La FIA lance l'enquête sur Abu Dhabi et éjecte Masi
Le feuilleton FIA/Mercedes/Masi/Hamilton se poursuit ! Des têtes semblent être tombées, alors que le suspense reste entier sur la suite que Lewis Hamilton donnera à sa carrière.
Le feuilleton FIA/Mercedes/Masi/Hamilton se poursuit ! Des têtes semblent être tombées, alors que le suspense reste entier sur la suite que Lewis Hamilton donnera à sa carrière.
Le final controversé du grand prix d'Abu Dhabi, qui a vu Max Verstappen ravir à Lewis Hamilton le titre mondial dans le dernier tour après une gestion rocambolesque de la voiture de sécurité par la direction de course, est encore au coeur de l'actualité de la Formule 1, occultant presque la révolution règlementaire.
Depuis ce final, Lewis Hamilton a été totalement muet, boycottant avec Toto Wolff le gala de la FIA et ne publiant plus rien sur les réseaux sociaux. Sa seule apparition publique s'est déroulée à l'occasion de la cérémonie officielle d'intronisation du champion anglais en tant que "Sir". Plongé dans un inhabituel mutisme, Hamilton alimente évidemment la machine à rumeurs depuis plusieurs semaines. L'éventualité d'une retraite anticipée du septuple champion du monde, "dégoûté" par le final de la saison 2021, n'est pas à exclure, à tel point que Mercedes aurait, par précaution, activé un "plan B" au cas où pour pallier le départ de son champion. Les noms de Pierre Gasly et d'Esteban Ocon, toujours lié contractuellement à Mercedes, ont ainsi circulé ces derniers jours.
L'épée de Damoclès du départ d'Hamilton - qui ne ravirait sans doute pas Liberty Media et Netflix, trop heureux de la "hype" suscitée par un nouveau match homérique Verstappen/Hamilton en 2022, rappelle d'une certaine manière le suspense qui avait animé l'intersaison 1989-1990 quand Ayrton Senna avait ferraillé avec Jean-Marie Balestre et laissé planer le doute sur la poursuite de sa carrière après la polémique du grand prix du Japon 1989.
De son côté, la FIA semble vouloir rapidement tourner la page de cette affaire qui a, un nouvelle fois, écorné son image. Après que le nouveau président de la FIA, Mohamed Bin Sulayem, se soit montré dans un premier temps sévère avec Hamiton - évoquant de possibles sanctions suite à son boycott du gala - certains observateurs estiment que la FIA veut désormais mettre les points sur les "i" à propos du final d'Abou Dhabi. La FIA a officiellement confirmé aujourd'hui le début de l'enquête sur les circonstances polémiques de la phase de Safety-Car, ce qui, d'une certaine façon, est une manière d'admettre que des anomalies ont été constatées.
Ce qui a surtout alimenté la machine à commentaires, c'est la publication du nouvel organigramme de la FIA. Et, oh surprise, deux noms ont disparu : à savoir celui de Michael Masi, le directeur de course officiel des grands prix de F1 - l'homme "par qui le scandale est arrivé" - ainsi que celui de Nicholas Tombazis, le directeur technique de la FIA, qui est impliqué notamment dans la règlementation technique.
Voilà de quoi alimenter toutes les thèses, puisque d'aucuns ont immédiatement établi un le lien de causalité entre l'éviction de Masi et de Tombazis et des pressions de Mercedes sur la FIA, avec en balance peut-être un départ d'Hamilton. On se souvient que Toto Wolff, le team-manager de Mercedes AMG, avait tempêté violemment contre Michael Masi à l'issue du grand prix, dénonçant des irrégularités dans l'application du régime de voiture de sécurité, parlant même d'un titre volé à Hamilton, alors que ce dernier avait crié à la radio dans le dernier tour quil s'agissait d'une manipulation.
Mercedes AMG avait envisagé de faire appel du résultat, avant sans doute que la maison mère ne mette le holà pour des questions d'image. Mercedes AMG et Toto Wolff s'étaient alors fendus d'un communiqué plutôt concilant, où l'équipe confirmait renoncer à son recours, après avoir obtenu des engagements de la FIA afin d'"organiser une commission pour analyser en détail ce qui s’est passé à Abu Dhabi et pour renforcer le règlement, la gouvernance et la prise de décisions en Formule 1."
Est-ce à dire que la conciliation de Mercedes a eu, pour contrepartie, de livrer deux têtes à Wolff et Hamilton ? La BBC affirme qu’un accord a été convenu avec la FIA pour licencier Masi et Tombazis, ce que Brackley a évidemment fermement démenti. Il est vrai que l'éviction de Masi peut difficilement être motivée par d'autres motifs que les nombreux errements de l'australien dans ses prises de décisions (et ce sur plusieurs courses, la palme revenant à Jeddah). Quant à l'absence surprise de Tombazis, elle questionne aussi. Les interprétations vont vite sur internet, certains y voyant un moyen de faire payer à l'ingénieur le changement de règlementation du fond plat qui avait été validé pour la saison 2021, ce qui a eu pour conséquence de dégrader l'efficacité de la Mercedes et de permettre à la Red Bull de devenir une redoutable machine, surtout sur la première moitié de la saison. D'autres n'hésiteront pas à parler d'une véritable collusion Mercedes/FIA, comme l'on dénonçait, 15 à 20 ans plus tôt, une supposée collusion Ferrari/FIA.
Au-delà des querelles de personnes, il est certain qu'une mise au clair est absolument nécessaire sur la gestion de la direction de course en Formule 1, alors que plusieurs problèmes ont vraiment parasité la saison 2021 : pénalités variables et inconstantes, pénalités négociées, règlementation malléable, communication très intrusive des teams-manager avec la direction de course, etc.
Reste à savoir ce que fera Hamilton. En tous cas, l'anglais aura réussi à faire davantage parler de lui cet hiver que le nouveau champion du monde !!!
Le feuilleton FIA/Mercedes/Masi/Hamilton se poursuit ! Des têtes semblent être tombées, alors que le suspense reste entier sur la suite que Lewis Hamilton donnera à sa carrière.
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