Les nombreux commentaires suscités par l’essai de La Leaf électrique de notre ami Max nous ont incité à compléter cette première approche petits trajets par un « grand » voyage dont nous laissons à Max le soin d’en conter le détail.
L’Ile Bouchard-Cap-Ferret : petites routes
L’occasion s’est présentée d’effectuer un voyage en LEAF de plus de 250 km. Je dois accompagner mon club de plongée qui organise un séjour « enfants » dans le bassin d’Arcachon.
Distance à parcourir : un peu moins de 400 km suivant les itinéraires. Je fais le choix de deux options, pour tester le style de voyage :
- À l’aller, petites routes, 80 km/h maxi. Je programme mon GPS avec l’option éviter les autoroutes et les tronçons à péages.
- Au retour, grandes routes et même autoroute.
Un voyage avec une voiture électrique, ça se prépare !
Avant le départ, un coup de téléphone au camping « les Embruns » au Claouey, commune de Lège-Cap-Ferret, où nous avons réservé un bungalow pour cinq nuits, nous informe qu’il n’y a rien de prévu pour les voitures électriques, mais qu’une borne existe au Super U à 10 minutes de marche. Tout va bien, je pourrai recharger sur place.
L’application Chargemap indique une borne, deux emplacements jumelés avec chacune une prise standard 3kW et une prise type 2 accélérée 18 kW à chaque emplacement. Les commentaires sur l’application Chargemap sont pessimistes : « recharge impossible » apparaît souvent.
J’espère que la borne du Clouey sera réparée quand je la solliciterai.
La Leaf est livrée avec deux prises, une prise type 2 qui permet la charge sur prise domestique ordinaire 16 Ampères très lente (recharge complète en 21 heures) avec un câble fourni par Nissan. La même prise sur la voiture avec un autre câble Type 2 mâle femelle également fourni par Nissan permet la recharge accélérée sur la plupart des bornes et sur la WallBox de mon domicile. Accélérée ne signifie pas très rapide, c’est variable suivant la puissance de la borne, en tout cas plusieurs heures.
Enfin la recharge rapide avec une prise CHAdeMO (1) 50 kW effectue une recharge complète de ma Leaf en moins d’une heure, et à 80% en une demi-heure. Le câble est solidaire de la borne, il se termine par la grosse prise CHAdeMO qui existe sur la Leaf.
(1) CHAdeMO est une association réunissant des groupes japonais de l’industrie automobile et de l’électricité qui s’associent pour promouvoir des stations de recharge qui utilisent une norme commune. L’acronyme CHAdeMO est une contraction des deux mots « Charge » et « Move » (charger et se déplacer) mais est aussi l’abréviation de la phrase japonaise « O cha demo ikaga desuka », soit : « Vous prendrez bien un thé pendant que la voiture recharge ». |
Choisir et planifier la charge... et gérer les surprises
La recharge sur prise accélérée 18 kW nécessite plusieurs heures de recharge, cela convient pour dépanner ou pour recharger la nuit.
Dans mes prévisions de voyage, je privilégie les recharges rapides sur les autoroutes et dans les grandes surfaces Auchan, prise CHAdeMO 50 kW.
Je prévois donc une première étape l’Ile Bouchard-Cognac, 200 km.
Mon GPS me fait découvrir la France profonde, paysages champêtres, et routes un peu bosselées pour ma Leaf qui préfère nettement les bonnes routes. L’autonomie (250 km au départ) diminue de façon conforme aux prévisions. Nous décidons de manger à Melle et nous rechargeons pendant le repas sur une borne « accélérée ».
Après le repas, je constate que l’autonomie n’a pratiquement pas évolué, la recharge sur cette borne est vraiment très lente…
Nous partons vers Cognac et la borne d’Auchan est disponible et fonctionnelle sans même avoir besoin de s’identifier. Je branche la Leaf avec le câble CHAdeMO de la borne et la charge commence dans le ronflement caractéristique des recharge rapides. (400 Volts et 140 Ampères !)
Nous faisons quelques courses et revenons vers la voiture au bout d’un quart d’heure pour voir. 60% !
Une dame élégante me propose de brancher sa voiture quand j’aurai fini ma recharge. Elle me montre la trappe de recharge. Belle confiance et belle solidarité.
Nous allons nous rafraîchir (et passer un peu de temps) dans un bar de la galerie commerciale et au retour la Leaf est pleine.
En route pour notre destination. Un bouchon monstrueux me permet de découvrir une vraie qualité caractérisant la Leaf : la conduite dans les embouteillages… Nous avons contourné Bordeaux en un peu plus de trois heures ! La Leaf, avec la fonction E-Pedal qui assure le freinage jusqu'à l’arrêt de la voiture permet une circulation fluide sans effort aucun dans le flux des bouchons. Bien mieux qu’une voiture automatique, et cerise sur le gâteau, autonomie préservée.
