F1 : crispations autour des courses qualificatives
par Nicolas Anderbegani

F1 : crispations autour des courses qualificatives

Dans sa quête effrénée pour relancer le spectacle de la F1, Liberty Media fait feu de tout bois, quitte à bousculer l'ADN de la Formule 1, qui n'a pas la tradition du show à l'américaine, souvent adepte des artifices. Les courses qualificatives cristallisent ce choc de cultures.

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A la recherche de la bonne formule

Les dernières courses laisseraient à penser que la compétition est plus serrée qu'on ne le pense en F1, mais l'écart fabuleux qui sépare les 3 top teams du reste du plateau est problématique. Il en va de la pérennité du sport, de son audience, de son attractivité pour les sponsors et les constructeurs. L'idée de courses qualificatives a émergé pour pimenter le suspense et le fiasco des qualifications de Monza a donné du grain à moudre aux partisans du changement. L'idée est donc d'expérimenter dès 2020, sur 3 grand prix, un nouveau format qui reposerait sur une course dite "qualificative" le samedi, en lieu et place des qualifications traditionnelles Q1/Q2/Q3, basée sur une grille inversée des positions au championnat. Le résultat de ce "mini-GP" déterminerait ensuite l'ordre de départ de la course principale du dimanche, toujours prépondérante évidemment dans l’attribution des points. Les grand prix de France, de Belgique  et de Russie sont pressentis pour faire office de cobayes l'an prochain.

Des avis très partagés

Les directeurs d'écurie se sont déjà réunis sur le sujet et bien  que Mattia Binotto ait déclaré en Italie que l'idée était actée, l'unanimité des équipes est indispensable pour que la FIA entérine cette modification du règlement sportif pour l'année prochaine. Or, cette unanimité n'est pas encore acquise. La question des coûts, du temps de travail des mécaniciens, des contraintes logistiques et techniques avec 2 courses par weekend, sur un calendrier qui s'est en plus allongé à 22 GP (soit potentiellement 44 courses ) sont autant de freins possibles.

Et du côté des pilotes ou anciens pilotes, on peut dire pour l'instant que cette règle fait l'unanimité contre elle. Daniil Kyvat y voit "une solution facile à un problème plus large", Daniel Ricciardo s'inquiète d'une inflation de courses qui risque de "diluer l'intérêt des grands prix",  tandis que Sebastian Vettel et Jacques Villeneuve n'y sont pas allés par quatre chemins, le premier qualifiant cette proposition de "connerie monumentale", et le second estimant que cela allait "tuer la F1". De plus, des simulations ont été réalisées par les ingénieurs et celles-ci mettent en évidence, sur une course sprint sans arrêt au stand, la difficulté qu'aurait les leaders du championnat à remonter le peloton et le risque que tout le monde adopte la même stratégie, ce qui produirait l'effet inverse de celui escompté, à savoir des courses insipides.

Changer une formule qui gagne ?

Du côté des spectateurs et des fans, ce n'es pas non plus la panacée. Les qualifications font partie du "rituel sacré" de la F1, avec son historique, ses exploits, sa dramaturgie et ses anecdotes. Dans les courses américaines, plus longues, encore plus tactiques (gestion du carburant, des drapeaux jaunes, etc.), avec des configurations de course bien différentes (courses sur ovale, homogénéité des véhicules, effet de sol qui facilite les dépassements), la pole position est presque anecdotique et n'a pas la même valeur qu'en F1. Personne ne s’intéresse réellement, hormis les fanatiques des stats, aux records de poles en Indycar et encore moins en Nascar, alors que tout fan de F1 qui se respecte peut évoquer les tours de Magic Senna, les records battus par Schumi puis Hamilton ou des qualifs folles ayant donné des résultats inattendus. Qui plus est, le format actuel des qualifications donne satisfaction et offre souvent de belles batailles chronométriques, ce que l'affaire de Monza ne doit pas exagérément occulter.

L'avis de leblogauto.com

Liberty Media a donné depuis trois ans un coup de fouet indéniable à la F1 et sa volonté de bousculer les choses peut être louable. Mais l'équilibre entre la recherche du spectacle et le respect du sport et de la performance est complexe. Par le passé déjà, l'excès de zèle dans la volonté de redistribuer les cartes a abouti à des absurdités. Les fans et même les pilotes auront-ils vraiment leur mot à dire ?

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Pour résumer

Dans sa quête effrénée pour relancer le spectacle de la F1, Liberty Media fait feu de tout bois, quitte à bousculer l'ADN de la Formule 1, qui n'a pas la tradition du show à l'américaine, souvent adepte des artifices. Les courses qualificatives cristallisent ce choc de cultures.

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