Bruits de couloir

Ce n'est pas encore ce que les anglais appellent la "silly season", ce moment de l'année où le marché des transferts s'accélère et parfois réserve des surprises (comme l'an passé), puisqu'en général les grandes décisions se prennent dans le courant de l'été, et souvent en août où le F1 Circus fait une pause d'un mois. Pourtant, le paddock bruisse déjà de certains bruits. Et celui qui s'amplifie évoque l'éventualité de voir Charles Leclerc quitter Ferrari pour Mercedes en 2024 et Lewis Hamilton faire le chemin inverse.

Des indiscrétions seraient venues d’Italie même, par le biais d’un journaliste proche de la Scuderia, Léo Turrini, qui a déclaré “Que Charles Leclerc parle à Mercedes est un secret de Polichinelle. Tout le monde le sait, du garage reculé de Maranello à l'océan Indien. Leclerc comprend que le temps presse et si Lewis Hamilton décide de partir, à la retraite ou chez Ferrari, alors Mercedes voudra trouver un pilote de haut niveau pour l’associer à George Russell »

Leclerc et Hamilton à la croisée des chemins ?

Si Lewis Hamilton et Charles Leclerc ne sont pas dans des situations de carrière semblables – le premier est au crépuscule mais convoite encore un 8ème titre, le second a encore plein d’années devant lui mais piaffe d’impatience face à un succès qui tarde à venir – leur situation interne respective n’est plus ce qu’elle était.

Lewis Hamilton s’est montré très critique envers les monoplaces de Brackley ces derniers temps et inhabituellement pessimiste, même si la dernière course en Australie a semblé lui redonner du peps. Le contrat, qui vient à échéance cette année, tarde à être prolongé. Il doit composer avec George Russell qui a su faire sa place, bien plus qu’un Bottas qui était étouffé par le britannique. A 38 ans, le septuple champion du monde ne semble plus autant en osmose avec son équipe que par le passé, la fin d’un cycle s’est peut-être enclenchée l’an passé avec cette saison 2022 ratée et la montée en puissance de son équipier qui a réussi à décrocher la seule victoire de Mercedes au Brésil.

 De son côté, Charles Leclerc semble aussi en délicatesse chez Ferrari. Si Mattia Binotto a concentré sur lui les problèmes et les défaillances de la Scuderia l’an passé, au point d’être évincé au profit de Frédéric Vasseur, la situation du monégasque n’est plus aussi solide qu’elle n’y paraît en interne. Certes, Leclerc a globalement dominé en performance pure son équipier Sainz en 2022, mais en ce début de saison 2023, l’espagnol est pour l’instant plus solide (et aussi plus épargné par les ennuis, alors que Leclerc a connu un abandon mécanique et un accrochage qui lui est imputable. Même dans la communication officielle, la Scuderia semble davantage mettre en avant le fils du champion du monde des rallyes, qui se montre très corporate et dissimule davantage ses émotions et sauts d’humeur que le monégasque.

Leclerc commence aussi à recevoir des critiques, sur son manque de leadership qui ne lui a pas permis de s’imposer réellement au sein de la Scuderia comme Verstappen l’a fait chez Red Bull. Ses petites piques radio, comme lors des qualifications de Melbourne où il a implicitement déploré le manque de coopération de Sainz, révèlent une certaine fébrilité. On sait aussi qu’il a pris langue avec le directoire de Ferrari, sans doute pour essayer de davantage organiser le team autour de lui, mais Leclerc n’arrive pas à concrétiser. Après un début de saison 2022 prometteur, la Scuderia a perdu pied à tout point de vue, en performance comme en stratégie, et la saison 2023 s’annonce encore plus difficile. Bref, les années passent et le divorce pourrait avoir lieu, le contrat du monégasque contenant une clause de performance qui lui permettrait de se libérer, alors que son contrat court jusqu’à fin 2024.

Pour Hamilton, la situation est un peu différente car son contrat prend fin à l’issue de la saison actuelle. L’anglais pourrait-il être tenté par un ultime défi en rouge, qui n’aurait rien d’une sinécure car il resterait à s’assurer que sa manière d’être soit compatible avec Maranello, qui n’est pas tout à fait le même environnement que celui Brackley et de Mercedes, où beaucoup de liberté lui a été accordée en dehors des circuits ?

En tous cas, faute de résultats probants arrivant vite, tout cela ne risque pas d’apporter de la sérénité chez Ferrari, où Sainz a également été au cœur de rumeurs l’envoyant vers Audi en 2026. Et Helmut Marko s’est épanché dans la presse également, appuyant les allégations sur Leclerc, histoire sans doute d’en remettre une couche pour agiter les adversaires.