Un appui politique officiel
Récemment, Jean Alesi, président du circuit Paul Ricard, avait martelé à plusieurs reprises que cette disparition s’expliquait avant tout par un manque de soutien politique, au plus haut niveau de l’état, contrairement à d’autres grands prix qui bénéficient d’un appui gouvernemental important. Les choses pourraient changer, puisque le journal Nice-Matin a révélé que Emmanuel Macron apporte désormais un soutien officiel au retour d’un grand prix de France, en ayant chargé le maire de Nice, Christian Estrosi, déjà à la manœuvre lors du précédent retour, et Nicolas Deschaux, président de la FFSA, d’entamer des négociations avec Liberty Media.
Sa réponse officielle, en retour à une requête que Christian Estrosi lui avait adressée, explique : "Notre pays doit être en mesure, à l’instar des autres grands évènements internationaux sportifs qu’il organise chaque année, de renouer avec la Formule 1, pour le plaisir de tous", estime Emmanuel Macron dans sa réponse. "C’est un enjeu d’attractivité pour notre pays, de rayonnement de notre industrie automobile et d’innovation pour accompagner la décarbonation de ce secteur." Le président de la République souhaite que soient étudiées "les différentes options de localisation envisageables sur le territoire national, en identifiant pour chacune leur modèle économique, leur compatibilité avec nos engagements écologiques et leur possible contribution au développement territorial et national".
Alors, un retour, mais où ?
En termes de circuits classés Grade 1, c’est-à-dire aptes à accueillir la F1, seules deux pistes y répondent : le Paul Ricard bien sûr, et Magny-Cours, qui fut hôte du grand prix entre 1991 et 2008. Etant donné que la construction d’un nouveau circuit est politiquement et financièrement peu probable, une course sur circuit permanent ne pourrait se tenir que dans l’une de ces deux options, mais les inconvénients sont nombreux.
Si le Paul Ricard a pour lui des installations modernes, son historique et les faveurs du climat provençal, son tracé et sa configuration n’ont pas donné des courses exaltantes et n’emportent pas l’adhésion du paddock. Mais surtout, les infrastructures routières limitées (le Paul Ricard est situé dans l’arrière-pays toulonnais, cerné par des routes départementales), le faible nombre de tribunes et des affluences faibles en comparaison d’autres grands prix (120.000 personnes en 2022, à comparer aux presque 500.000 de Silverstone cette année) le desservent d’un point de vue économique et, d’ailleurs, le GIP en charge du grand prix a cloturé son activité sur un lourd déficit. Néanmoins, le circuit est là, opérationnel. Il en va un peu de même pour Magny-Cours, un beau circuit mais où les infrastructures environnantes ne sont peut-être pas suffisantes.
L’autre piste, qui semble tenir la corde, est de penser à une course urbaine, en suivant la tendance prise ces dernières années par la F1 qui se produit désormais à Jeddah, Miami ou encore Las Vegas. Un projet de grand prix à Nice avait circulé l’an dernier, avant que Christian Estrosi lui-même n’enterre cette spéculation, quand d’autres n’y avaient vu qu’une manœuvre pour mettre la pression sur le voisin monégasque, qui était en négociations avec la F1 pour se maintenir au calendrier. D’aucuns imaginent déjà les F1 foncer sur la promenade des Anglais, comme ce fut le cas du lointain grand prix de Nice d’avant-guerre, mais les infrastructures nécessaires à l’installation d’un circuit moderne sont tout autrement plus complexes. D’autres rêveraient peut-être de concrétiser l’album de Michel Vaillant et de faire un grand prix dans Paris, mais on voit comment politiquement cela pourrait aboutir. Et puis, les F1 modernes n’apprécieraient pas les pavés des Champs Elysées…