Un format qui ne cesse d'être amendé
Les courses sprint ont fait leurs débuts en 2021. Ne revenons pas sur leur légitimité. On sait très bien que ce format, pensé pour apporter plus de spectacle, est aussi un moyen d’augmenter le nombre de courses, donc l’exposition médiatique et les revenus – mais aussi de s’adapter au nouveau public de la F1, qui n’est plus forcément friand du traditionnel grand prix dominical d’1h30. C'es vrait que quand on s'habitue à des reels de 30'' et des tiktok de 15'', rester concentré sur un évènement de 90' peut être contrariant (Mode OK Boomer activé)
Sauf que jusqu’à présent, ces courses sprint n’avaient guère donné satisfaction. En cause ? Le fait que le résultat de la course sprint déterminait la grille de départ de la course principale du dimanche, ce qui fait qu’un incident lors de ce sprint compromettait fortement la suite du weekend. Autre écueil qui avait irrité les puristes, le fait qu’une victoire en course sprint soit considérée comme une « pole position »,ce qui pour beaucoup dénaturait l’esprit de la pole position. Ainsi, le contexte n’incitait pas les pilotes à prendre des risques et attaquer, préférant assurer une bonne position afin de préserver le grand prix du dimanche. Certes, une première amélioration a été apportée en 2022 en distribuant plus de points, alors qu’en 2021 seuls les trois premiers glanaient 3,2 et 1 pauvres petits points, mais le facteur risque restait trop grand.
Des sprints autonomes
Le grand changement qui arrive est que le Sprint devient désormais indépendant du grand prix du dimanche. Ainsi, en devenant une course autonome, sans conséquences pour celle du lendemain, on peut imaginer que des pilotes prendront plus de risques, surtout qu’il s’agit d’un format court de 30’ où la stratégie est bien moins prégnante que l’attaque pure et simple. Les réactions positives et unanimes des pilotes le laissent penser et tant mieux.
Le vendredi comprendra désormais une session d’essais libres et une session de qualification standard pour établir la grille du Grand Prix de dimanche, tandis que le samedi comprendra la course sprint de 100 km avec une session de qualification dédiée, appelée le "Sprint Shootout". On notera le terme « shootout » qui vient directement de l'univers NASCAR, ce qui ne fait que confirmer l’américanisation de la discipline dans son format (neutralisations à répétition, multiplication des courses, recherche accrue du spectacle)
La session sera plus courte que les qualifications traditionnelles, avec une Q1 de 12 minutes, une Q2 de 10 minutes et une Q3 de huit minutes, alors que la 2e séance d’essais libres disparait,ce qui semble convenir aux pilotes et sans doute le directoire F1 qui estimait cela ennuyant pour le public. De nouveaux pneus sont obligatoires pour chaque phase, avec des médiums en Q1/Q2, et des tendres pour la Q3. Les points pour la course F1 Sprint restent les mêmes, avec huit attribués au vainqueur, sept à la deuxième place, six à la troisième et ainsi de suite jusqu'à un pour le huitième - les pilotes et les équipes enregistreront des points dans leurs championnats respectifs.
À partir de là, le processus d'application des pénalités lors des événements F1 Sprint a été défini comme suit : toute pénalité de grille encourue lors des premiers essais ou des qualifications s'appliquera à la course ; toute pénalité de grille encourue lors du Sprint Shootout s'appliquera au Sprint ; tandis que toutes les pénalités de grille encourues lors du Sprint s'appliqueront à la course principale. De plus, une infraction au parc feme entraînera un départ dans la voie des stands pour le sprint et la course, tandis que les pénalités liées au groupe motopropulseur ne s'appliqueront qu'à la course, à moins qu'elles ne soient également une infraction au parc fermé. Vous suivez ?
L'inflation est partout, même dans le calendrier !
C’est un détail pour certains, mais reste à savoir comment les résultats des qualifs et courses sprint seront intégrés dans les statistiques : seront-elles considérées comme des poles et des victoires à part entière, ou feront-elles l’objet d’une statistique à part ?
Nul doute que si ce format plait, nous risquons bien de voir leur nombre augmenter à l’avenir. Mais il faudra alors voir les réactions des pilotes et des équipes, par rapport au rythme imposé aux personnels (cela pèse sans doute peu face aux enjeux financiers) ainsi que l’incidence sur les dépenses et les allocations de pièces mécaniques, sachant que les équipes sont soumises à un plafond budgétaire et à des quotas d’utilisation de pièces à ne pas dépasser sous peine de pénalités. Ces sujets sont d’ailleurs en discussion à la commission F1.
Outre le circuit urbain de Bakou en Azerbaïdjan, les autres grands prix qui auront une manche F1 Sprint en 2023 sont l'Autriche (Red Bull Ring), la Belgique (Spa-Francorchamps), le Qatar (Circuit de Losail), les États-Unis (Circuit des Amériques) et Sao Paulo (Interlagos). Nous approchons ainsi des 30 courses cumulées. Encore six et la F1 aura rattrapé la NASCAR…
Sujet de philosophie F1 : la multiplication des courses ne banalise-t-elle pas excessivement le grand prix de Formule 1 qui avant était un moment exceptionnel et très ritualisé ? Vous avez deux heures.