40 ans déjà, USA 1980 : l'accident de Clay Regazzoni
«Regazzoni était un modèle. (...) J'ai appris de Clay ce qu'était le goût de la vie». Voilà ce que Niki Lauda disait du suisse à l'annonce de sa mort, en 2006. Sa vie avait basculé il y a 40 ans.
«Regazzoni était un modèle. (...) J'ai appris de Clay ce qu'était le goût de la vie». Voilà ce que Niki Lauda disait du suisse à l'annonce de sa mort, en 2006. Sa vie avait basculé il y a 40 ans.
Grand Prix des Etats-Unis Ouest 1980 à Long Beach. 51e tour, Clay Regazzoni évolue à une belle 4e place sur sa modeste Ensign, l'une des plus petites écuries du plateau. Il arrive au bout de la longue ligne droite, à plus de 290 Km/h quand soudain, au moment de freiner, la pédale ne répond pas...Le suisse, dans un réflexe désespéré, percute la Brabham de Zunino arrêtée au bord de la piste pour perdre de la vitesse, mais cela ne suffit pas. L'Ensign-Ford s'encastre violemment dans les murs de pneus et de béton, qui, sous le choc, reculent de plusieurs mètres. Regazzoni est conscient, mais ses blessures sont terribles avec des lésions aux cervicales et à la moelle épinière. Le soir même, l'opération de stabilisation de la colonne vertébrale échoue, le constat est terrible: il ne remarchera jamais.
Ainsi s'achevait la carrière de Clay Regazzoni, qui fut l'un des pilotes les plus charismatiques et agréables à voir piloter des seventies. Il débute en 1970 d'emblée avec Ferrari, ce qui est assez rare ! Et dès sa première saison, il impressionne avec une victoire en Italie et une 3e place au championnat pilote. Évincé par la Scuderia à l'issue d'une décevante saison 1972 où il a subi la domination de Jacky Ickx, il y revient dès 1974 et dispute le titre mondial à Emerson Fittipaldi.
L'arrivée de Lauda le fragilise, car le suisse, rapide mais inconstant - et sans doute moins "tueur" que l'autrichien - subit la loi de "l'ordinateur". Il remporte quelques courses et signe de nombreux podiums, dans l'ombre de Lauda. Il cède sa place à Carlos Reutemann en 1977 et se retrouve dans la modeste équipe Ensign, avant de faire un retour aux avants-postes en 1979 avec Williams. C'est lui d'ailleurs qui offre la première victoire à l'équipe de Frank Williams lors du grand prix d'Angleterre. Et en 1980 donc, il revient chez Ensign, avec cette fin tragique dans les rues de Long Beach, lors d'un grand prix qui marquait la première victoire de Nelson Piquet.
Son accident, certes sur un circuit urbain cerclé de murs en béton, relance la polémique sur la sécurité des voitures. Nous sommes en pleine époque des jupes et de l'effet de sol, bien que son accident soit lié ici à une panne de freins. Au grand prix précédent, Marc Surer a été grièvement blessé, de même que Alain Prost. Quelques mois après Regazzoni, c'est Patrick Depailler qui trouvera la mort au volant de son Alfa Romeo à Hockenheim. Vitesses élevées, infrastructures des circuits inadaptées, manque de protection des voitures (le pédalier est encore à l'avant de l'entraxe du train avant) : la sécurité est un sujet brûlant, en pleine guerre des tranchées entre la FISA de Jean-Marie Balestre et la FOCA de Bernie Ecclestone, les questions règlementaires et techniques s'entrecroisant avec les luttes de pouvoir et de contrôle économique sur la F1. Plus que jamais, les pilotes veulent se mobiliser pour défendre leurs vies. Les drames ne sont malheureusement pas près d'être terminés...
A l'image d'Alessandro Zanardi aujourd'hui, Clay Regazzoni devient ensuite un modèle de courage et d'obstination. Il s'engage dans de nombreuses compétitions automobiles dans les années 80-90, au volant de voitures spécialement adaptées à son handicap. Il dispute ainsi le rallye Dakar 1990 sur un camion Tatra, le Dakar 1991 sur un proto Mercedes ou encore les 12 heures de Sebring 1993 sur une Porsche 911. Commentateur des grands prix à la télévision suisse, il s'était également impliqué dans la sécurité routière et l'aide à la conduite pour les personnes handicapées. En 2006, Clay Regazzoni décède dans un accident de la route près de Parme, à 67 ans.
Images : flickr, wikimedia commons
«Regazzoni était un modèle. (...) J'ai appris de Clay ce qu'était le goût de la vie». Voilà ce que Niki Lauda disait du suisse à l'annonce de sa mort, en 2006. Sa vie avait basculé il y a 40 ans.
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