Pour la seconde année consécutive, Liberty Media se satisfait d'audiences en hausse pour la F1, qui englobent les audiences TV traditionnelles et les audiences digitales, via notamment le service F1 TV qui a été lancé en 2018.
Regain de forme à la TV
Liberty Media annonce 490,2 millions de téléspectateurs uniques en 2018, soit une augmentation de 10% par rapport à 2017, avec comme principaux marchés le Brésil, la Chine et les Etats-Unis. La F1 semble donc remonter la pente après les dix dernières années de l'ère Ecclestone qui avaient vu les audiences s'effriter inéluctablement.
C'est indéniable, cette hausse est à mettre au compte du retour sur des chaînes gratuites dans certains pays, que ce soit pour l'intégralité du championnat ou pour quelques épreuves. En Chine, le retour de la F1 sur CCTV a fait tripler les audiences cumulées. En France, la hausse des téléspectateurs atteint +51%, avec l'effet Grand prix de France (3 millions de téléspectateurs) mais aussi la diffusion sur Tf1 de 4 grands prix en plus de la diffusion sur Canal +. Une progression qui devrait se poursuivre, Sky Sports venant d'annoncer la diffusion des essais hivernaux 2019 en direct.
Pour la F1 TV pro, il faut rester plus réservé car, à ce jour, le service a connu des couacs et les tarifs sont jugés prohibitifs pour beaucoup (comme en France où, lobbying de Canal + oblige, l'offre F1 TV pro a été portée à 190 euros annuels), surtout pour ceux qui ont connu la F1 gratuite à la télévision et qui rechigneront toujours à payer. N'oublions pas d'ailleurs les nombreux sites de streaming qui viennent contourner ces barrières...
Boom sur les réseaux sociaux et Internet
An niveau des réseaux sociaux, le bilan est aussi très encourageant. La Formule 1 cumule en "followers" sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube 18,5 millions de personnes, ce qui représente une augmentation de 53,7% par rapport à 2017. Les vues des vidéos ont augmenté de 77,2% ( 2 milliards). Sur YouTube, le taux de croissance du nombre d’abonnés à la chaîne de la F1 est de 115%, ce qui en fait le plus haut total parmi tous les détenteurs de droits commerciaux. L'implication de certaines stars , comme Lewis Hamilton, très présent sur les réseaux sociaux, peut aussi porter ses fruits mais les chiffres restent tout de même à relativiser. Sur Youtube, la F1 dénombre 1,8 millions d'abonnés, soit seulement la moitié de la seule Liga espagnole. On est aussi très loin des 10,5 millions d'abonnés de la NBA...
Il faut dire que la F1 partait de très loin...Avec Ecclestone, crispé sur le net et obnubilé par la télévision, la discipline faisait peine à voir en offre de contenu web. Les efforts de Liberty Media ont été nombreux dans ce domaine : la chaîne Youtube propose désormais un contenu plaisant et diversifié (best of des radios, résumés des essais et des courses, coulisses, courses classiques en libre accès), le site F1 a fait peau neuve et s'est agrémenté du F1 Fan Voice, où les fans sont régulièrement sollicités via des sondages et des questionnaires sur la qualité des services et du championnat.
L'autre point positif du boom internet est le développement du championnat e-sport F1 series, dont le succès est grandissant et qui permet de toucher un public plus jeune. En effet, l'âge moyen du fan de F1 est de 40 ans, mais la F1 peine à attirer les tranches d'âge inférieures. Un problème de génération, puisque les études statistiques évaluent à seulement 14% la part des moins de 25 ans dans le public F1. Au-delà des sempiternels débats sur le manque potentiel de spectacle, de suspense ou de lisibilité des règles, il faut dire que le format du sport n'est peut-être pas le plus en adéquation avec leurs attentes. La grande messe rituelle du Grand Prix à 14 heures devant la télé est révolue, face à la multiplicité des offres de divertissement actuelles. Les nouvelles générations n'ont sans doute pas non plus le même rapport à l'automobile que les précédentes et le coût désormais nécessaire pour y accéder (prix des billets, abonnements télés payants, etc.) peut aussi agir en repoussoir du jeune public.
Toutefois, le succès de la série F1 de Codemasters, de la league e-Sport et le développement de l'offre web peuvent être des moyens de leviers. Rien qu'en France, la communauté de "youtubeurs" axés sur la F1 et l'e-Sport prend de l'ampleur (Depielo, Hydro, Jeff Harvick, etc. comptabilisent des dizaines de milliers de followers) et peut drainer un nouveau public. Chez les anglo-saxons, certains youtubeurs à succès comme Aarava drainent des centaines de milliers de personnes.
L'avis de leblogauto.com
Liberty Media a semble-t-il bien pris la mesure du péril qu'il y avait dans la demeure F1. Le profit est évidemment le maître mot, mais la stratégie du tout-payant a menacé de couper la F1 de sa base. Maintenant que le volet "média" a été très bien revitalisé, l'enjeu majeur des années à venir est celui du spectacle en piste et de la lisibilité de la compétition pour le grand public, que les règlementations tatillonnes ou absconses (pénalités, pneumatiques, normes techniques) n'ont pas aidé à séduire. L'accessibilité du public à l'univers F1 demande également une révolution culturelle, surtout quand on la compare à la proximité du public, des teams et des pilotes dans les championnats américains par exemple.