Début juillet, certaines écuries avaient émis l'hypothèse de porter plainte pour plus d'équité dans la répartition des gains de la formule 1. Sauber et Force India viennent de le faire et reçoivent l'approbation de...Bernie Ecclestone.
Une répartition inéquitable qui nuit au sport
La répartition des gains de la F1 redistribués aux écuries du championnat est régie par les accords Concorde que toutes les structures doivent signer. Les derniers ont moins d'1 an (2012 théoriquement, 2014 en réalité) et la part redistribuée a été augmentée à 63% à l'occasion du renouvellement. Mais tout le monde n'est pas logé à la même enseigne et si les acteurs principaux reçoivent beaucoup d'argent, les écuries du "milieu bas" du classement commencent à grincer des dents avec des budgets qu'ils ont de plus en plus de mal à boucler.
Les conséquences sont diverses. Cela va du départ (faillite) de HRT ou Caterham, la survie miraculeuse de Manor (ex-Marussia) ou la saison très compliquée de Lotus (il n'y a plus de pièce de rechange à cause du manque de sous et de Pastor) mais il y a aussi comme conséquence des pilotes payants dans des structures jouant le 5/6 ème rang qui empêchent certains talents, sans mécène, d'éclore au grand jour abaissant par là même le spectacle.
Les bonus "historique" ou "premium" illégaux ?
Sauber et Force India prennent donc le taureau par les cornes et voient rouge. Ils demandent à la Commission Européenne de se pencher sur la fameuse redistribution des gains qui outre une partie sur le classement des championnats précédents (normal) contient également une partie de bonus (220 millions d'euros tout de même) pour les écuries "historiques" et "premium" (Ferrari, McLaren, Mercedes, Red Bull et Williams). C'est cette partie que Sauber et SFI attaquent :
"C'est une plainte pour violation de la loi européenne sur la concurrence. (Sauber souhaite) contester les privilèges des puissants qui décident des règlements et font du mal à ce sport" déclare Monisha Kaltenborn, avocate et patronne de l'écurie Sauber. Si l'UE décide que ces bonus sont illégaux, la FOM devra revoir tous les accords Concorde et devrait également recevoir une pénalité de 10% du chiffre d'affaire qui atteint 1,5 milliard d'euros environ. Les grosses écuries verraient aussi leur bonus disparaître et perdraient des dizaines de millions de gains.
Un bien ou un mal ?
Certains avancent même que l'Union Européenne pourrait forcer la FIA a reprendre tout ou partie des droits qu'elle laisse complaisamment à la FOM (la FIA touche 0,5% + droits d'entrées des écuries). Quoi qu'il en soit, les deux écuries reçoivent le soutien inattendu, mais flegmatique, de Bernie Ecclestone lui-même : "L'Union européenne est là pour ça, pour examiner ces choses-là. Les écuries doivent tenter leur chance. Si ça marche, tant mieux, et sinon ça ne coûte rien (...) Quelqu'un va regarder tout ça et décider si les contrats signés sont valables ou non, et s'ils doivent être changés" déclare-t-il à AutoSport.
Pour les petites écuries l'enjeu est de taille puisque Sauber pourtant présent depuis 23 saisons n'a touché qu'environ 40 millions d'euros de prime de résultats sans bonus historique tandis que le seul bonus premium+historique de Ferrari dépasserait les 85 millions d'euros (pour 145 millions au total).
Source : Joe Saward, AutoSport, illustration : F1