Le lendemain nous cherchons à nous recharger à la borne du Super U de Claouey. La recharge est impossible, la trappe de la borne ne s’ouvre pas Nous passons une demi-heure au téléphone pour finalement renoncer. « Nous allons envoyer quelqu'un… »
La première borne accessible se situe à Arès à quelques kilomètres. Je branche la Leaf avec mon câble, sur la prise type 2, accélérée. La charge commence, et s’interrompt presque immédiatement. La borne affiche « recharge interrompue à la demande du véhicule ». Après deux ou trois tentatives, je comprends le problème, me traite de sombre crétin, comprends pourquoi la recharge de Melle m’a paru si faible. J’avais programmé ma Leaf pour se recharger sur la WallBox de mon domicile en heures creuses… de 23h30 à 7h30. Je l’ai déprogrammée et la recharge s’est déroulée normalement.
Pendant le séjour, ne le répétez pas, j’ai branché la Leaf avec mon câble « prise ordinaire » les nuits sur une prise du bungalow. Le matin, la Leaf était pleine !
Le Retour par autoroute et nationales
Le voyage du retour s’est effectué presque conformément aux prévisions, autoroute, routes nationales et deux recharges…
Borne annoncée sur l'autoroute sur les panneaux. Gros problème : la borne sur l’A10 de l’aire de Saint Léger m’identifie avec ma carte CHARGEMAP mais la charge ne démarre pas. Je pense à un problème d’identification et j’achète en boutique une carte à 20 € ( vendue à la caisse Viennoiseries…). Même comportement de la borne.
Après 30 minutes au téléphone (je vais essayer de réinitialiser la borne etc…) et 45 minutes en tout, je renonce et nous partons à Cognac, chez Auchan. A signaler qu'un jeune couple voyant des retraités s'acharner à brancher, débrancher, est venu, pensant pourvoir aider. Ma femme commence à piaffer.
A ce sujet je déplore l’application au tableau de bord de la Leaf : « postes de charge disponibles ». Les indications sont fantaisistes. Un smartphone avec les applications Chargemap et Easytrip est plus efficace.
A Cognac, je fais la connaissance d’un charmant possesseur de Leaf de la génération précédente, qui est en train de recharger. Nous discutons en attendant qu’il ait fini sa recharge. Il conduit électrique depuis 5 ans je crois, il en est à sa troisième Leaf, il ne retournera pas au thermique… Il est tombé en panne « sèche » trois fois. Que s’est-il passé ? « Rien, un dépanneur est venu et a transporté ma voiture jusqu'à une borne, la dernière fois, c’est les gilets jaunes qui m’ont poussé 200 mètres, j’étais presque à la borne ». Il pense aussi qu'il y a un responsable du magasin chargé de veiller au bon fonctionnement de la borne.
Le voyage continue par la nationale 10, très confortable. A Poitiers, Auchan nous accueille, recharge jusqu'à l'Ile Bouchard. La borne est différente de celle de Cognac, elle demande une identification, mais elle est également gratuite.
Conclusion et enseignements
Conclusion du premier « long » voyage : 250 km d’autonomie à 80 km/h, c’est peu, et c'est contraignant. Il faut préparer son itinéraire et les outils (les applications Easytrip et Chargemap sont peu pratiques quant à la lecture des cartes, mais bien documentées).
Les indications des bornes sont en général illisibles par temps ensoleillé. Il y a des bornes mal entretenues, y compris sur autoroute. Au bout de quatre jours la borne de Claouey n’était toujours pas réparée, et il semble en être de même pour la borne de Saint-Léger. Enfin les bornes gratuites de la chaîne Auchan fonctionnent, mais elles seront bien vite saturées si le nombre des voitures électriques augmente.
Il existe à Noyant de Touraine une borne rapide, à l'extérieur de l'autoroute, sur une zone pouvant aussi servir au covoiturage. La borne peut servir à ceux qui sortent de l'autoroute, ceux qui y vont, mais aussi aux autres usagers (Installation du SIEL, service départemental de l'énergie). Intelligent, non?
La conduite d’une voiture électrique est pour moi toujours un régal, mais l’autonomie doit croître et le réseau des bornes de recharge doit progresser. (A ce sujet, Lidl de Joué-le-Tours a remplacé ses bornes par du matériel neuf et performant.)
Pour répondre à une autre question, oui, on peut très bien aller à la déchetterie avec les déchets verts: il suffit d'utiliser les sacs adaptés. Nous avons un grand jardin…
Pour aller plus loinLa conduite 100% électrique procure de nouvelles sensations : - Une conduite fluide sans à-coups
- Un moteur silencieux
- 0 émission de CO2 à l'utilisation
- Un faible coût à l’usage grâce à un entretien réduit
- Plusieurs modes de conduite (Eco, Normal et Sport)
- D'excellentes performances grâce au niveau du couple du moteur : et oui, aussi surprenant que ce soit, une voiture électrique offre de belles performances, car la réaction du moteur est quasi instantanée.
Bonus écologiqueVous le savez, depuis 2007, l'Etat a mis en place un système de bonus/malus visant à récompenser les véhicules émettant un faible de taux de CO2 et à pénaliser les véhicules les plus polluants. Cette prime s'élève à 27% du coût d'acquisition pour les véhicules électriques, dans la limite de 6 000 €. La prime à la conversionCette aide est destinée aux particuliers qui envoient leur ancienne voiture à la casse et achètent un véhicule peu polluant. Cette prime, cumulable avec le bonus écologique, s’élève à 2 500 € pour l’achat d’un véhicule électrique neuf. |
Texte : Max, complété par Alain Monnot