Andrea de Cesaris était typiquement un de ces pilotes que les Anglais affublent du qualificatif de journeyman. Rapide, brillant à l’occasion, il n’a jamais été suffisamment régulier pour accéder à un top team, mais jamais assez mauvais (sans compter qu'il bénéficiait du soutien indéfectible de Philip Morris Italie) pour se retrouver sans baquet. On l’a donc vu durant les quatorze ans passées en Formule Un changer douze fois d'employeur et accumuler des records pas forcément flatteurs : plus grand nombre de Grand Prix sans victoire, plus grand nombre d’abandons en une saison (14, en 1986 et 1987), plus grand nombre d’abandons consecutifs (18, entre 1985 et 1986)...
Il a fait ses débuts dans la discipline en 1980, après un parcours classique en Formule 3 britannique puis en Formule 2 dans l’équipe de Ron Dennis Project 4). Son premier baquet a été un remplacement en fin de saison chez Alfa Romeo.
Ses connexions avec Philip Morris et le bon souvenir laissé par ses prestations en Formule 2 lui ont ouvert les portes de McLaren en 1981, écurie tout juste passée sous contrôle de son ancien boss Ron Dennis. C’est lors de cette saison que De Cesaris posera les bases de sa légende, en crashant pas moins de 18 fois (!) sa voiture, gagnant le surnom, qui lui restera, de “Andrea de Crasheris”.
Retour chez Alfa Romeo en 1982 pour deux saisons où il alternera le meilleur, plusieurs podiums et une paire de presque-victoires perdues par malchance, avec diverses sorties de piste spectaculaires.
En 1984 il rejoint Ligier chez qui il continue d’alterner bonnes performances et sorties de routes nombreuses, à tel point que Guy Ligier le met à la porte en cours de saison 1985 à Zandvoort après une énième destruction de châssis au cours du Grand Prix précédent en Autriche, un quadruple tonneau devenu depuis un classique sur Youtube.
La suite de la décennie le vit alterner les équipes de seconde partie de tableau, Minardi, Brabham, Rial, Dallara... attirées par son profil de “bon” pilote d’expérience à la portée de leur budget.
Devenu (un peu) plus sage avec l'âge sans perdre sa pointe de vitesse, sa cote remonte petit et petit et son expérience lui permet d'être recruté par Eddie Jordan en 1991 pour servir de référence à sa nouvelle et ambitieuse structure. Encore une fois il faillit remporter un Grand Prix à Spa mais la mécanique en décide autrement. Il poursuit chez Tyrrell les deux années suivantes avant de retourner pour finir en remplaçant chez Jordan puis chez Sauber en 1994.
En dehors de la Formule 1 il a participé à quelques courses en Groupe C pour le compte de Lancia.
A l’issue de sa carrière de pilote, il s’installa dans une belle vie alternant les affaires à Monaco, pour lesquels il s’avéra doué, et la planche a voile.
Malgré, ou à cause de, sa personnalité et son pilotage flamboyant et erratique à la fois, Andrea de Cesaris était une figure incontournable et appréciée du paddock lors de ses années en Formule Un, et les manifestations de sympathie à son égard lors de ses rares visites par la suite sur les Grand Prix étaient nombreuses. Au revoir, Monsieur de Cesaris.
Crédit photo : Mclaren