Retour au bercail
Victime de la « silly season » (saison folle des transferts) de cet été qui a vu Vettel annoncer sa retraite, Alonso filer vers Aston Martin et Piastri filer entre les doigts de l’écurie française, Ricciardo a dû quitter McLaren, qui a choisi de le remplacer par son compatriote Oscar Piastri pour épauler Lando Norris en 2023. Malgré une victoire à Monza en 2021, Ricciardo n’a jamais vraiment réussi à s’adapter au pilotage de la McLaren et a souffert de la comparaison avec Norris.
Ricciardo reviendra à Red Bull pour aider aux tests, au travail sur simulateur et à l'activité commerciale."Le sourire dit tout", a-t-il déclaré. "Je suis vraiment ravi de revenir chez Oracle Red Bull Racing en tant que troisième pilote en 2023. J'ai déjà tellement de bons souvenirs de mon séjour ici, mais l'accueil de Christian [Horner], du Dr [Helmut] Marko et toute l'équipe est quelque chose que j'apprécie sincèrement.
"Pour moi personnellement, la capacité de contribuer et d'être entouré par la meilleure équipe de F1 est extrêmement attrayante, tout en me donnant également du temps pour recharger et me recentrer. J'ai hâte d'être avec l'équipe et de soutenir le travail sur simulateur, séances d'essais et animations commerciales, c'est parti !» Christian Horner, directeur de l'équipe Red Bull, a ajouté : « C'est formidable de ramener Daniel dans la famille Red Bull. Il a un talent énorme et un caractère si brillant ; Je sais que toute l'usine est ravie de l'accueillir à la maison. »
"Dans son rôle de pilote d'essai et de troisième pilote, Daniel nous donnera la chance de nous diversifier, en aidant au développement de la voiture, en aidant l'équipe avec son expérience et sa connaissance de ce qu'il faut pour réussir en F1. Nous sommes très heureux de travailler à nouveau avec Daniel et attendons avec impatience tout ce qu'il apportera à l'équipe en 2023.»
Ricciardo paye ses mauvais choix
On ne peut s’empêcher néanmoins, derrière ces déclarations convenues et ces sourires, de voir un certain gâchis dans les choix de Ricciardo et un constat d’échec dans ce retour à la maison mère.
Mis en lumière par la saison 2014 où il avait dominé Vettel, Ricciardo a dû ensuite affronter l’arrivée et la montée en puissance de Max Verstappen. Si l’australien a réussi globalement à tenir la dragée haute au prodige néerlandais qui, cela dit, n’avait pas encore l’expérience et le niveau qu’il affiche auourd’hui, Ricciardo, sentant peut-être sa position fragilisée, créé la surprise fin 2018 en partant de Red Bull pour relever le défi de Renault. Une décision osée et courageuse, car l’australien quittait une écurie bien établie pour un projet en cours de formation, mais c’est aussi une forme d’émancipation.
Après une première saison mitigée en 2019, Ricciardo parvient à tirer profit des progrès du losange en 2020 avec deux podiums, mais l’incertitude, selon l’intéressé, qui planait sur l’avenir de Renault en F1 et les sirènes de McLaren, aussi bien techniques que financières, poussent l’australien à faire faux bond à l’écurie française pour rouler en orange à partir de 2021. Ce sera malheureusement pour lui un très mauvais choix, avec deux années de galère et finalement une éviction, somme toute logique, qui sonne comme un retour de bâton. Qui plus est, les portes se sont vite fermées, tant la meilleure solution sportive qui restait possible -un retour avec Alpine – semblait improbable vu ses prétentions salariales et le passif avec le team tricolore. Alpine a choisi Gasly, et Ricciardo n’était pas enclin à trouver refuge chez Haas ou Williams.
Ricciardo se retrouve donc au « service » de Verstappen en 2023 dans un rôle assez ingrat. C’est néanmoins le moyen pour lui de garder un pied en F1 et de sauter sur une éventuelle opportunité (un Perez en partance, un retour avec Alpha Tauri ?) pour 2024. Pour Red Bull, le coup est aussi intéressant : le retour au bercail d’un « enfant égaré » est bon pour le capital sympathie de l’écurie et c’est aussi une façon peut-être de calmer Perez, en lui mettant en embuscade un pilote aguerri au cas où…