Austin

À la suite des conclusions, les mesures suivantes seront mises en œuvre, parmi lesquelles :

-Informations à fournir aux Equipes via la messagerie officielle et communiquées via le système d'interphonie de la FIA pour informer les Equipes qu'un véhicule de dépannage est en piste avec l'obligation des Equipes d'informer leurs Pilotes. (cet aspect là n'est pas indiqué, Gasly a-t-il été prévenu à la radio de ce qui se passait ? Si ce n'est pas dit, c'est peut-être qu'aucun message n'a été envoyé ?)

-Développement d'une fenêtre de surveillance VSC/SC en direct pour afficher l'état de toutes les voitures, en piste, derrière SC, dans les PITS à utiliser par la direction de course et le centre d'opérations externe.

-Mise à jour de la procédure de contrôle de course pour mieux définir la répartition des tâches au sein de l'équipe de contrôle de course dans le cadre de la procédure SC ou VSC. En relation spécifique avec cet examen, la délégation de la surveillance des voitures entrant dans la voie des stands dans des conditions SC et la longueur conséquente du train SC. Intéressant : qu'apporte ce centre de contrôle extérieur ? La division des tâches a-t-elle au final alourdi le processus décsionnel ? On peut y voir un parallèle avec la VAR en football qui n'a pas forcément fluidifié l'arbitrage.

-Évaluation de l'application actuelle des panneaux publicitaires, de leur construction, de leur emplacement et des matériaux utilisés pour éviter qu'ils ne soient arrachés et jetés sur la piste.

-VSC dynamique : mise en place d'une nouvelle fonction qui modifierait le delta de vitesse que le conducteur doit suivre avant et dans les secteurs où il y a un incident, cela aiderait les conducteurs à savoir où les incidents ont été déclarés (à mettre en œuvre au départ de la saison 2023).

D'autres sujets brûlants (façon de parler)

Pour les courses restantes de la saison 2022 de Formule 1, la FIA n'utilisera pas le système de rotation du rôle de directeur de course. Du Grand Prix des États-Unis à Austin et des courses suivantes au Mexique, au Brésil et à Abu Dhabi, Niels Wittich assumera le poste de directeur de course avec le soutien du personnel du "Race Control". Une manière discrète de dire que Edoardo Freitas, qui était arrivé en provenance du WEC et qui officiait aux cotés de Wittich, depuis cette qnnée en remplacement de Masi, n’exercera plus cette fonction. La direction de course a du mal à se stabiliser, après le long règne linéaire de Charlie Whiting.

Pour terminer, la FIA a signalé aussi qu’elle allait mener une "analyse des performances des pneumatiques par temps de pluie" (sic) avec Pirelli .Vous pouvez gagner du temps d'analyse, les pilotes l'ont clairement dit : ils sont nuls et inutiles !!! Ou comme dirait Jean-Pierre Coffe....

Le règlement allait aussi être clarifié sur les barèmes de points en fonction des limites de temps de course, pour ne pas revivre la confusion guignolesque dans laquelle Verstappen a été déclaré finalement champion du monde.

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Pour résumer

La FIA a publié une longue analyse des incidents de Suzuka. Bien que reconnaissant, à demi-mot, des éléments à améliorer dans les procédures, la vitesse de Gasly est clairement pointée du doigt, bien davantage que la présence de la grue...On attend maintenant le rapport sur le dépassement budgétaire et l'accord avec Red Bull pour rigoler encore un peu

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